Ce compte, coté CC5/3, de l'année 1553-1554, a par ailleurs fait l'objet d'une indexation des personnes citées, déjà disponible en ligne, comme pour les comptes postérieurs des séries CC5, CC6 et CC9.
En cette année 1553, la situation géopolitique de la seigneurie de Belfort est la suivante :
Du milieu du XIVème siècle à la fin de la guerre de Trente Ans, elle appartient aux domaines de la famille de Habsbourg.
Elle relève administrativement de l'Autriche Antérieure, subdivision patrimoniale des possessions de la Maison de Habsbourg. Avec le comté du Tyrol, cette entité géographique, dispersée sur 4 états actuels (Autriche, Allemagne, Suisse et France) (18) a été dévolue pendant 3 périodes à des branches cadettes de la famille de Habsbourg :
- 1406-1490 : Friedrich IV et son fils Siegmund,
- 1564-1618 : Ferdinand II et son neveu Maximilian II,
- 1619-1665 : Léopold III, suivi de sa veuve et de ses fils.
Mais, au cours de la période intermédiaire 1490-1564, ces principautés relèvent directement de la branche principale de la maison de Habsbourg, à savoir l'archiduc-empereur Maximilian I (1490-1519), puis son petit-fils Charles Quint (1519-1521), qui cède ses droits patrimoniaux en Autriche à son frère Ferdinand I (1521-1564).
C'est donc ce dernier qui, en 1553, est le souverain seigneur des ville et seigneurie de Belfort.
Il est archiduc d'Autriche, roi de Bohème et de Hongrie depuis 1521, de Croatie et Slavonie depuis 1527.
Il a été également, le 5 janvier 1531, élu Roi des Romains. Son frère Charles, roi d'Espagne, abdiquera de la dignité impériale en 1556. En 1558, Ferdinand sera élu empereur par la diète électorale, malgré l'objection du pape (auquel la confirmation de la dignité impériale ne sera plus demandée par la suite).
En 1553 donc, Ferdinand n'est donc "que" Roi des Romains (23). Pour cette raison , il est appelé nostre sire le Roi et sa maiestez.
Ferdinand I d'Autriche, portrait et signature, via Wikipedia |
Les habitants du Sundgau (plus précisément du comté de Ferrette), dont Belfort fait partie, sont soumis à la régence siégeant à Ensisheim et, à travers elle, à la régence d'Innsbruck, capitale du Tyrol et de l'Autriche Antérieure.
La région connaît, en cette période, un calme relatif. Elle n'est pas encore touchée par les désordres religieux, qui concernent déjà la Suisse (le prince-évêque de Bâle a été chassé de son siège en 1527).
Par contre, l'Autriche est confrontée à deux conflits contre des ennemis extérieurs (15 pour la suite de ce paragraphe) :
- sur le long terme, sur le front oriental, la guerre contre l'empire ottoman ; pour les sujets de l'Autriche, elle a pour conséquence le renouvellement presque systématique de la Turkenhilfe ("aide turque"). La rainson dont il est question au par. 6 est peut-être à identifier à cet impôt de guerre.
- les prémices du conflit contre le roi de France ; mais la guerre n'éclatera qu'en 1557.
En cette année 1553-1554, précisément, l'application de la Turkenhilfe suscitera des difficultés. Elle sera finalement établie à 60000 florins à la diète (Landtag) de Thann en janvier 1554 (à laquelle se sont rendus les délégués de la ville : par. 6).
Par ailleurs, la seigneurie de Belfort est détenue à titre de gage par les sires de Morimont depuis 1450 (cf. Histoire de la région de Belfort) ; mais, de par ses franchises, la ville échappe en partie à leur autorité.
En dehors des questions de plaigeries, les sieurs de Morimont n'apparaissent qu'à titre individuel (Henry et François, pour sa maison à Belfort) dans ce compte.
La source étudiée est un cahier de compte, conservé aux Archives Municipales de Belfort, sous la cote CC5/3, accessible en ligne ici. Il a été restauré, et comporte 112 pages (1). Ses dimensions sont approximativement de 33 cm x 22 cm.
Une vingtaine d'autres comptes communaux annuels de la période autrichienne sont par ailleurs conservés, sous les cotes CC1 à CC9, pour la période 1432-1598.
Ce document CC5/3 n'est pas complet ; plusieurs feuillets ont été perdus : la première page conservée porte pour titre "Autres receptes des nouveaulx bourgeois...".
De ces pertes résultent au moins 3 conséquences regrettables :
- la plus dommageable est l'ignorance de la partie la plus importante des recettes, dont il manque au moins le premier chapitre. Cf. par. 3.
- la première page portait potentiellement la mention de l'année du compte. Nous avons pu compenser ce manque dans notre article Questions de datation ; maîtres bourgeois. La conclusion en est qu'il s'agit de l'année de compte 1553-1554, commençant à la saint Jean-Baptiste (24 juin) 1553, et finissant à la même date de l'année suivante (13).
- la fin des dépenses, et la conclusion du compte manquent également. En plus du montant total des dépenses, elle pouvait porter les noms des principaux membres du conseil, qui resteront inconnus, en dehors de celui du maître bourgeois (Jean Pelletier) et du maître du commun (Henry Lhoste), cités à plusieurs reprises.
Ce cahier, ou du moins ce qui en a été conservé, est divisé en 7 chapitres :
Recettes :
- Autres recettes des nouveaux bourgeois et des nouveaux mariés page 1
- Autres recettes des amendes rapportées par les banvards page 3
- Autres recettes des accords faits par messieurs les bourgeois page 21
Dépenses :
- Missions ordinaires faites et soutenues par ledit maître bourgeois sur les recettes précédentes page 29
- Autres missions faites et soutenues pour les fontaines page 101
- Autres missions soutenues par ledit maître bourgeois pour les servants page 103
- Autres missions soutenues par ledit maître bourgeois pour les messagers et les chemins (trajets) page 107
Le titre "Missions ordinaires" regroupe des catégories de dépenses extrêmement diverses, que nous avons cherché à différencier dans notre paragraphe 4.
