Obituaire

Obiit messire Jehan dou Chestel qui fut curier de seant...

Par LISA
Archive : 1G 26
Un obituaire est un dispositif destiné à fournir aux officiants une table des messes anniversaires (obits) de l'année.

Ceux qui nous sont parvenus sont, la plupart du temps, des registres. Mais il existe d'autres exemples, comme ce tableau dans l'église Saint-Nicolas de La Croix-aux-Mines (Vosges), en bois peint, du XVIIIème siècle.

Tableau des obits, Ji-Elle, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


Le document qui nous intéresse ici, conservé aux AD90 dans la section 1G (chapitre collégial de Belfort), sous la cote 1G 26, est formé de 4 fascicules.
Le plus ancien (1G 26/1), contient 438 pages (mais les 23 premières sont manquantes, ainsi que plusieurs autres, à la fin, dont certains "gros anniversaires"), le suivant, datant du XVIIème siècle, environ 80, le troisième, du XVIIème ou XVIIIème, 34, et le dernier, aussi du XVIIIème siècle, moins de 20. Les second et troisième registres se recoupent largement.

Le premier registre, que nous étudions principalement ici, est le plus intéressant.
Les actes qui le composent (fondations d'anniversaires) contiennent en effet de nombreuses informations, et il a surtout l'avantage d'ouvrir une fenêtre sur une période pour laquelle nous disposons de très peu d'archives belfortaine : le XVème siècle ; il présente toutefois, aux yeux de l'amateur d'histoire ou de généalogie un inconvénient important : les dates de décès ou de fondations ne sont en général pas indiquées. Nous approfondissons plus loin cette question.

1. La rente obituaire

Une église, pour permettre à ses officiants d’œuvrer au bénéfice des fidèles, a toujours besoin de disposer de ressources financières.

L'église catholique, pendant des siècles, a mis en place de nombreux dispositifs lui permettant une large autonomie, voire, dans certains cas, et pour certaines des structures qui lui furent rattachées, l'acquisition d'importantes fortunes.

Dans le cas qui nous intéresse, la fondation d'une messe anniversaire s'accompagnait d'une donation (en général modeste) au chapitre collégial de Belfort, à destination des futurs officiants. Celle-ci était parfois un bien (foncier ou immobilier) (1)(4), mais la plupart du temps, la fondation était dotée d'une rente (ou cens) perpétuelle, ou d'une somme destinée à en acquérir une (ce qui n'était pas toujours fait, comme on le verra).

On doit évoquer la question de la rente sous l'ancien régime :
Une rente annuelle est une somme d'argent fixe que le bénéficiaire perçoit chaque année ; elle est nécessairement garantie par (on dit "assignée sur") un bien foncier ou immobilier, dont la valeur est ainsi grevée. Le tenancier (propriétaire ou non) de ce bien est tenu de verser chaque année la rente fixée.
Le bénéficiaire de la rente (crédirentier) ne peut exiger le remboursement du principal. En revanche, si la rente n'est pas versée, il peut recourir à des mesures exécutoires sur le bien (assignat), ou sur ceux du tenancier.
Ainsi, c'est l'assignat qui garantit la rente, et son détenteur qui en est obligé.

Apport d'une rente

Pour qu'un anniversaire soit célébré perpétuellement, il est nécessaire que lui soit associé une rente elle aussi perpétuelle assurant la rétribution des officiants. Les actes constituant le 1G 26, ont ainsi principalement pour objet de répertorier par jour de l'année les anniversaires à "dire" et, surtout la rente associée à chacun.

Le modèle standard de ces actes est donc :
"Obiit X qui a donné pour son anniversaire n sols bâlois de rente assignée sur son champ sis à ..., entre ... et ..., que tient Y."

Mais, au fil du temps, le tenancier du bien change (vente, succession). D'où la nécessité, pour le bénéficiaire de la rente, de conserver trace de la dévolution des biens, c'est à dire du propriétaire ou tenancier effectif de l'assignat. Dans la pratique, on constate que les tenanciers successifs sont rarement les descendants directs du défunt. D'autant que, par définition, l'assignat de la rente obituaire est immédiatement soumis à succession, donc à changement de main. 
Notons bien qu'au moment de la première édition du document, certaines fondations ont déjà près d'un siècle ; le rédacteur a dû donc déjà rechercher des traces, plus ou moins fiables, des débiteurs, parmi des pièces, lettres, "papiers", comptes, que l'on imagine assez épars.
La difficulté est accrue du problème récurrent de tout acte foncier dans l'ancien régime : l'absence de cadastre. Il faut donc, pour chaque pièce de terre, décrire le plus précisément possible les "confronts", i.e. les tenanciers des terres périphériques. Sachant évidemment que, pour celles-là aussi, les tenanciers changent...

Ensuite, idéalement, le document devait faire l'objet d'un suivi rigoureux, les scribes successifs s'astreignant à noter les tenanciers-débiteurs successifs. Voir le chapitre suivant.

Apport d'un capital ou d'une dette active

Souvent, comme dit en introduction, le fondateur n'apporte pas une rente, mais une somme destinée à servir de principal d'une rente :

"Obiit X qui a donné pour son anniversaire 40 sols bâlois pour une fois pour acheter cens perpétuel".

