Ce monument, dont il ne reste aujourd'hui que quelques murs, nous a semblé mériter une recherche plus détaillée.
Il a fait, comme on le verra ici, l'objet en 2010 d'une étude archéologique par l'INRAP, dont nous pourrons tirer parti pour une description historique. Elle se poursuivra, dans le paragraphe 2, par une recherche sur ses propriétaires successifs, jusqu'à la fin du XIXème siècle.
Au début du XIXe siècle, le château (parcelle 129 ci-dessous) est parfaitement visible sur le cadastre "napoléonien" :
Emprises foncières :
AD90 3P 39, section D (1823)
Parcelles :
AD90 3P 6 (Tableaux indicatifs par sections des propriétaires et des propriétés, 1823-1826)
- 127 : grange (ultérieurement aussi une maison d'habitation)
- 128 : remise
- 129 : maison (le château) et cour (ultérieurement "sol")
- 130 : maison, raturé en jardin
- 131 : jardin (construction d'une maison en 1866).
En 1823, le propriétaire de ces parcelles est M. Denis Pierre Maulbon d'Arbaumont (cf. infra)
Une évocation du château apparaît dans (5), p. 318, sous la plume de Joseph d'Arbaumont :
C'était encore, à ce moment, une construction assez vaste et non sans élégance, assise, sur une légère éminence, au centre du village et conservant d'intéressants détails d'architecture du xvie siècle. L'enceinte, au reste peu développée, était autrefois gardée par quatre tours d'angles.
Des paysans habitant la vieille demeure se plurent à nous en faire les honneurs avec une politesse touchante et vraiment d'un autre âge, sans nous tenir quitte de la visite des caves et des greniers, dont le merveilleux état de conservation était pour eux, et à juste titre, l'objet d'une véritable admiration.
On nous expliqua l'ancienne destination de chacune des pièces et des moindres recoins du château. C'est ainsi que, sous des combles noircis et plusieurs fois séculaires, mais absolument intacts, on nous a fait voir un emplacement où s'étalait, lors de la vente du domaine, un monceau de vieux papiers. Comme nous nous inquiétions du sort qui avait pu leur être réservé, notre guide esquissa un grand geste vague, et nous ne pûmes que regretter vivement la vraisemblable disparition, à tout jamais, de beaucoup de documents intéressants pour l'histoire du pays.Texte
D'Arbaumont était surtout intéressé par les procès en sorcellerie, et ne nous donne malheureusement pas d'autres détails.
Nous le retrouverons ici.
Quelques éléments descriptifs transparaissent entre les lignes du renouvellement - augmentation de bail en 1786 pour Pierre Klopfenstein et sa femme Marie Engel (2E3 9), par François Meinrad Joseph de Barth, seigneur de Bourogne.
Le point qui intrigue est la mention de deux châteaux : le petit et le grand !
Douzième - les preneurs auront dans le château un logement pour eux et les leurs (...)
L'absence, pour cette époque, sur le site et sur le plan napoléonien d'une autre construction pouvant être identifiée à un château nous fait supposer que les "deux" châteaux sont en fait deux parties mitoyennes, plus ou moins indépendantes, d'une même construction. Quelles sont ces deux parties ?
La réponse réside probablement dans les conclusions de l'étude réalisée en 2010 par l'Inrap, sous la responsabilité de Mme Viscusi ; on en trouvera la notice ici : Valérie Viscusi, « Bourogne – 21 Rue Basse » [notice archéologique], ADLFI :
L’édifice du xvie s. se présentait sans doute à l’origine sous la forme d’un corps de logis en L auquel aurait pu être adossé plus tardivement une nouvelle aile [espace E du plan] dont la façade ouvre sur le village.
Plan du château au rez-de-chaussée, V. Viscusi, Inrap (2010)
On distingue bien sur ce plan les éléments visibles sur la gravure de Bardy, dessinée d'un point de vue situé dans l'angle supérieur du plan (de droite à gauche) :
- partie A : bâtiment à 3 niveaux, le plus bas étant une cave partiellement enterrée,
- escalier à vis, distribuant les 3 niveaux et reliant les parties A et B,
- façade ouest de la partie B, avec à l'angle nord-ouest l'oriel et son encorbellement mouluré,
- accessoirement, le mur de séparation avec la rue qui prolonge la (potentielle) partie E.