La monnaie de compte utilisée dans les comptes du XVIème siècle est la livre bâloise (16) : 1 livre = 20 sols ; 1 sol = 12 deniers; on trouve à l'occasion une unité appelées engroigne : 1 engroigne = 2 deniers.
Le chapitre manquant
En nous appuyant sur d'autres comptes contemporains, on peut résumer les revenus de la ville à 5 sources (si on exclut les impôts qui seront reversés aux instances supérieures) :
- profits résultant des privilèges de la ville (commerce du vin et de la viande essentiellement [14]),
- rentales et droits de bourgeoisie,
- ventes diverses,
- censes,
- amendes.
Les amendes infligées par les banvards, entre 4 et 10 sols l'une, induisent le plus grand nombre d'articles, mais représentent une part modeste de l'ensemble, à peu près équivalente aux censes. Le produit des ventes est évidemment très variable.
Le premier chapitre des recettes est manifestement perdu. Si on se réfère au compte de 1555, il est possible que ce soit le seul. Par contre il est clair que les pages disparues portaient l'essentiel du volume des revenus, puisqu'aucun des "profits", ni aucune cense ou vente ne sont cités dans les pages subsistantes.
En 1555-1556, nous avions les produits suivants :
en 1555-1556 | |
profits de la cave de la ville | 707 L. 17 s. 2 d. |
bancs des bouchers | 2 L. |
censes au profit de la ville | 70 L. 13 s. 9 d. |
total | 780 L. 10 s. 11 d. |
Total des recettes |
875 L. 15 s. 9 d. |
Pour cette année de compte-là donc, 780 livres sont imputables aux "profits" et aux censes. Les premiers, basés sur la consommation, peuvent être considérés comme relativement stables. Quant aux seconds, ils le sont théoriquement encore plus. Une somme similaire est donc envisageable dans le chapitre manquant pour l'année 1553-1554.
Les ventes en revanche sont très aléatoires. Elles se montaient seulement à 22 livres en 1555-1556 (la vente du raisin n'avait rien rapporté) et ne peuvent pas servir de référence.
Les données subsistantes
Pour l'année 1553-1554 qui nous intéresse, le total des recettes, figurant à la fin du dernier chapitre les concernant, est de :
Les recettes dont nous disposons sont (presque) toutes de 2 types :
Les rentales et droits de bourgeoisie
Les rentales sont les droits versés par les bourgeois au moment de leur mariage. Elles sont fixes (4 sols).
Les droits de bourgeoisie sont variables. En cette année, seuls 2 nouveaux bourgeois paient leur droit : Jacques Fermyer (clerc de la ville, à qui l'on doit sans doute ce document d'une tenue irréprochable) et Henry Deidenaird.
Les amendes
Elles se répartissent en 6 catégories, l'une d'elles représentant plus de la moitié du total (voir diagramme ci-dessous).
À noter que ces amendes sont réparties dans deux chapitres. Dans le premier, celles infligées à des habitants de Belfort, dont le montant est quasiment fixe : 8 sols pour une coupe de bois illicite ou du pain trop petit, 4 pour des animaux divagants, 10 pour le fait de tirer son épée ou son couteau, ou encore pour vente illicite de viande.
En revanche, dans le chapitre "Autres recettes des accords faits par messieurs les bourgeois", les contrevenants sont des habitants des villages voisins (cf. 6-5), pour lesquels "messieurs passent un accord" qui conduit à des montants très variables (jusqu'à 5 livres pour une coupe de bois, avec récidive il est vrai).
Une recette inscrite par erreur dans le chapitre 3
Il apparaît à la page 27 une entrée de compte barrée :
Vacat icy pour ce que la parcelle est escripte aultre part ès receptes ordinaires. |
Item rappourte ledict maistre bourgeois |
Cet élément fortuit complète un peu notre connaissance des données du compte. On peut également supposer que, dans les pages manquantes des dépenses, figure le reversement au souverain de ce "gect".
Le total des recettes connues n'est que de 198 livres et 10 deniers, bien peu par rapport aux 878 livres 11 sols et 4 deniers qui nous manquent.
Comparons ces données dans deux diagrammes :
Recettes de source connue | |
Comme on vient de le voir, une partie des dépenses nous est inconnue ; en particulier ce qui pourrait concerner le "gect" du Roi (qui, en comptabilité moderne, ne serait pas inscrit au chapitre des recettes).
Au cours de cette année de compte, une dépense exceptionnelle a eu un gros impact dans le budget communal : le remboursement d'une dette de 500 livres. Voir ici pour plus de détails.
Dans le cadre d'une première lecture, on pourra passer directement à la Récapitulation des dépenses.
Détaillons les autres catégories de dépenses, par volume décroissant :
•
Travaux publics ou d'équipement
L. | s. | d. | |
transport de matériaux | 49 | 13 | 2 |
extraction de pierre | 46 | 17 | |
travaux sur les palissades | 33 | 5 | 6 |
terrassement, chaussées, levées | 32 | 4 | |
bûcheronnage | 21 | 18 | 8 |
puits | 18 | 5 | 2 |
fontaines | 13 | 6 | |
couverture, charpente | 7 | 15 | |
serrurerie-métallurgie | 6 | 7 | 6 |
menuiserie | 5 | 1 | 4 |
maçonnerie | 3 | 17 | 2 |
ponts | 3 | 15 | |
mètrage | 1 | 4 | 5 |
verrerie | 1 | 4 | |
démolition | 6 | ||
chaudronnerie | 3 | 8 | |
manutention | 2 | 3 | |
total | 245 | 5 | 10 |
Les postes transport de matériaux, extraction de pierre, levées, bûcheronnage et puits sont majorés à cause des travaux spécifiques décrits dans les paragraphes 5-1 à 5-4.