  • Cette somme est parfois effectivement remise au receveur du chapitre. Dans ce cas, elle est rarement convertie en cens, mais au contraire dépensée par le chapitre pour divers besoins. Dans ce cas, c'est le chapitre lui-même qui est débiteur (on trouve parfois la mention "Dz cam : debet(z) canonicum").
    Dans certains cas c'est le receveur lui-même qui apparaît comme débiteur de la fondation, à l'issue de son rest de compte.
  • Mais il peut aussi s'agir d'une dette active dont le fondateur était titulaire. Il appartient alors au scribe de bien déterminer, comme dans le premier cas, le débiteur et, si possible, de retrouver une trace écrite de son obligation.
    On a alors typiquement une rédaction du type :
    "... lesquels 40 sols Y a avec de l'autre argent et en est obligé en notre papier par Z en l'an ...".
    Le suivi ultérieur est ensuite similaire à celui de la rente.

Voir ci-dessous des exemples de ces situations.

Questions d'argent

Plus la fondation est ancienne, plus le suivi de la dette est difficile pour le scribe.

S'il ne peut retrouver le bien donné, ou la pièce de terre sur laquelle la rente reposait, ou son porteur, il est impossible de déterminer qui est redevable de la fondation, qui est donc déclarée vacante en tout ou partie.
L’exemple le plus éloquent se trouve à la page 338 :
Obiit Audate la Boutouse qui ait donné pour son anniversaire xx sols « dit Stebler (?) » pour aicheter cens perpetuel, lesquel xx sols sont perdus, ne savons comment quar se n’est point de notre temps, et pour ce vacat.
Il est d’ailleurs suivi d’un autre où le rédacteur a manifestement aussi jeté l’éponge :
Obiit Perrine femme Vuillemin le Berbier qui ait donné pour son anniversaire xii deniers de rente assis ne savons sur quoy, et pour ce vacat.

Parfois, si le débiteur d’une rente est bien identifié, la somme qu’il paye est différente de celle déclarée au moment de la fondation (en générale inférieure) : par exemple, Vyenat dit Chappuis a renté son pré pour 2 sols (24 deniers), mais Jean Viron qui le tient au moment de la rédaction du registre n’a jamais payé plus de 18 deniers.
Comme l’usage l’emportait, cette dernière somme est entérinée.

L’argent liquide était rare à l’époque ; de plus, la valeur des pièces de monnaie était souvent soumise à contestation. On constate donc que les paiements se font souvent sous forme de cession de dettes (mais, après tout, dans le monde moderne, on ne fait aussi qu’échanger des créances sur les banques centrales), ou de rentes.

Parfois, la situation obligataire décrite dans certains actes est assez inextricable ; pour exemple, à la page 361 :
« … ont donné 5 sols d’annuelle rente assise sur leur pré de Vaulx, lequel 5 sols ont été rent (rentés) de la somme de 5 livres bâloises lesquelles sont comprises en la somme que le chapitre a sur le chesal Dame Grant … »
Qui doit quoi ? comment la rente d’une terre peut-elle faire partie de la rente d’une autre... ?

Cas particuliers

Parfois, les dons ne consistent pas en des rentes, terres, obligations ou liquidités ; on trouve ainsi :

  • Jean de Montron curé de Vézelois qui donne entre autres un bichat de blé (annuellement),
  • Beliat de Chaux donne entre autres une géline (annuellement),
  • Jean Varnier (ci-dessous) donne des ornements sacerdotaux,
  • Hans Malegarde, bourgeois de Belfort donne « plusieurs reliques de corps saints qui sont en l’église » ; leur valeur et la rente due ne sont pas précisées,
  • Jeannette femme de Jean Texerant d’Urcerey a sans doute peu de biens, car elle donne… son lit, qui est placé en la maison des choriaux (enfants de chœur chantant à l'office) où, malheureusement, il brûle lors de l’incendie de Belfort (date non précisée).
2. Évolution du registre

Dans ce registre, une ou plusieurs pages (jusqu'à 4) sont consacrées à un jour donné (choisi par le fondateur ou ses héritiers). 

La réalisation et la tenue d'un tel registre étaient donc particulièrement complexe ; elles cumulaient des difficultés :

  • comme pour les rentiers (ou urbaires,ou terriers) il s'est agit, pour le premier rédacteur, de récolter un ensemble de données, parfois anciennes (voir plus loin), qu'on peut imaginer dispersées sur de nombreux documents,
  • ce document ayant un but comptable, sa mise à jour systématique était nécessaire, donc il importait de réserver de la place pour les ajouts ultérieurs,
  • de plus, il fallait également en prévoir pour de nouveaux anniversaires, à la même date, ou entre deux dates. Pour permettre de compléter le registre, et d'éviter des insertions en marge, les inscriptions initiales étaient donc très espacées.

On distingue dans la page ci-dessous 4 lettrines O, plus ou moins ornées, indiquant, sinon 4 copistes différents, au moins 4 périodes différentes d'inscriptions de fondations (la 1ère étant due au rédacteur initial) :

Le mois est inscrit en latin en haut de chaque page : ici Mayus (mai). Le jour est mentionné en chiffres arabes dans la marge supérieure gauche (ici : 4, ou 5 ?) ; on peut s'étonner que sa mention soit si discrète, et ne soit pas en chiffres romains (contrairement au numéro de double page : ici iiiixx xvii -97-).

