Les affaires jugées en la basse justice de la seigneurie de Montreux
(-Château) ne sont pas toujours d'un intérêt grandiose ;
elles présentent en revanche un attrait anecdotique fréquent ;
ainsi celle qui suit, transcrite dans la langue d'origine (conseil : lire à
haute voix).
Les circonstances sont les suivantes : en l'an 1662, Jean Francheré, maire de Chavannes, accuse son concitoyen Girard Thébaux de graves injures le visant, lui et ses ancêtres.
On lira en particulier les paragraphes 3 et 4.
Malheureusement ce rapport est sur une feuille volante et la suite n'a pas été
trouvée.
Instruction et rapport tiré hors du livre de la Justice inférieure de Monstreux sur les différens entre Jean Francheré maire a Chavan sur Lestan et Girar Thiebaux bourgeois illic (0) En la cause de Jean Francheré maire a Chavan sur Lestan acteur contre Girar Thiebaux dudit lieu desfendeur comparant ledit Francheré devent Adam Beura bastonier et tenent Septre de la justice inférieure de Monstreux et les Sieurs Juges dicelle, lexercent au non du sgr. dudit lieu le 24 8bre. 1662 et at fait demende a Girar Thiebaux quil aye a lui confesser si pas en fasse de toute la commune dudit Chavan et en son absence il naye pas dit que luy Francheré estoit un pariure (1) et meschand homme, ce que desfendeur ayant advoué a la fin cet submis (2) a luy en faire reparation d'honneur selon les coustumes du lieu. Girar Thiebaux enescontre comparoisant demende a Jean Francheré reparation d'honneur de l'avoir iniuriez, disant quil avoit dit quil estoit de race de sorciere, et mesme toute sa generation et sa grand mère estoit esté bruslez Francheré ce submet a deditte (3)
et reparation d'honneur, Girar Thiebaux ne le veult recevoir que pour
sa personne, disant que sa grand mère et nation ou
generation (4) ne sont pas sa personne, ains
(5) personnes separées et mortes quil
ne le recevrat qua condition que Francheré alle sur
la fasse des morts (6) leur crier mercy de
facon en telle cas requise (7) Girar Thiebaux insiste davantage et dit que le mesme Francheré
at dit et proferé publicquement que luy Girar Thiebaux avoit les
ennemis d'en le corps, mesme que ses enfens propres disoient ouvertement,
que le pere se plaignoit qu'il les avoit parfois dans un menbre, tantost
dans l'aultre, dont quil ny avoit guerre d'estime en luy |
(0) du même lieu |
Toutefois, la condamnation figure sur un autre billet : vu "l'atrocité" des injures (par ailleurs "révoquées" par les parties), après avis de Louis Finck, ancien bâtonnier (juge présidant les audiences), chacun des protagonistes est condamné à 10£ d'amende (ce qui représente une somme respectable à l'époque).