Nous revenons au paragraphe suivant sur l'identification du "petit" château.
Remarquons pour conclure qu'au regard de ce plan, le cadastre napoléonien apparaît très imprécis dans la figuration du bâtiment.
Il existe deux photographies (cartes postales) réalisées autour de 1900 que, dans la difficulté de déterminer les droits qui leur sont attachés, nous nous dispensons de faire figurer ici.
La carte postale 1 est visible sur le site de la commune de Bourogne. Elle est très similaire à la gravure de Bardy. La partie A parait encore en bon état, de même que l'oriel (les zigzags qui semblent parcourir le toit sont simplement des branches d'un arbre au premier plan).
La carte postale 2 est très intéressante car c'est la seule à figurer la façade orientale (vue de l'est, coté village) de l'édifice. Le grenier, où avaient été stockés les "vieux papiers" mentionnés par Joseph d'Arbaumont, est imposant. Mais, en dessous, le second étage semble déjà à l'abandon.
Surtout, on remarque, à droite, le haut de l'oriel. Cette façade ne peut donc être identifiée à celle de la partie "E", car, dans de cas, l'angle nord-est de la partie "C" masquerait l'oriel. Il s'agit donc vraisemblablement de la façade des sections "C" et "D", qui sont d'ailleurs les seules à avoir conservé des vestiges significatifs.
Ce qui nous amène par conséquent à conclure que la "partie E" n'a jamais été d'avantage que le mur de soutènement d'un enclos.
En définitive, il est probable que le "petit château" correspondait à la section "A", et que les sections "B", "C" et "D" constituaient le "grand château", laissé à la disposition du tenancier en l'absence presque constante du seigneur, comme nous le verrons plus loin.
Angle nord-est (crédit : A. Badertscher ©)
Angle nord-ouest, avec le contrefort et l'encorbellement mouluré de l'oriel d'angle (crédit : LISA ©)
Nous avons pu parcourir les ruines du château, avec l'aimable autorisation des propriétaires.
L'édifice est construit dans la pente d'une petite butte (ancienne motte castrale ?), actuellement entièrement végétalisée.
Les photographies ci-contre présentent les façades les mieux préservées du bâtiment actuel, correspondant aux parties B et C du plan archéologique.
La façade nord, sans doute d'origine dans sa partie inférieure d'environ 1 mètre d'épaisseur, est percée de trois ouvertures superposées : à la base, une porte en pierre de taille qui mène à la cave du bâtiment B, orientée nord-sud,. Juste au dessus, un orifice rectangulaire muni d'une ferrure forgée, qui donne sur l'étage principal (photo [1]).
La partie supérieure occidentale de la façade (espace B) a été reconstruite en pignon, comme son vis-à-vis au sud, et surmontée d'une toiture provisoire.
La troisième ouverture est un fenestron au sommet du pignon (photo [5]).
Le long du mur oriental de l'espace C (à ciel ouvert) a été aménagé un escalier en bois (moderne) pour donner accès à l'étage principal.
Ce mur, un peu avant le sommet de l'escalier, à environ 2 mètres du sol, est percé d'une ouverture dont manque le linteau (indiquée par un rectangle foncé sur le plan, voir photo [2]), qui était certainement une fenêtre, malheureusement masquée sur la carte postale 2.
Les sols des parties C et D sont entièrement affaissés et envahis de végétation.
Toutefois, ils offrent toujours un passage vers l'espace B.
L'espace B, dont la façade nord a été observée de l'extérieur, est le plus intact bien qu'une partie des murs soit des reconstructions.
On y pénètre par une petite porte dans son mur oriental (indiquée par un rectangle clair sur le plan, photo [3]).
Des débris de la structure originale s'amoncellent sur son sol.
La façade ouest (espace B) est partiellement conservée. Sa moitié sud est en partie écroulée.