Comme souvent dans ce type de registre, le premier copiste délivre une rédaction uniforme et soignée. Les suivants (sur un laps de temps de quelques décennies) rédigent les mutations ou rachats successifs. Le soin a alors tendance à se dégrader, les abréviations se multiplier, l'encre se détériorer...

Ajouts

Voici un exemple (mois de mars) -pour cette première transcription, nous indiquons entre parenthèses les portions abrégées- :

Obiit Vyate fem(m)e Moillesalz q(ui) ait don(né) pour elle et p(our) Aira(m)bour
sa suer une hoiche seant p(rè)s de la Chaippellate de Braces, [le] le cha(m)ps
de la chappelle N(ot)re Dame de Bracres q(ue) mess(ir)e Aymé de Ba(n)veli(er) tient
d'une p(ar)t, et l'oiche de l'a(n)niv(er)s(aire) mo(n)s(ieur) Othe Symoi(n)ne d'ault(re) p(ar)t, laquelle
hoiche P(er)r(in) (Con)gat tient, et est baigier (?) avec l'oiche de l'a(n)niv(er)s(aire)
doudit mess(ire) Othe Symoi(n)ne ; a(n)no ?c lx le tient
Girardat filz Henryon le Menestré de D(en)ney p(ar) le t(er)me de x ans
tz Jo(hannes) Estroitat  ; tz Verelin Piez de Velx ; tz modo la ville an ... xiiii.
Obiit Vyate femme Moillesalz qui a donné, pour elle et pour Airembour
sa sœur, une hoiche sise près de la chapelatte de Brasse, le champ
de la chapelle Notre-Dame de Brasse que messire Aymé de Bavilliers tient
d'une part, et l'hoiche de l'anniversaire de monsieur Othe Symoinne d'aultre part,
laquelle hoiche tient Perrin Congat, et est baigiée avec l'hoiche de l'anniversaire
dudit messire Othe Symoinne ; [ultérieurement] en l'an 1460 le tient
Girardat fils Henryon le Menestré de Denney pour le terme de 10 ans
tz. Jean Estroitat ; [ultérieurement] tz. Verelin Piez de Velx ; [ultérieurement] tz. modo la ville an 1514.


Nous avons là cas 3 ajouts, qui se distinguent assez bien par l'écriture et l'encre. On a donc pour cet assignat (un champ et une hoiche) 4 tenanciers successifs : Perrin Congat, Girardat fils Henryon le Menestré, Jean Estroitat, et la ville. 
L'abréviation tz. est probablement celle de tenetz = tenet (tient), donc désigne le tenancier-débiteur.

Un autre exemple d'ajouts, avec une dernière mention très postérieure (XVIème siècle) :

(...) d'aultre part ; dz les hoirs Rechert Prevost lesdits ii sols ; dz. messire Hugue
Cherduillat qui ait acquis ledit chesal ; dz. Jehan Prevost ; dz. Genin Prevostat
courduannier qui a fait une maison sur ledit chesaulx.
Redemerunt messieurs les bourgeois ... Jehan Perrin Vuillemin de Chevremont maistre
bourgeois de ceste presente année, lesquelxdits sieurs bourgeois avoyent vendu
le chesault audit Genin Prevostat, faict le iiiè jour de mars l'an
mil vc xxviii selon le style de Besançon (...)
(...) d'aultre part ; dz. les hoirs Rechert Prevost lesdits 2 sols ; dz. messire Hugues
Cherduillat qui a acquis ledit chesal ; dz. Jehan Prevost ; dz. Genin Prevostat
cordonnier qui a fait une maison sur ledit chesal.
Redemerunt messieurs les bourgeois ... Jehan Perrin Vuillemin de Chèvremont maître
bourgeois de cette présente année, lesquels sieurs bourgeois avaient vendu
le chesal audit Genin Prevostat, fait le 3 mars
1529 [nouveau style] (...)


On rencontre ici deux autres termes latins récurrents dans ce document : l'abréviation dz. qui correspond probablement à debetz = debet (doit), donc ayant quasiment la même valeur que le tz., et le verbe redimere : racheter, ou rembourser (on rachète une dette en la remboursant).
Dans ce cas, la succession des dévolutions de l'assignat est particulièrement complexe.

Apport d'une somme destinée à acheter un cens

À présent, des exemples d'une situation fréquente, déjà vue plus haut, où un capital est remis au chapitre.

Ici, le capital a été dépensé :

Obiit Jehan Tournier des Vectes lequel ait donné xx solz pour
une fois pour son anniversaire pour achetez cens perpetuelle
lesquelx chaipitre ait receu par le compte de messire
Claude nostre prevost de l'an lxvi et en ait fait mission
pour l'esglise comme y appert par son rest de compte.
Obiit Jean Tournier d'Evette lequel a donné 20 sols pour 
une fois pour son anniversaire, pour acheter un cens perpétuel,
lequel a été reçu par le chapitre, d'après le compte de messire
Claude notre prévôt en l'an 1466, qui l'a dépensé
pour l'église, comme il appert par le reliquat de son compte.