•
Dépenses de bouche à la maison de la ville
Ce poste correspond à un type d'articles de comptes assez curieux, mais très répandu dans cette archive et ses contemporaines : voir 4-1 pour une description plus détaillée. Nous avons distingué 3 sous-catégories.
repas à la maison de la ville impliquant des notables | 102 | 17 | |
repas associés à dépenses diverses | 12 | 18 | 8 |
repas ne mentionnant pas les notables | 5 | 14 | 8 |
total | 121 | 10 | 4 |
•
Défraiements
Ce poste porte sur un seul type de versement : les sommes attribuées aux membres du conseil à l'occasion de leurs voyages (Ensisheim, Thann, Innsbrück) pour les affaires de la ville (les rétributions versées aux autres personnels pour leurs voyages sont incluses dans la catégorie "prestations hors travaux publics et d’équipement"). Voir dans 6-5 un exemple de ces voyages.
Ce poste de dépense se monte à 103 livres.
•
Salaires des agents et élus de la ville
salaires « fixes » des agents et serviteurs de la ville | 62 | 18 | |
rétributions des élus | 30 | ||
aux ecclésiastiques | 6 | 14 | 8 |
total | 99 | 12 | 8 |
•
Achats
chaux, tuiles et matériels en terre cuite | 33 | 19 | 8 |
pièces de bois façonnées | 21 | 9 | 8 |
achat cheptel | 12 | 17 | 3 |
pièces de bois brut | 5 | 10 | |
petites fournitures | 4 | 19 | 10 |
divers pour le ciment | 2 | ||
tonnellerie | 7 | ||
total | 81 | 3 | 5 |
•
Gratifications
•
cadeau | 42 | ||
gratifications diverses | 1 | 16 | 2 |
total | 43 | 16 | 2 |
L'essentiel de la dépense consiste en le cadeau fait au nouveau bailli d'Ensisheim (cf. par. 7)
•
Prestations hors travaux publics et d’équipement
gardiennage et entretien d’animaux | 4 | 19 | 10 |
travaux d’écriture | 3 | 10 | |
voyages | 3 | 4 | |
nuitées hors de la ville | 2 | 11 | |
rétributions en nature (portiers) | 1 | ||
louveterie | 15 | ||
total | 17 | 7 |
•
Taxes et censes dues par la ville
censes dues par la ville | 3 | 19 | 6 |
autres redevances féodales | 2 | 2 | 4 |
total | 6 | 1 | 10 |
•
Rétributions des gens d'armes
•
En période de paix, il s'agit uniquement des émoluments affectés aux entraînements des couleuvriniers.
Le total est modeste : 3 livres et 6 sols.
•
Actions de piété
prières | 5 | ||
paiements occasionnés par les fêtes votives | 3 | 4 | |
total | 8 | 4 |
Récapitulation :
Impact du remboursement d'une dette | Dépenses courantes |
|
Sur environ 320 articles, une cinquantaine sont consacrés à ce type de dépenses. Le total des sommes engagées ainsi représente environ 10% du total des dépenses, pour 6,5% des articles.
Voici un exemple assez typique :
Les sommes indiquées dans ces articles ne concernent peut-être pas uniquement la nourriture ; sont souvent invités des prestataires, parfois à la fin de leur ouvrage, mais la plupart du temps à l'occasion de la passation d'un marché. Mais il n'est jamais mentionné que la dépense inclurait la rémunération du prestataire. Et par ailleurs il serait étonnant que le paiement de la prestation soit fait à la commande.
On pourrait en revanche faire l'hypothèse que l'invitation à un repas copieux pouvait être une forme de complément à la rémunération, et encore plus certainement une incitation à accepter les termes du marché.
Ces articles de compte ont pour nous le grand avantage de décrire certaines des discussions ou décisions prises par le conseil ; on suppose que ces précisions sont mentionnées afin de justifier les dépenses engagées.
Un type particulier de dépense de bouche (3ème sous-catégorie ci-dessus) semble correspondre à des situations où des prestations de divers particuliers n'ont pas donné lieu à un versement de salaire ; par exemple (mais pas uniquement) celles effectuées dans le cadre des corvées dues à la ville. Le conseil souhaitant alors offrir aux prestataires une (petite) gratification en nature.
À l'opposé, particulièrement élevées, deux dépenses se distinguent du lot commun, dont les montants se situent en moyenne autour d'une livre et demie :
- le 17 avril 1554, p. 76, un montant de 12 livres, 13 sols et 8 deniers est dépensé tant par messieurs du conseil que par la commune après avoir faict les monstres de la ville ainsi qu'il estoit ordoner de faire par les mandemens venuz de par messieurs les regentz d'Enguessey.
À défaut de connaître le nombre des convives et le menu servi, on a quelque idée des ingrédients :
... tant en pain, en vin, en oeufz, en poisson, en beurre et en fromaiges que en aultres choses ... - et encore davantage celle du repas du jour d'installation du nouveau conseil, le 24 juin 1553 (p. 29) ; on y avait alors invité messieurs du chapitre, les chapelains, les prévôts et tout le conseil, et on a déboursé 24 livres, 16 sols et 6 deniers.
On peut par ailleurs noter que cette somme représentait 2% de la totalité des dépenses connues de la ville, pour cette année de compte.
Il est possible également, si on s'amuse à jongler un peu avec les chiffres, de comparer cette somme avec ce qu'on pourrait voir comme le salaire annuel d'un des quelques agents ce la ville rémunéré sur cette base : à la page 103, on voit un portier rémunéré 11 livres, un autre 10 livres.