De l'intérieur (photos [4] et [5]), rien ne permet de deviner l'oriel dont le contrefort et l'encorbellement sont les éléments les plus remarquables et les mieux conservés du château. Le contraste entre son bel appareil et le reste de la construction peut faire envisager un ajout tardif.
Le style du contrefort, et celui de l'oriel visible sur la gravure, ne paraissent pas dater de la période de construction initiale du château au XVIème siècle (ci-contre).
Juste à droite du contrefort s'ouvre une porte voutée (murée de briques, rectangle blanc sur le plan ci-dessous, photo [6]), qui mène aussi à la cave. Cette ouverture présentait la même apparence (murée) sur la gravure de Bardy.
Le plafond vouté de la cave est encore bien conservé (photo [7]).
La partie A est entièrement arasée.
De la tourelle de l'escalier à vis, il ne subsiste aujourd'hui quasiment rien.
Sur le plan (ci-dessous), le second rectangle blanc correspond à une autre ouverture, en grande partie enterrée, qui servait d'accès à la cave via l'escalier à vis.
Pour les 7 photographies ci-dessus, crédit LISA ©.
Dans l'article Familles et fermes anabaptistes, nous avions ébauché l'historique de la seigneurie de Bourogne.
Il est nécessaire ici d'exposer plus largement la généalogie des seigneurs de Bourogne (en gras dans l'arbre ci-dessous, depuis ~1580).
En voici un arbre simplifié :
Notes sur cet arbre :
- Marie de Brinighoffen (ligne 1) est une descendante (3ème ou 4ème génération ?) du fondateur de la lignée des Brinighoffen de Bourogne, Hamman Ier (~1460-1559), mais les sources sont approximatives et contradictoires.
- La filiation de Marie Françoise de Gohr (ligne 3) s'appuie sur l'assertion : "Marie-Françoise de Gohr, mariée à Jean-Richard de Neuenstein, la grand-mère de [Antoinette Maximilienne de Barille], fut aussi la tante de [Otton Louis] sieur de Brinighoffen" (1).
- Dans son testament, Otton Louis, sieur de Brinighoffen (ligne 4) offre en dot la seigneurie de Bourogne à sa petite-cousine Antoinette Maximilienne de Barille (ligne 5) (cf. infra).
Nous pourrons utiliser à l'appui de ces successions un document extrêmement intéressant : l'inventaire après décès de Marie Claudine Merlin de St-Didier, AD90 2E2 127 du 2 nivôse an 13 (2 janvier 1805).
Cet inventaire contient un compte-rendu d'un jugement du 25 brumaire an 11, auquel nous reviendrons plus loin. Ce compte-rendu a le grand avantage de fournir un résumé de l'historique de la seigneurie de Bourogne.
Il nous servira de fil rouge dans les deux paragraphes suivants.
Une phrase du compte-rendu de jugement dans l'inventaire mentionné ci-dessus en 2E2 127 nous fournit le point de départ de l'historique de la seigneurie :
Hamann (Hannemann) Ier de Brinighoffen
La famille de Brinighoffen est originaire du village éponyme (68081 Saint-Bernard), au nord d'Altkirch.
La littérature traitant de cette lignée noble (par exemple 1, repris par 2) reprend cette concession de Guillaume de Furstenberg (8).
Cependant, aucun texte n'évoque la charte établissant cette passation, ni ne mentionne l'origine de l'information, ni ne précise le motif de la donation.
Le seul élément concret (dans tous les sens du terme) dont on dispose en réalité sur Hamann Ier à Bourogne est sa pierre tombale en l'église du lieu, qui fournit la date de son décès (10 octobre 1559).
Hamann, vu la longévité de sa présence, a certainement construit un château sur la motte castrale du village. Celui-ci fut assurément fortement modifié, jusqu'à prendre l'apparence qu'il avait à la fin du XIXème siècle, tel que l'avons vu ci-dessus.
En passant plusieurs générations depuis le premier des Brinighoffen de Bourogne (détails disponibles dans les sources1 et 2), nous arrivons au dernier de la lignée, Otton-Louis. Sans oublier de noter que sa mère, Émérence de Gohr, décédée à Bourogne en 1680, repose aussi dans l'église, sa pierre tombale faisant face à celle d'Hamann Ier.