Cas où le don d'une somme "pour une fois" conduit à une situation obligataire :

Obiit Vuillemot Henry et Jehannete sa femme qui noz ont donné pour
leur anniversaire xl solz pour acheté cens, lesquelx lx solz Guillaume
Morelet de Dampiustin doit obligation en nostre paipier avec
de l'autre argent, par Claude Caignot, sur le xviii jour de mars
l'an mil iiiic lxxiiii
Obiit Vuillemot Henry et Jeannette sa femme qui nous ont donné pour
leur anniversaire 40 sols pour acheter un cens, lesquels 40 sols sont dus,
sous forme d'une obligation, avec de l'autre argent, par Guillaume
Morelet de Danjoutin, selon en notre papier par Claude Caignot, le 18 mars
l'an 1475 (n. st.)


Le rédacteur mentionne fréquemment le nom du comptable du chapitre, auteur de sa source documentaire.

Notons à ce propos qu'il apparaît dans ces exemples des comptes du chapitre une assimilation entre les crédits-débits du compte et ceux du comptable (7) :

Obiit Perrenat Miron de Rougegote & Katherine sa
fome que nous ont doner pour leur anniversaire pour une
fois xx sols pour acheter cens perpetuel les quel messire
Jehan Noirat ait recephus & les doit selon son redecomte
de l'an lxx
Obiit Perrenat Miron de Rougegoutte et Catherine sa
femme qui nous ont donné pour leur anniversire pour une
fois 20 sols pour acheter un cens perpétuel que messire
Jean Noirat a reçus et qu'il doit selon son reliquat de compte
de 1470
3. Difficultés de datation

Au cours du dépouillement de cette archive, nous avons été confrontés à des difficultés sur deux aspects, au delà d'une lecture parfois ardue. Le premier concerne la datation de l'acte. Le second fait l'objet du paragraphe suivant.

L'historien ou l'amateur souhaite toujours connaître la date d'un acte : soit la date de l'événement évoqué, soit, par défaut, celle où l'acte a été rédigé. Dans les archives de l'état-civil, ces dates sont quasi identiques, mais ici, on en est très loin.

Datation des actes

Le registre (du moins dans la partie qui a été conservée) n'est pas daté. La rédaction initiale résulte d'une synthèse de diverses sources alors disponibles, parfois déjà anciennes. Nous pouvons donc considérer que les dates citées par cette première main représentent des minorants (on nous excusera cette terminologie mathématique) de la date de rédaction.
Les mentions et actes postérieurs (quelques uns sont dus au premier rédacteur, le reste à au moins deux autres) sont en revanche souvent proches des dates des documents qu'elles citent (comptes, papiers). En principe, ces papiers n'étaient pas disponibles lors de la rédaction initiale, donc devraient constituer des majorants de la date de celle-ci ; parfois, cependant, des documents plus anciens ont été retrouvés postérieurement à la première rédaction.

Sur le premier point (actes antérieurs à la première rédaction), l'une des dates les plus tardives est fournie par l'obit de Jean dit le Valerait et Alix sa femme : le "samedi après la Purification Notre-Dame de l'an 1461" ; il s'agit, dans le "nouveau style", du 6 février 1462.

Sur le second point (acte et mentions postérieurs), on trouve quelques dates de la décennie 1460, et beaucoup des années 1470 et suivantes.

Nous en conclurons que la première rédaction de l'obituaire est datable de la décennie 1460, peut-être autour de 1462.

À une extrémité, les dates les plus anciennes citées par la "première main" remontent au milieu du XIVème siècle ; elles sont contemporaines à l'événement le plus ancien, présenté ci-dessous.

À l'opposé, la mention du paragraphe précédent (1529) figure parmi les plus tardives, et elle est atypique, car son auteur est un greffier de la ville.

Datation des événements ?

En parlant d'événement retracé par un obit, on pense évidemment d'abord au décès du bénéficiaire, et, à défaut, de la fondation de l'anniversaire. Déception : aucune des deux, ou presque, n'est fournie dans ce registre.
Les seules dates indiquées sont soit des années de compte, soit (parfois avec précision) des "papiers", ou des "lettres" d'un chanoine, ou d'un greffier, concernant un assignat ou un autre engagement.

Exceptionnellement, quelques dates de fondations sont fournies (8) ; mais les seules dates de décès trouvées dans le 1g26-1 (il y en a un peu plus dans le 1g26-3) concernent la dame fondatrice et deux de ses filles.

Obiit noble et puissante dame madame Jehanne de
Montbeliart et marquisse de Baude, contesse de Cachenellenbogne
notre fondatrice qui trespasset le jour de la saint Ypolite l'an
notre seigneur courant mil iiic xlix
Obiit noble et puissante dame madame Jeanne de
Montbéliard et marquise de Bade, comtesse de Katzenelnbogen
notre fondatrice qui trépassa le jour de la saint Hippolyte (22 août) en l'an
1349

Les obits de Marguerite et Alix de Bade, respectivement en 1366 et 1370, seront exposés dans l'article "Figures belfortaines de la fin du moyen-âge dans l'obituaire 1G26" qui suit celui-ci.