Christophe Malblanc est banvard, rémunéré 10 livres. Ce salaire représente-t-il un travail à plein temps ? Oui, assurément : le banvard est chargé de surveiller les domaines et les bois communaux, et ils ne sont pas trop de deux pour l'étendue du finage de Belfort. S'agit-il d'un travail de toute l'année ? Malblanc inflige sa première amende fin juin 1553, et sa dernière le 8 mai. Admettons qu'il n'ait pas été à l'ouvrage pendant un mois, qu'il ait bénéficié de quelques gratifications en nature, et retenons 12 livres pour le montant de son salaire annuel.
Ce calcul, qu'on pourra évidemment critiquer, nous amène à évaluer le repas inaugural de Messieurs à 2 ans de salaire de base d'un agent communal...
Dans les comptes de la ville du XVIème siècle, un certain nombre de travaux concernant les édifices ou équipements communaux apparaissent de manière récurrente.
Rappelons à cette occasion quels sont ces domaines communaux :
- les fortifications de la ville, et en particulier les tours, les allées, les tiglots, les rastels,
- la maison de la ville,
- l'étuve,
- la boucherie,
- la tuilerie,
- la bergerie.
On peut ajouter à cette liste tous les espaces ou aménagements publics intérieurs ou périphériques à la ville, comme les puits, les fossés, les ponts, les levées (roiches), les conduites d'eau et les fontaines, les rues (qui ne bénéficient toutefois que de peu d'entretien).
Sans parler des terres et des bois dont l'exploitation a été remise en franchise à la ville ; y compris celle du "sous-sol", en particulier une carrière et une "terrière" qui apparaîtront ci-dessous.
Lors de ce compte, on a pu retracer d'une manière assez complète quatre travaux qui ont requis des engagements particulièrement importants de la part de la ville.
Les travaux débutent dans le compte par le transport (p. 64) de "quartiers" de pierre depuis la "perriere" (carrière de pierre) d'Arsot. Il en est livré 357, plus 46 autres que la ville achète pour d'autres réparations, pour un total de 15 livres, 6 sols et 10 deniers.
Un quartier était un bloc de pierre, dont le volume, s'il nous est inconnu, devait être assez précis car, suite aux livraisons, ils sont mesurés :
... après avoir estez mesurer lesdits quartiers de pierres, tant par ledict maître bourgeois, clerc de la ville et le serviteur que aussy par les massons quy mesurirent lesdicts quartiers ...
L'article qui évoque l'extraction des blocs suit :
... d'avoir descombrer ladite pierriere d'Arssat et tirer dehors les susdicts quartiers de pierres et les tailler ...
Amman, Jost (1568) : der Steinmetz, via Wikimedia Commons |
Les mêmes artisans (Girardot le maçon et Guillaume Boilley son compagnon) sont aussi chargés de la construction du fourneau :
... que aussy pour avoir faict trois pannes de murs dudict fournelz de la thielliere ...
L'ensemble de ces travaux leur rapportera 36 livres (on suppose que la carrière, de même que la terrière dont il est question ci-dessous, est du domaine de la ville).
Mais auparavant, il avait fallu ... descoucher et abattre les pierres du vieulx fournelz...
Ce sont les deux maçons susdits qui s'en étaient chargés, aidés par François de Saulnoy et Guillaume Regnault, pour 6 sols.
L'opération se termine par la livraison de 42 charrées de terre, transportée depuis la terrière de la porte de la Halle, pour 2 livres et 2 sols.
On s'interroge d'abord sur la nature exacte de l'ouvrage désigné par le mot "roiche".
Ce mot est simplement la forme ancienne de "roche". Le DMF la signale, mais aucune des définitions qu'il donne ne peut correspondre aux occurrences de ce compte, comme d'ailleurs des plus récents que nous avons dépouillés.
On trouve p. 64 :
... pour refaire les roiches que sont ouprès du curtilz la Boudatte affin de garder l'eaue de la rivière qu'elle ne feist nulz dommaiges sur le chemin du communal ...
P. 79 :
... pour refaire les petites roiches que l'on a faict au dessus de la grosse roiche ...
Il nous semble donc que ce terme désigne un remblai, une levée, constitué de divers matériaux : pierres, terres, pieux et divers fagots.
Dans le CC6/2 (1588), on trouve ...pour une roiche ou chassier proche de la fontaine...
Pour le mot chassier, 8 indique "chaussée" ; mais cette équivalence ne remet pas en question notre interprétation, car, pour "chaussée", le DMF mentionne entre autres "levée de terre pour retenir l'eau (d'un étang, d'un cours d'eau, de la mer...) et pouvant servir de chemin, de passage", "remblai", et même "canal en pierre ou en bois qui amène l'eau au moulin". Il est même possible que dans notre dernière occurrence (chassier proche de la fontaine), l'acception de "canal" soit à privilégier.
On trouve p. 80 une description plus complète des matériaux rassemblés pour ces travaux :
... d'avoir amener tous le bois que l'on a mys ès roiches que l'on a faict faire pour la ville ouprès du curtilz de la Boudatte, tant les paulx de bois que aussi les fasses et les faissins...
Les paulx sont des pals (pieux), les fasses et les faissins des baguettes, ou des fascines (fagots).
Également :
... pour avoir amener (...) deux pieces de bois de chaisgnes depuis lesdites Bairs jusques audict lieu pour faire des paulx pour mectre en icelles [roiches].
Les travaux eux-même (grandes et petites roiches) ont nécessité de gros efforts ; les tacherons (François Vallot, Valentin Petitgey et Perrin Paulus) ont perçu (p. 81) en tout la somme de 32 livres.
Dans les comptes ultérieurs, la réfection chronique des roiches ou la construction de nouvelles illustrent encore les risque que représentaient pour la ville les crues de la Savoureuse, dont l'histoire moderne a connu d'autres épisodes (février 1990).
En mai ou juin 1554 (p. 81), messieurs du conseil :
furent ès montaignes de Rosemont pour visiter là où que l'on voulloit coupper, que messieurs les vouhairdz et tuteurs des seigneurs de cedit lieu avoient ouctroyer et donner à la ville jusques à cent et cinquante piece [de bois].