Otton-Louis de Brinighoffen
(superbe paraphe tiré de 1, non sourcé)
Avec Otton-Louis (Otto Ludwig), c'est la lignée des Brinighoffen de Bourogne qui s'éteint.
Né en 1670 et veuf depuis 1717, Otton-Louis n'a pas eu d'enfants. Dans les années 1730, sa petite cousine, Antoinette Maximilienne de Barille, est venue s'occuper de son ménage.
Aussi, pour la remercier, lorsqu'en 1738 celle-ci conclut un contrat de mariage avec son futur époux Nicolas-François Serpes de la Fage, Otton-Louis la dota de l'ensemble de la seigneurie de Bourogne, pour en jouir après le décès du testateur (AD68 CSA I17, d'après 1).
Plus tard, il s'établit à Strasbourg, où il décéda la 31 janvier 1751. Ses obsèques eurent lieu à la paroisse luthérienne du Temple-Neuf :
(...) verstorben der frey hochwohlgeboren herr Otto Ludwig von
Brinnigkofen, herr zu Bourogne undt andern Orten (...)
(...) décédé le noble sire Otto Ludwig von
Brinnigkofen, seigneur de Bourogne et autres lieux (...)
Deux ans auparavant, il avait établi un testament nommant quatre de ses proches comme héritiers universels, avec en tête son cousin germain Charles Joseph de Gohr, comme héritiers universels, mais où il léguait aussi en supplément à Antoinette Maximilienne ses troupeaux de moutons à Bourogne (2 les estime à 400 ou 500 têtes).
Antoinette Maximilienne de Barille
À partir d'ici, les seigneurs ou dames de Bourogne seront des officiers, leurs filles ou leurs épouses, soit pour l'empereur (de Barille), soit le roi de France, en poste en Alsace.
Antoinette Maximilienne, fille de François Louis de Barille, officier dans le régiment de cavalerie impériale de Lobkowicz, épouse le 13 janvier 1738 à Strasbourg M. Nicolas Serpes de la Fage, également militaire, mais au sein de la compagnie royale d'infanterie de Tallard. Otton-Louis, probablement résident de Strasbourg, assiste au mariage en tant que témoin. Le couple a donné naissance à au moins un enfant, Charles Gervais Henry.
Suite au décès de Nicolas de la Fage, Antoinette Maximilienne se remarie en 1760, dans la même église St-Pierre-le-Jeune, avec François Marie, chevalier puis comte de la Marck.
C'est Charles Gervais de la Fage, agissant soit au nom de sa mère, soit sur la base d'une dot qu'il aurait reçue, qui vend la seigneurie de Bourogne à M. Merlin de St-Didier, entre décembre 1767 et juillet 1768.
Bien que nous n'ayons pas de document officiel confirmant cette vente noble, qui aurait nécessité l'approbation des autorités supérieures pour être valide, les actes du tabellion de Bourogne (AD90 2E3 2) fournissent une preuve indirecte : jusqu'en décembre 1767, ils se réfèrent Mme de la Fage, et à partir de juillet 1768, à M. de St-Didier.
Suite du compte-rendu du jugement (inventaire en 2E2 127) :
Pierre Merlin de St-Didier
Pierre Merlin "paroissien de la Coste St-André en Dauphiné" (38130 La Côte-Saint-André), épouse le 13 février 1753 à Nancy (AM, GG 52, vue 139, lien non disponible) Marie Françoise Madeleine Dalmas, de Nancy.
Il est militaire et deviendra commandant de la place d'Haguenau.
Ils auront deux enfants, Jean Benoît (dit plus tard "de Louvat"), né à Nancy, puis Marie Claudine à Haguenau, le 27 juin 1763.
Un écho de son achat de la seigneurie de Bourogne était apparu ici, dans notre article sur les fermes anabaptistes.
Marie Claudine n'avait que 9 ans au décès de son père en 1772. Et (5) précise que les deux enfants, héritiers de la seigneurie, sont confiés à leur oncle (Jean) Merlin du Mollard (6).