On l'a compris, ces dates n'ont que peu de valeur pour l'histoire des individus : au mieux, elles fourniront un majorant (souvent large) de l'année de la fondation, censément proche de celle du décès. Mais elles peuvent aussi précéder celle-ci, s'il s'agit par exemple d'une dette remise en dotation.
Malgré ces incertitudes, lorsqu'un document cité, comme par exemple la première assignation de la rente mentionnée, est potentiellement contemporain du décès du fondateur, nous avons saisi l'année pour date de l'acte (9). Dans les autres cas, les plus fréquents, nous nous sommes abstenus de saisir une date ; l'acte apparaîtra donc comme "non daté".

4. Dévolution des patronymes, difficultés généalogiques

Le dépouilleur rencontre une autre difficulté, qui vaut pour toutes les archives antérieures au XVIème siècle, et il ne s’atténue que progressivement après 1500 : l'absence de certitudes patronymiques.

Rappelons qu'au haut Moyen-Âge, les personnes, dans nos contrées, étaient désignées par un simple nom (qu'on verrait de nos jours comme un prénom) ; pendant longtemps, dans un village, le faible nombre d'habitants et la diversité des (pré)noms, dont la majorité étaient issus des cultures germaniques, permirent d'éviter les homonymies.
Puis l'effectif des villageois s'accrut, tandis que le corpus des (pré)noms se réduisait considérablement, se concentrant sur ceux de quelques saints (ici, les Jean et Jeannette sont une forte majorité).
Il devint donc nécessaire d'adjoindre un surnom au nom ; celui-ci était lié à la profession, à des caractéristiques physiques, à un lieu de résidence, présent ou antérieur, ou encore était le (pré)nom d'un ascendant.

Progressivement les surnoms se transmirent du père au fils, sur quelques générations. C'est à ce stade que se situent les archives dont nous parlons. Un peu plus tard, ils se stabiliseront définitivement ; on les appellera alors "patronymes".

Pour exemple, dans le premier acte de cette page, le fondateur est Vuillaume dit Marcoulz. Marcoulz est encore un surnom.
Dans le suivant, c'est messire Jehan Henry frere doudit Vuillaume Marcoulz. Ici, Marcoulz apparaît d'avantage comme un proto-patronyme (le clerc a sans doute recopié à l'identique le contenu des écrits dont il disposait).

En attendant, pour le dépouilleur, il n'est pas toujours facile de choisir dans quelle case saisir le ou les éléments d'identités mentionnés dans un acte : nom, prénom, surnom, voire profession, résidence ou origine ?...

Or, la pratique de l'histoire des familles s'appuie fortement sur les patronymes.
On est donc confronté à un dilemme : pour permettre des recherches plus structurées, donner priorité à la case "patronyme", lorsqu'une interprétation en ce sens est plausible. Ou chercher à coller aux usages de l'époque, que l'on cherche à deviner en arrière-plan.
C'est, dans la pratique, la première option que nous avons prioritairement choisie. Y compris d'ailleurs pour les cas rencontrés ci-dessus (X dit Y).

Plus l'acte est ancien, plus le problème est général. Voici quelques cas typiques :

  • Les plus simples sont ceux où le surnom "patronymique" est absent.

C'est presque toujours le cas pour les femmes, avec, rarement, un surnom, commençant souvent par "la", qui au moins dans un cas est une adaptation de celui du père : Poinceate la Quamuse est la fille du Camus de Montbéliard, et Bietrix la Camuse est aussi fille du Camus (plus original, à Chèvremont, on a un Thierry, fils la Camuse)

Les hommes sont aussi (mais, en proportion, beaucoup moins) concernés par l'absence de tout surnom ; par exemple : 

Obiit Marendey que ait donné...
Vu la singularité du nom, on peut se demander si cet individu avait un "pré"nom. Et pourquoi celui-ci ne serait pas mentionné. Nous hésitons d'autant moins à le saisir comme patronyme. Quitte à ne mentionner aucun prénom.

Un exemple un peu différent, plus difficile à gérer  :

Obiit Vuillemin gen(d)re à Tullot et Girard son fils qui ...
Triple problème : patronymes du gendre, de son fils, et du beau-père ? Pour le beau-père, guère de scrupules à voir Tullot comme un patronyme, mais pour le fils, c'est impossible (voir ci-dessous la question des filiations) ; pour son père, choix cornélien. Finalement nous avons saisi Vuillemin et Girard comme des prénoms, sans patronymes.

  • Présence d'éléments indiquant un lieu.

La plupart du temps, il est impossible de déterminer si la mention d'un lieu doit être relevée comme un élément de domicile, d'origine, ou un surnom. En fait, cette mention a souvent eu successivement toutes ces valeurs pour finir, parfois, par devenir plus tard un patronyme stable. Ainsi des patronymes Bermont, Botans ou Moval / Movaux. Dans la plupart des cas, cependant, cette stabilisation ne se produira pas.

On rencontre en particulier beaucoup d'ecclésiastiques qui ne portent qu'un (pré)nom et la mention d'un lieu d'origine, ou d'exercice :
Messires Jean et Girard de Denney, Hugat de Chenevey / Chenebier, Pierre de Foucemengnez / Foussemagne, Nicolas d'Angeat / Angeot, Aymé de Banveller / Banvillars, Claude de Botans, Girard de Lempes / Leupe etc.
Pour eux, évidemment, la question de la dévolution patronymique ne se pose pas...