Juste après, ils font marché avec Laurent Bernaigeot et Petit Jehan Boilley :
pour la vallée de ladicte montaigne affin de faire amener [le bois] en la ville.
Puis les coupes et descentes de bois sont effectuées et rétribuées :
... les ouvriers et chappus quy ont coupper et esquarrer lesdictes pieces de bois,
... d'avoir avaller [descendu dans la vallée] ledict bois desdictes montaignes après que les chappus l'eurent tout coupper et esquarrer.
Il s'agit ensuite de transporter le bois en ville.
Dans un premier temps, ce sont les charretons de la ville qui sont mis à contribution, dans le cadre des corvées. Pour cela, ils ne semblent pas être rétribués, mais néanmoins invités à la table de la ville (voir ici):
... bailler la somme de trois livres, un sol et huict deniers ballois pour missions et despens que sont estez faict en la maison de la ville pour plusieurs foys que les charretons de la ville sont estez en la crouvées querré du bois èsdictes montaignes de Rosemont (...) asscavoir pour trente trois chardz ...
Viennent ensuite 17 articles de compte (ici et là) marquant les paiements à divers particuliers du transport de 88 pièces de bois, pour un prix de 13 livres et 4 sols (à 2 sols l'unité). Majoritairement, il ne s'agit plus cette fois d'habitants de Belfort, mais de ressortissants du Rosemont : 12 de Vescemont, 5 de Valdoie et un de Rougegoutte.
Comme pour le four, il s'agit de travaux lourds, puisqu'ils débutent, en mars 1554, par l'extraction, le transport (p. 70) et la taille de pierre, provenant toujours de la carrière d'Arsot. Ne pas oublier qu'alors, la plupart des constructions sont en bois, et que les ouvrages en pierre nécessitent des moyens humains importants.
W. H. Ryff "Équilibre, mathématiques et effet de levier" (1547, Nuremberg) Wikimedia commons (Instruments et les tenues des artisans) |
Là encore, la pierre est comptée en quartiers ; on en compte 171, dont le transport est rémunéré 10 deniers l'un, soit en tout 7 livres, 2 sols et 6 deniers.
Comme précédemment, les blocs de pierre sont mesurés (p. 72) par les notables et les maçons. Vient ensuite l'article de compte où les maçons (toujours Girardot et Guillaume Boilley) sont rémunérés pour l'extraction des quartiers, au prix d'un sol par quartier.
P. 86 les travaux traînent en longueur : 11 articles de compte soldent les rémunérations (en espèce ou en nature) de tous ceux qui ont travaillé, fin mai et début juin :
- rémunération de certains du conseil ou de la commune, qui ont contribué à vider le puits,
- de ceux qui on couché trois nuitées hors de la ville en ouvrant sur ledict puix pour trouver le fontement en vuidant l'eaue qui estoit dedans, ausquelx l'on a toujours donner à boire et à menger,
- frais pour les ouvriers de bras quy ont ouvrer de jour ausquelx l'on pourtoit du pain et du vin,
- et pour tous aultres despens faict à cause dudict puix.
- article suivant : salaire d'un tâcheron qui a amener quatre charrées de vasons pour tourner (détourner) l'eaue du petit fossez (...) affin de garder que l'eaue n'entrist poinct dedans ledict puix et que l'on y sceust ouvrer,
- puis le salaire de deux hommes pour dix sept journées qu'ilz ont ouvrés sur ledict puix, tant en le vuidant que aussy en aydant les massons à couroyer la terre à l'entour dudict puix,
- et encore 6 articles pour les rétributions d'une dizaine qui ont ouvrer pour la ville en vuidant ledit puix.
- (on espère qu'à ce stade le puits est enfin vide...) un article encore pour le salaire des maçons qui ont taillé les pierres et maçonné le puits,
- ... sans oublier la rétribution de ceux du conseil qui ont mesurer combien de piedz que lesdicts massons avoient faict d'ouvraige.
Mais il reste encore quelques travaux et aménagements à faire :
- amener 5 charrées de terre,
- construire 4 tones de bois pour courrer cette terre,
- reloyer et remettre des soicles neuves aux tynes qui ont servi à vider le puits.
Total de ces dépenses : 20 livres, 14 sols et 9 deniers, soit, pour l'ensemble des frais consacrés à l'aménagement du puits : 27 livres, 17 sols et 3 deniers.
Ces comptes sont l'occasion de voir, ou d'entrevoir diverses décisions prises ou débattues par le conseil des bourgeois.
Souvent, malheureusement, ces questions ne sont qu'évoquées au détour d'un article de compte (la plupart du temps une dépense de bouche en la maison de la ville), sans qu'il soit possible d'en savoir davantage :
- le 20 avril 1554 (p. 76), élection de :
la troiziesme partyes des gens de la ville pour tirer en guerre quant besoing en feroit, selon les mandementz venu de par messieurs les regentz d'Enguessey.
Dans l'article suivant, il est d'ailleurs évoqué les monstres de la ville, ordonnées également par les régents d'Ensisheim. - lors du même article, on évoque l'invitation au dîner du "commandeur des Esney", à qui on a acheté 19 cherres de vin. Malheureusement, aucune trace du paiement de cette transaction. Si on se fie aux évaluations des sources citées dans le glossaire, on arrive à près de 21000 litres de vin.
- en avril ou mai 1554 (p. 77), toujours lors d'un dîner, les bourgeois :
gectirent les rainssons et gectz du prince, selon les mandements venuz par messires les regentz d'Enguessey.
Les termes gectz (forme ancienne de "jet") et gecter signifient respectivement "redevance, impôt", et "calculer, compter, répartir (une imposition)" (7).
Le terme rainsson est plus difficile à interpréter.
Il s'agit assurément de la forme ancienne de "rançon". Ici encore il est question de redevance ; mais l'origine de l'emploi de ce terme dans ce cadre n'est pas claire.