Marie Claudine épousera François Meinrad Joseph de Barth le 1er septembre 1781 à Haguenau.
Marie Claudine Merlin de St-Didier et François Meinrad Joseph de Barth
De Barth et son père, sont, comme St-Didier, des officiers en poste en Alsace, ceux-là à Munster.
À son mariage, Marie Claudine est dite toparcha in Bourogne, qui peut se traduire par dame "à" Bourogne.
Ici intervient un dernier extrait du compte-rendu du jugement (inventaire en 2E2 127) :
Là encore, la charte de mutation seigneuriale fait défaut.
Comme les précédents, le couple seigneurial ne dut guère résider à Bourogne, avant la Révolution, car ses deux filles, Adelphine et Marie Sophie Victoire naquirent à Haguenau et Munster.
La situation de la famille de Barth et de ses biens durant la période révolutionnaire mériterait un chapitre complet, si l'accès aux documents était possible.
En l'absence de ceux-ci, essayons de synthétiser les différentes sources disponibles.
Les sources (2) et (3) indiquent que de Barth a été inscrit par erreur sur la liste des émigrés du Haut-Rhin, suite à dénonciation du district. La source (2) ajoute qu'il s'est adressé au comité révolutionnaire le 22 frimaire an II, fournissant deux certificats de résidence : l'un daté du 22 février 1793 à Paris, et l'autre du 29 août à Strasbourg.
Pour ce qui nous intéresse principalement, (2) note que "L'autorisation de jouir de ses biens séquestrés à Bourogne date du 14 floréal an 2".
Pour la suite, (3) paraît plus factuel (mais en contradiction néanmoins avec les informations précédentes) en indiquant qu'en 1797 (4 vendémiaire an VI) de Barth s'est réfugié à Soleure, puis à Lörrach et enfin en Autriche ; avant de revenir en France grâce à l'intervention des députés du Haut-Rhin et de s'établir à Bermont.
Toutefois, il n'a été rayé de la liste des émigrés que le 6 brumaire an X (28 octobre 1801).
Quant à (5), il offre une narration plus romanesque des événements :
Ses terres furent d'abord, à la Révolution, mises sous séquestre (...), mais on les lui rendit peu après sur une pétition des habitants de Bourogne, démarche peu banale à ces époques troublées et, à coup sûr, toute à l'honneur à la fois de ceux qui l'osaient faire et de celui qui devait en bénéficier.
La commune de Bourogne n'accueillit pas très favorablement les tentatives de son ancien seigneur de recouvrer ses anciennes propriétés foncières. Voici le résumé de la procédure qu'elle lui intenta en l'an XI (1803) :
En cette période post-révolutionnaire, la famille s'installe non loin de Bourogne : à Grandvillars où Marie Claudine décède en 1804 (14 brumaire an XIII) ; c'est sa belle-sœur Marie Julienne (de) Barth, qui déclare le décès.
Le 25 juin 1811, au mariage de sa fille cadette, François Meinrad est dit propriétaire à Bourogne, où réside la mariée. Elle épouse Denis Pierre Maulbon, ingénieur au canal Napoléon, alors domicilié à Lutran.
Un contrat de mariage avait été établi la veille (ADTB 2E1 386), instaurant de nombreuses dotations de la part de chacune des parties. Il stipule en particulier que Mademoiselle de Barth se constitue en dot (...) la moitié qui lui appartient dans la succession de madame sa mère. (7)
L'aînée, Adelphine, restera célibataire et résidera la plupart du temps avec la famille de sa sœur, y compris après le décès de celle-ci.
Adelphine Marie Thérèse, Marie Sophie Victoire de Barth et Denis Pierre Maulbon d'Arbaumont
La propriété du château et des parcelles voisines à Denis Pierre Maulbon, son épouse et sa belle-sœur, de 1827 à 1847 est visible dans la matrice cadastrale 1825-1831 de la commune de Bourogne (AD90 3P 231), qui succède à celle mentionnée au 1-2 :
L'intitulé initial du folio est "Mlle de Barth Marie Thérèse et de Barth Victoire épouse de Mr. Maulbon d'Arbaumont".