Un cas où on tranche dans l'autre sens :

Obiit Beliat de Cravoinche (Cravanche) qui ait donné (...) assis sur une pièce de prey seant en la prairier desoubz Cravoinche (...)
Le fait que l'intéressé soit propriétaire à Cravanche incite à penser que la mention "de Cravanche" doit être vue comme une résidence (voire une origine), et pas comme un surnom (les habitants des villages proches de Belfort y fondent fréquemment des anniversaires). Dans ce cas, nous avons saisi Beliat comme patronyme, et Cravanche comme résidence.

  • Vient ensuite le cas des éléments d'un autre type, qui pourraient être considérés comme nom, surnom, patronyme ou indication de profession.

Ces cas sont tellement nombreux qu'il n'est pas forcément pertinent d'en faire une description exhaustive.
Lorsqu'il apparaît une désignation double, hormis le cas précédent, le choix de la ventilation prénom - patronyme s'impose sans difficulté. Sauf peut-être lorsqu'on a une information de profession, comme Hernement le Crevoisier (cordonnier) ou Viennat le Chappuis (charpentier), mais pas pour d'autres comme Girard Le Clerc, qui n'est pas un clerc, ou Thébaud Le Menestrey, qui n'est pas un ménestrel. Pour tous néanmoins, nous avons opté pour des saisies patronymiques.

Si on a une désignation triple, le choix s'impose également, les deux premiers éléments comme prénom-patronyme, et le suivant comme surnom, ou profession.
Exemples : Jacob Lienard alias Breullerdt, Perrin Grenier dict Chanel, etc.
N'allons pas croire cependant que ce qui apparaît alors comme patronyme est figé. Dans certains cas, le surnom pourra s'y substituer et être transmis à la génération suivante.

  • Un problème délicat apparaît lorsqu'une filiation est présente ; dans cette archive, on en rencontre assez souvent.

Pour des raisons de cohérence, si un élément patronymique pour le père ou le fils est fourni, on sera tenté de le conserver pour l'autre, ou les autres. Nous savons dés le départ que ce choix ne correspond probablement pas à l'usage de l'époque.
Exemple : Obiit Kathrine fille Jehan Gobalz de Trestudans et Jehan Noirot son mary de Buc (...)
Nous avons attribué arbitrairement le "patronyme" Gobalz à Catherine.

Voyons, sur deux fragments de généalogies, ce qu'on peut observer de la dévolution des surnoms :

  • Famille "Choppart".

Elle apparaît dans au moins trois actes quasi consécutifs :

Le premier, sans doute le plus ancien, est l'obit de Perrenat Choppart d'Oye :
Obiit Perrenat Choppart d'Oie (...)

L'acte suivant, du premier copiste, concerne son fils, mais fait aussi apparaître la génération suivante :

Obiit Jehan le Mengnin d'Oie filz doudit Perrenat (...)
dz. Jehan Berbier filz doudit Jehan Mengnin
dz. Hugueney frère dudit Jo(hannes) Berbiez.


Le troisième est celui du même Hugueney :
Obiit Hugueney filz au maingnin, Marguerite sa femme (...)

Quel choix de patronyme pour Jean le Mengnin et ses fils ? Mengnin est une profession (rétameur), de même que Berbier (barbier) ; le premier est successivement appelé Jean le Megnin, Jean Mengnin et Le Mengnin. Et Hugueney n'est accompagné d'aucun surnom.

Mais "Choppart" est un patronyme présent jusqu'à nos jours dans la région ; il n'a peut-être pas été hérité dans cette lignée, mais, conservant la démarche présentée plus haut, nous l'avons néanmoins attribué aux 3 descendants.
Bien que, à la page suivante, on trouve parmi les actes "de seconde époque" :

Obiit Jehan Berbié d'Oye (...)
Ne s'agirait-il pas cette fois du frère d'Hugueney ? Qui ne porte toujours pas le patronyme Choppart ?

Cela ne remet pas en question nos choix, mais illustre bien la difficulté de la généalogie avant le XVIème siècle.

  • Famille Noblat

Certains représentants de cette famille ont joué un rôle éminent à Belfort aux XVIIème et XVIIIème siècles.

Les premiers porteurs de ce nom apparaissent dans la première moitié du XVème siècle. Le lien entre ceux-ci et les premiers notables du XVIIème siècle n'est sans doute pas déterminable, en revanche, pour une branche au moins, il est possible de construire dés le XVème siècle, grâce à cette archive et aux comptes communaux, un arbre généalogique sur 5 générations (sur fond blanc, personnes ayant fondé un anniversaire) :

Remarques sur cet arbre :