On peut faire d'une part l'hypothèse que, cette époque connaît des conflits réguliers entre les empires Habsbourg et Ottoman, sur les fronts hongrois et serbo-croate ; les prises d’otage et les demandes de rançons étaient fréquentes, aussi il est possible que le financement de ces dernières ait constitué une part des aides de guerre levées par le prince (Turkenhilfe).
Mais, d'un autre côté, on trouve (CC5/6, 1586), la phrase : payez aux commis recepveurs de Thanne pour la petite rainsson à l’entretenement (entretien) des colonels, conseillers, capitaines et aultres gens de guerre. Il n'est nullement question ici de libération d'otages.
Il nous semble donc, en dernière analyse, que le terme rainsson a pu représenter un des objets de la Turkenhilfe, et qu'il ait fini par désigner, pour les sujets francophones, l'ensemble des aides de guerre levées par le souverain. - le 8 juin 1554 (p. 85), la question de la remise des comptes et de leur apurement est elle-même évoquée :
... après avoir mander plusieurs particuliers quy debvoient à la ville, tant de ce qu'ilz sont estez maistres du commung que aultrement, comment plus amplement il appert par leur arrest de compte escript au lyvre de la ville, là où que messieurs les advertirent de voulloir payer la ville. - on note pp. 110 et 112 (2 articles) que, dans certaines assemblées (Landtag de Thann, là où que lesdicts sieurs regentz estoient pour les affaires du pays, voir par. 1), les délégués de la ville (en l'occurrence le maître-bourgeois et Servois Keller [11]), représentent également la Terre (seigneurie de Belfort), l'Assise et la seigneurie d'Angeot.
Voyons à présent 4 affaires dont le développement apparaît plus largement dans cette archive.
Cette question donne lieu à 5 articles dans le compte des dépenses :
- Frais de bouche lors de 2 repas à la maison de la ville à la Toussaint 1553, lors desquels l'affaire fut débattue, le 17/11/1553 (p. 48).
Un charreton a été arrêté au val de Chaux alors qu'il s'apprêtait à livrer des sallignons de sel dans des villages de la seigneurie de Rosemont. Cette commande (et livraison) contrevenait aux franchises de la ville qui, selon les bourgeois, obligeaient ces villages à acheter leur sel à Belfort, au bénéfice de la ville.
Il fut ensuite conduit (sans son attelage) devant les autorités de la ville et promit et jura qu'il allait rendre en arroy (3) son chariot et ses chevaux audit Belfort incontynamment. Ce qu'il ne fit pas. - Salaire (p. 90) de Jean Bachey et Jean Noirot, qui sont allés arrêter le charroi au val de Chaux.
- Envoi à sa majesté le Roi d'une supplication pour et affin de myeulx en advertir sadite maistez et avoir esgard à ceulx quy veullent contrevenir esdites lettres [de franchises], tant de ceulx de la terre de Rozemont que d'aultre part lesquelx sont subiectz de prendre et acheter sel audit Belfort.
- Rédaction d'un message au capitaine de L'Isle-sur-le-Doubs en requestant ledit charreton, qui estoit du Maigny devant L'Isle, nommer Françoys Abargieulx, homme & subiect audit lieu de L'Isle.
Les autorités de la ville cherchent donc à remettre la main sur ledit charreton, et peut-être surtout sur sa cargaison, dont on peut cependant penser qu'elles ne sont pas propriétaires, n'en ayant pas fait la commande (19).
Dans le même article d'ailleurs il est mentionné une lettre envoyée ès saulnyers de Saulnoy affin d'amener du sel pour la ville, selon le marchier qu'estoit estez faict avec eulx. - Paiement (p. 111), du messager envoyé à L'Isle-sur-le-Doubs.
Le commerce du sel représentait une source importante de revenus pour les exploitants des salines et surtout pour leurs seigneurs (les salines de Salins en particulier), et encore, comme ici, pour les autorités ayant le monopole de leur commercialisation ; toutefois la Franche-Comté et l' Alsace-Lorraine sont des régions productrices où le sel était relativement bon marché pour les consommateurs.
Il s'agit ici d'une dépense considérable pour les finances de la ville, hors de commun avec les sommes habituelles.
Le 15 décembre 1553, lors d'un de leurs "dîners de travail" (p. 56), les membres du conseil discutent de raimbre l'argent que la ville debvoit aux heritiers de feu Henricey Bernard d'Enguessey (2) là où ils compterent cinq centz libvres balloises de blanche monnoye pour raimbre ladite somme.
L'article suivant concerne le remboursement (raimbage) lui-même :
Item quiert ledit mre bourgeois luy estre passez la somme desdicts cinq centz libvres balloises monnoye que dessus, lesquelles il a payer et delyvrer pour et en nom de la ville èsdicts heritiers de feu Henricey Bernard d'Enguessey, laquelle somme estoit estez ampruntées par aultreffois dudict Henricey Bernard pour les affaires de la ville (...)
Cet article est suivi de trois autres concernant la même affaire :
- 25 livres pour la dernière cense de ladite somme, baillées à Adam Bernard d'Ensisheim, au nom desdits héritiers.
- 5 livres pour la rainte de la façon des lettres qu'estoient estez faictes à cause de ladicte somme.
- 14 sols 6 deniers en défraiement audit Adam Bernard pour son voyage d'Ensisheim à Thann, à cause qu'il y avoit dangier de peste au lieu dudict Enguessey.
- (à la fin du compte, p. 111) 3 livres 8 sols au maître bourgeois et à Martin Kolb (10), pour s'être également rendus à Thann pour cette affaire.
En février 1554 (semaine de la Purification Notre-Dame, p. 61), la ville reçoit la visite de délégués de la puissance souveraine, appelés vouhairdz et tuteurs des seigneurs.