Il est ensuite modifié en "de Barth, Adelphine, Marie Thérèse et M. Denis Pierre Maulbon d'Arbaumont". Cette correction a été logiquement faite après le décès de Marie Sophie Victoire en 1845.
Peu de temps (1846) après ce décès, Adelphine et son beau-frère Maulbon se sépareront définitivement de leurs biens à Bourogne, mettant fin à plusieurs siècles de possession par les familles seigneuriales et leurs héritiers.
Notons cependant que Joseph (Maulbon) d'Arbaumont, auteur de l'article 5, n'est autre que le petit-fils (1848-1929) de Marie Sophie Victoire de Barth et Denis Pierre Maulbon ; il le révèle quelque peu en écrivant "Attiré dans la région par des souvenirs de famille ...".
Le 18 mars 1846, la famille Maulbon d'Arbaumont - de Barth se sépare, pour 14 000 francs, du domaine du château de Bourogne (AD90 2E6 35).
Les vendeurs sont Denis-Pierre Maulbon, sa belle-sœur Adelphine-Marie-Thérèse de Barth, et 4 enfants du premier, Louis-Joseph-Édouard, Henriette-Élisabeth-Joséphine épouse Boussey, Louis-Joseph-Nicolas et Marie-Victoire-Élisabeth Maulbon-d'Arbaumont, comme héritiers de leur mère défunte, ainsi que Jean-Nicolas-Marie-Marguerite Maulbon-d'Arbaumont, frère de Denis-Pierre.
L'acquéreur est Louis Valbert, maréchal-ferrant domicilié à Bourogne.
Les biens vendus consistent en :
Outre le "corps de logis", les bâtiments cités sont ceux représentés sur le plan napoléonien.
Au paragraphe origine de la propriété sont, en plus des vendeurs, mentionnés les trois autres enfants, Pierre-Adolphe-Auguste, dame Lemarquis (Marie--Sophie-Louise Maulbon d'Arbaumont) et Marie-Louise-Élisabeth Maulbon-d'Arbaumont, frère et sœurs, qui peuvent avoir cédé leur part à leur oncle Jean-Nicolas Maulbon.
Suite à cette acquisition, la propriété demeurera plusieurs décennies dans la famille Valbert. Après le décès de Louis Valbert (1868), la matrice cadastrale 3P 233 enregistre les parcelles 125 à 131 aux noms de :
- Pierre, Jean François, Joseph, Catherine et Marie-Anne Valbert, qui sont des enfants de Louis, jusqu'en 1871 (la grange de la parcelle 127 est mentionnée démolie en 1868),
- François Valbert, l'un d'eux, de 1871 à 1882 pour le château, et à 1888 pour les autres parcelles.
La matrice cadastrale 3P 234 enregistre ensuite les mêmes parcelles aux noms de :
- François-Xavier Valbert, fils de Xavier, et consorts, de 1888 à 1895.
François-Xavier Valbert est un neveu de Louis Valbert.
Nous n'avons pas poursuivi notre recherche au delà.
Voici la frise des propriétaires successifs du château de Bourogne, jusqu'en 1895 :
Nous adressons nos sincères remerciements aux propriétaires actuels pour leur accueil chaleureux et leur contribution à notre article, ainsi qu'à Mme Valérie Viscusi, archéologue spécialiste de l’archéologie du bâti à l’Inrap, pour nous avoir autorisés à utiliser son travail.
N.B. Si vous souhaitez partager des informations sur l'histoire plus récente de ce bâtiment, veuillez nous contacter en vous reportant à la dernière ligne de cette page. Merci.
Claus est le fils, né vers 1765, de Peter Klopfenstein, l'ancien tenancier du château et de la seigneurie de Bourogne (décédé en 1811). Et, de même, un Klopfenstein signe (en français) au bas du contrat de mariage.
Et nous retrouvons les Valbert dans le paragraphe 2-3.
Bonne décédée en 1515, son mari reprit ses activités de chef de guerre, principalement au service de François Ier.
Hamann de Brinighoffen était quant à lui plutôt un administrateur, au service des Habsbourg et des Wurtemberg-Montbéliard.