  • "Mellert" est toujours nommé tel quel, sauf dans son obit, où "Jo." (Johannes, Jean) a été ajouté en interligne. On pourrait même imaginer que d'aucuns aient insisté pour qu'il lui soit donné un prénom chrétien pour son obit.
  • l'individu "central" de cet acte, Jean Noblat, est fréquemment cité dans le 1g26-1 ; il est presque toujours lié au précédent, Mellert d'Oye (11), son père ; on admet (avec De Villèle) qu'il s'identifie à "Jean Noblat le Vieux, d'Oye", auquel sont rattachés 2 fils, Jean, et Genin ; il a vécu autour de 1450 ; décédé avant 1478 ; Marie, son épouse (plus précisément, épouse de Jean Noblat le Vieux) n'est pas nécessairement la mère de ses fils.
  • Les descendants du précédent, probablement morts après 1500, n'apparaissent pas dans le 1g26,
  • L'obit d'Alix, femme de Perrin le Durellet est particulièrement intéressant, puisqu'il permet d'ajouter une génération :

Obiit Alix fomme Perrin le Durellet d'Oie qui nous ait donné pour son
anniversaire ii sols de annuelle rent tant pour lie comme pour ledit Perrin son mairy
Lesquel ii sols Mellert leur filz doit assigney ou renbre de xl sols
pour une foix ; debetz Jehan Noblat filz doudit Mellert.

Contrairement au cas précédent, où un surnom connu aujourd'hui comme patronyme ne parait pas se fixer, il est très possible ici que le "surnom" Noblat, adopté par le premier Jean, ait ensuite revêtu définitivement les caractéristiques d'un patronyme.
D'autres personnages portent également à Belfort le nom/surnom Noblat au XVème siècle, mais leurs situations par rapport à ceux-ci est très imprécise (10).

5. Fondations et « généalogies » féminines

Dans l'article suivant, nous étudierons les caractéristiques sociales et économiques des fondations.

Un autre aspect, original, apparaît et intrigue dans cette archive de la fin du moyen-âge : le statut de la femme.

Nous avons vu plus haut qu'elle apparaît beaucoup plus souvent dépourvue de patronyme que les hommes, même si la transmission de celui-ci n'est pas assurée dans la suite des générations.
Si cette donnée semble marquer un statut inférieur pour la femme, ou la fille, en contraste, le nombre de fondations féminines, de même que certaines "généalogies" qu'on pourrait qualifier de telles, tempèrent cette impression.

Fondations féminines

Nous avons réparti les 862 fondations du 1g26-1 en 3 catégories ("autres" représentent essentiellement des hommes, plus quelques groupes) :

ensemble des fondations fondations féminines


À droite, on constate que les femmes fondent principalement des anniversaires pour elles-même, mais aussi pour un parent ou des groupes familiaux (un ou deux parents, enfants, frères ou sœurs). Il leur arrive même de fonder un anniversaire pour leur conjoint. Les biens qu'elles engagent ne sont jamais désignés comme des biens communs du couple, on peut donc les voir comme des biens propres.

Voyons quelques exemples :

Fondations personnelles

Adroite Lacresliere donne pour son anniversaire 3 sols de rente annuelle assise sur sa maison sise en la ville, entre le four et la maison de (...) ; 3 sols de rente pour une seule personne est un montant très honorable.

Jeannette femme Estroitat a d'abord donné pour elle 5 sols de rente assise sur une hoiche vers Brasse, puis 10 sols de rente assis sur "son mariage" (sans doute son douaire). Cette fondation se place, par son montant, parmi les 10 plus importantes (voir article suivant).

Fondations non exclusivement personnelles

Alix, norrier (fille illégitime [et non servante, comme transcrit parfois]) de mons. Pierre de Veseloix, chanoine, donne pour lui 60 sols de "vieux bâlois", ramenés à 50 sols bâlois, qu'elle a versés au chapitre, qui les a dépensés pour l'annexion de la chapelle de l'hôpital.

Jeannette, femme de Bourquin le Rampuez de Lacollonge donne pour son mari 20 sols dont elle paie la rente.
Plus loin, la même Jeannette donne pour elle-même et Richard Chevillet son second mari, pour son père et pour sa mère et pour Esibel sa fille, 8 sols de rente, sous forme d'une dette qu'elle possède.

Généalogies féminines

Voici à présent des considérations moins concrètes, portant sur la forme, mais qui renforcent encore à nos yeux l'impression que les femmes pouvaient avoir des statuts importants au sein des familles :

On constate en effet que les enfants sont souvent rattachés à leur mère, sans que le père soit identifié ; par exemple :

Jeannette [Bousard] sœur de Jean Bousart qui a donné tant pour elle que pour Jaiquat son fils et Jean Ligay son mari 60 sols pour une fois : on ne sait pas qui est le père de Jaiquat.

Jean Viron d'Oie, fils de Jeannette (elle-même désignée par "mère de Jean Viron").

Engnellat femme Odat et fille Clemenceon fille Laitaiche a donné un champ (...) entre la terre de la chapelle Saint-Denis fondée par le Taichet : on ne sait pas qui est le père d'Engnellat ; il est par contre possible que "le Taichet" soit le père de Clemenceon (ou de "Laitaiche" ?).

D'autres situations curieuses :

Mechelin mère d'Huguenin Mechelin (escoffier-couvoisier, gouverneur de l’horloge, actif de 1432 à 1474), pour laquelle ledit Huguenin donne (...). Huguenin tient son nom de sa mère.

Perrate, femme de Jean Perrexat fonde son propre anniversaire ; l'acte suivant est l'obit de Jeannette, fille de ladite Perrate, et celui d'après celui d'Alix, soeur de ladite Jeannette. Il n'est pas précisé si les deux dernières sont les filles du nommé Jean Perrexat.
Et juste après on a encore l'obit de Jeanniton, fille de Jeannette femme de Jean Othin de Banvillars...