Les termes employés sont imprécis et, à notre avis, ils ne révèlent pas la fonction exacte de ces personnages. Il s'agit simplement de représentants éminents de la puissance archiducale. À noter que la provenance de ces envoyés n'est pas indiquée : on ignore s'ils viennent d'Ensisheim ou d'Innsbrück.
Ces envoyés viennent prendre possession de la seigneurye pour et en nom desdicts seigneurs.
Un certain nombre de problèmes apparaissent lors de ce séjour :
-
- Quelques désaccords entre les bourgeois et leurs visiteurs sur les serments qui doivent être faits par les bourgeois :
(...) ilz serchirent ou (au) secrey de la ville les lectres des precedantz serrements que les sieurs antecesseurs dudit Belfort avoient euz faict à la ville, avant que de jurer èsdits sieurs tuteurs (...)
puis :
messieurs les bourgeois furent mandez par plusieurs foys par lesdits sieurs vouhairdz et tuteurs et mesmes le lendemain suigant à cause qu'ils ne pouvoient venir d'accord que en premier lieu lesdits sieurs n'eussent à jurer et promectre de maintenir et entretenir la ville & lesdits bourgeois et habitans en leurs bonnes et anciennes coustumes, libertez et franchises escriptes et non escriptes (...)
- Quelques désaccords entre les bourgeois et leurs visiteurs sur les serments qui doivent être faits par les bourgeois :
- Il est également mentionné :
[des] aultres lectres desdommaigeables à cause de la plaigerye faictes à la ville par les sieurs de Morimont pour icelles faire renouveller et reconfermer (6) (...)
On retrouvera au paragraphe suivant ces questions de plaigeries. - Ces serments furent néanmoins passés (échangés ?), et on but :
(...) six vingtz et trois pintes de vin que furent données à messieurs de la commune après avoir estez faict ledits serrement (...)
De même qu'il y eut des dépenses :
le mercredy suigant que messieurs du conseil semondirent lesdits sieurs vouhairdz en la maison de la ville(...)
et encore :
deux channes de vin que messieurs les bourgeois leur envoyerent en la maison Jehan Besançon quant ilz furent arryvez (...)
Un autre événement inattendu se produit au même moment : l'un des membres de la délégation, Hugues de Fridingen, est fait prisonnier par le Marcsalct d'Ensisheim (qui était donc aussi membre de la délégation), au nom de messieurs les régents, et mis en arroy (3) à la maison de la ville, puis mené à Thann par ledit Marcsalct et treize compaignons de la ville quy furent esleu à luy faire assistance.
Hugues de Fridingen est sans doute parent avec Jean de Fridingen, qui fut nommé burgvogt pour l'Autriche du château du Haut-Koenigsbourg en 1530, ainsi que de Anne de Fridingen, seconde épouse de Jean-Jacques de Morimont, qui était encore (jusqu'en 1563) seigneur engagiste de la seigneurie de Belfort, mais qui a vu ses pouvoirs réduits et cherche à se défaire de ses gageries (4).
Ce curieux épisode nous fournit le nom d'un des membres, et la fonction d'un autre membre, de la délégation seigneuriale dans laquelle, le moins qu'on puisse dire, la concorde ne régnait pas.
Globalement, cet épisode conduisit pour la ville à une dépense de 23 livres, 17 sols et 8 deniers, à laquelle on peut ajouter 2 livres et 12 sols pour rétribuer les treize compaignons de la ville qui accompagnèrent le sieur de Fridingen ; il est même mentionné qu'on leur fournit de la poudre à canon...
Le terme plaigerie apparaît dans plusieurs articles de comptes. Il est associé au verbe applaiger.
Le mot plaigerie est synonyme de caution. Une caution, en principe, met en jeu 3 acteurs : le débiteur, le créancier, et celui qui se porte garant.
Dans les articles en question, les 3 acteurs ne sont pas toujours cités, et il n'est pas facile de distribuer les rôles.
- dans le paragraphe précédent, on a vu qu'il était mentionné, dans un article de compte de février 1554 (p. 61), des lectres desdommaigeables à cause de la plaigerye faictes à la ville par les sieurs de Morimont pour icelles faire renouveller et reconfermer,
- en mars 1554 (p. 69), les bourgeois reçoivent un mandement que l'on leur avoit envoyer du lieu de Basle pour y aller en hostaige à cause des plaigeryes que la ville avoit applaiger par aultreffoys ès sieurs de Morimont ; ce qui les amène à discuter comment on s'en devoit contenir. Il élisent Martin Kolb (10), pour aller jusques au lieu de Altkirch avec Monsieur Jacques de Reinach (17) pour en advertir Hans Bürle qu'estoit l'ung des vouhaird desdits sieurs, affin d'éviter plus groz frais et despens,
- en avril ou mai 1554 (p. 77), un commissaire apporte un courrier royal au faict de la playgerie que l'on a faict envers sadite maiestez, ce qui conduit les bourgeois à chercher dans leurs documents les lectres desdommaigeables par avant faictes pour scavoir combien c'estoit que l'on avoit desia applaiger.
Dans le cas 2, la ville de Basle, ou certains de ses habitants, semble être le créancier, et le rôle du débiteur est occupé, soit par la ville, soit par les Morimont. On sait (4) que ceux-ci rencontrent à cette période de grosses difficultés financières, et ce ne semble pas être le cas de la ville, qui a pu rembourser un prêt de 500 livres bâloises quelques mois auparavant.
Les cas 1 et 3 sont plus imprécis, faute à l’ambiguïté du verbe applaiger (le moderne cautionner l'est tout autant). En théorie, étant employé transitivement, il devrait signifier que la ville s'était portée garante, probablement auprès du roi ; peut-être dans les deux cas s'agit-il de la famille de Morimont.
Quant aux lettres dédommageables, il s'agit probablement du document remis à chaque camp précisant le montant garanti, et les conditions du cautionnement.