Évidemment, il n'est pas impossible que toutes ces personnes soient des enfants naturels. Mais, au moins dans le cas suivant, une filiation "légitime" est probable, mais non exprimée :

Huguenin le Rossel fils d'Estevenatte fille de Richard Boriel fonde un anniversaire (acte inachevé) ; l'acte précédent est en effet l'anniversaire dudit Richard et de Girard Boriel son frère, fondé par ladite Estevenate, femme de Jean Perrin Rossel (nom difficile à déchiffrer) le Crevoisier. Huguenin le Rossel est ainsi en réalité fils de Jean Perrin Rossel, mais l'acte ne mentionne que sa filiation maternelle... Sa filiation paternelle apparaît dans un compte communal de 1487.

La situation féminine semble donc assez complexe, mais peut-être moins défavorable qu'on pourrait le penser en première approche. Il faut rappeler que le moyen-âge n'est pas globalement la période sombre, inculte et sordide que certaines fictions et anciens livres d'école présentent. Les siècles qui suivront, et en particulier le XVIIème le seront d'avantage.

À suivre : Figures belfortaines de la fin du moyen-âge dans l'obituaire 1g26.


Notes
1. Sous la plume du 1er scribe, Marguerite de Valoingney donne sa maison sise devant l'église de Belfort. Donation sans doute assez ancienne, car au moment de la rédaction, la maison est tenue par Estevenatte femme de Jean Collin, qui l'avait héritée de sa tante Félice de Regnans, qui l'avait acquise de messire Guillaume Montaignon, curé de Phaffans.
La somme perçue sur cette maison est relativement élevée : 8 sols par an.
2. avec souvent la mention "pour l'annexion de l'église Saint-Nicolas de Meroux" : en 1442, le prieuré de Meroux est uni au chapitre de Belfort (AD90 1 G 67)se
3. sechal : officier ecclésiastique, préposé à la recette des revenus de l'église (Histoire de l'église, ville et diocèse de Besançon, F.-I. Dunod de Charnage, 1750)
4. Certains ecclésiastiques donnent une somme en argent, sans définir d'assignat : Jean du Chestel (image d'accueil) donne par exemple 4 francs d'or. Ce montant (en principe en numéraire) est-il réellement perçu par le chapitre ? En tous cas, il est détenu (par l'équivalent d'une obligation) par Jean Nycolaix de Buc.
Dans un autre cas, ce don est purement virtuel, car l'héritier ne l'a ni payé, ni assigné.
6. Situation assez similaire à la précédente, sauf qu'un assignat précis n'est pas désigné ; le débiteur a alors un "plaige" (caution), et la rente est garantie "sur tous leurs biens".
7. Dans les comptes communaux de la même époque, c'est le maître-bourgeois qui reçoit personnellement les crédits et qui paie les dépenses (missions) ; comme il change souvent, les anciens maîtres bourgeois restent souvent débiteurs vis-à-vis de leurs successeurs "ayant moins missionné que receu".
8. Aucune date de décès, ou presque : on trouve exceptionnellement, à la page 170, pour une messe anniversaire au 25 mai, l'année de la fondation de messire Jean Voillart, chanoine et curé de Vézelois : 1369 (ce qui ne signifie pas nécessairement qu'il soit décédé en 1369, et encore moins le 25 mai)
9. Attention toutefois, cette date n'est qu'indicative ; pour exemple, toujours à la page 170, le même Jean Voillart a complété sa donation de 1369 d'une autre pièce de terre, tenue par Jean Roffinat Begnin d'après un document de 1438. Quelle année indiquée ? 70 ans d'écart entre deux dotations n'est guère possible ; nous avons conservé 1369 pour cet acte. Mais cela signifie qu'une "première" assignation de rente peut être largement postérieure au décès.
10. On a par exemple l'obit de Jean Noblat dit Maillard de Valdoie ; il est tentant de faire le rapprochement avec Mellert (qui occasionnellement, est aussi dit de Valdoie dans le 1g26/1), ou avec son fils. Mais les dates s'y opposent, car ce Jean Noblat dit Maillard obtient sa bourgeoisie en 1498.
11. Une ambiguïté réside dans la localisation du village d'Oye (Oie). Un village de ce nom a existé sur le territoire actuel de la commune de Bermont, où une rue porte encore le nom des "champs d'Oye". Situé à 8 km de Belfort.
Mais un doute apparaît quand on constate que quasiment aucun individu n'est originaire de Bermont, pourtant paroisse, alors que ceux originaires d'Oie sont assez nombreux. Ce doute s'intensifie dans un acte (obit de Richarde fille de Jehannenat Coillat) où Mellert, père de Jean Noblat, par ailleurs toujours dit "d'Oie", est dit "de Valdoie".
Et encore dans cet autre acte de 1458 (1g 27), où Jean dit Noblat est maire de Valdoie.
On se pose donc la question, qui restera sans doute à jamais ouverte : Oie ne serait-il pas un lieu proche de Valdoie, qui ne serait alors que le "Val d'Oie" ?
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