Chronologiquement, la première apparition de cette affaire se rencontre dans les "Autres recettes des accords faits par messieurs les bourgeois", en juillet 1553 (semaine après la Saint-Christophe, p. 21)
... sur les fins et finaiges dudit Belfort |
Ce "différend avec ceux de Valdoie" apparaît (seulement) dans 3 amendes de ce chapitre, entre juillet et octobre 1553, pour un total de 17 sols. Vu que les premières amendes interviennent dés le début de l'année de compte, il est probable que d'autres les aient précédées, dans le compte précédent qui n'a pas été conservé.
La chronologie nous conduit à présent p. 108 dans un article non daté (1553) du chapitre des dépenses pour défraiements de voyages et trajets, lorsque le maître bourgeois et Huguenin Bourdenet, bourgeois de Belfort, perçoivent la majeure partie d'une somme de 61 livres, 8 sols et 6 deniers pour s'être rendus à Ynsprunkch (Innsbruck) au faict du procès que la ville a à l'encontre de ceulx du Vaidoye à raison de ce que ceulx dudict Vaidoye estoient estez audict Ynsprugkch querré ung mandement à l'encontre de la ville pour cause de leurs beuffz qu'estoient estez gaiger en paisturant sur les fynaiges dudict Belfort.
Une autre partie de la somme est versée aux précédents et à Jean Besançon qui se sont rendus ensuite à Ensisheim pour soy consiller et faire dresser une supplication pour excuser la ville envers messieurs les regentz d'Ynsprugkch à l'encontre de ceux dudit Vaidoye.
Le voyage et le séjour à Innsbruck ont duré 24 jours.
Il s'agit assurément de la même affaire, car, p. 23, dans la dernière amende (12 sols) portant sur le litige, le 13 octobre 1553, il est indiqué :
... après que l'on fut revenuz d'Ynsprugkch à l'encontre de ceulx dudict lieu du Vaidoye à cause du differend que la ville a avec iceulx et fut faict ledict accourd par ledict Grant Jehan Briseion pour ung de ses beufz de charrue qu'estoit estez gaiger avec plusieurs particuliers dudict lieu en paisturant sur les fins et fynaiges dudict Belfort (...) et mesmes ès champs que sont dez delà des bournes là où qu'est ledict differend et furent gardez lesdicts beuffz depuis qu'ilz furent gaigez jusques audict jour que dessus, pendant lequel terme ceulx dudict Vaidoye furent deux foys audict Ynsprugkch à l'encontre de la ville (...)
D'ailleurs, on retrouve à la date du 28 juillet 1553 (p. 35) un dîner réunissant Nicolas Frayers (débrosseur), Moinget le maçon et Jean Paulmyer alors que messieurs les envoyerent (ce que nous interprétons par "en récompense d'avoir") aidé les banvards :
à prendre les bestes du Vaidoye et les amener à la ville à cause qu'elles estoient journellement sur le paisturaige dudit fynaige... |
Ces deux articles éclaircissent un peu l'importance du litige : les autorités belfortaines semblent avoir confisqué un cheptel des habitants de Valdoie, suite à des conflits récurrents.
Ceux-ci, peut-être après s'être adressés en vain à la régence d'Ensisheim, ont mis leur va-tout dans un, et même deux déplacements à Innsbruck, pour tenter de récupérer leur bien. Ce qui représentait un effort humain et financier considérable.
Il est possible que ce dernier article soit le reflet d'un accord trouvé entre les deux communautés, puisque les bœufs ont été rendus, après le paiement d'une amende minime, si on la compare aux frais causés par les trajets et séjours dans la capitale de l'Autriche antérieure et du Tyrol.
Cette affaire n’apparaîtra plus dans les comptes de la ville, hormis, après l'article de la p. 108, un dédommagement de 1 livre 10 sols à Jean Bernard, corvaisier à qui on avait emprunté son cheval pour aller à Innsbrück, lequel on ramenist blesser et boiteulx et qui dut rester longtemps à l'étable sans riens faire. Et encore 10 sols à Jean Polfer pour avoir mieger et guerir ledit cheval en l'estable.
Les archives conservent la trace d'autres litiges de ce genre à cette époque (20).
Datation :
Dans l'article Questions de datation ; maîtres bourgeois, nous avons utilisé un article (p. 12) citant le maître-bourgeois Jean Pelletier comme contrevenant pour son serviteur qu'est estez gaiger en couppant bois oudict pant devant de Salbert.
Ciment :
À la p. 33, le 2nd article nous fournit une liste d'ingrédients nécessaires pour préparer le ciment : la ville, à cette fin, fait l'achat de 4 channes d'huile, 140 œufs, du "poil de bourrelier", un couppot de paille de fer, de la farine blanche et aultres choses...
Fête des Rois :
En janvier 1554, deux articles (p. 58) :
Item bailler six solz ès roys de Challonvillers alors qu'ilz furent en ceste ville faire leur royaulmaige...
Item bailler pour cinq pintes de vin que furent données ès compaignons dudit Challonvillers alors qu'ilz passerent par devant la maison de la ville en faisant leurdit royaulmaige ...
Hiver :
Entre le 12 et le 18 janvier 1554 (p. 58) :
Item bailler trois solz audict Deilot de Lexceu pour ses pennes et sallaires d'avoir coupper la glasse par deux foys avec une haiche ouprès de la grant fontainne depuis la maison de Servoys Keller jusques en la maison de Pierre Heichemand pour laisser courrir l'eaue en la rue de l'Estuve.
L'hiver a donc été particulièrement rigoureux cette année-là.
Louvetterie :
Il est de coutume que la ville verse 5 sols à ceux qui se présentent avec la dépouille d'un loup. Relevé à 3 reprises dans ce compte : un homme de Chastenoy, un homme de Nommairs (Nommay) puis un homme de Chenebier.
Conférence :
En avril-mai 1554 (p. 77) :
Item bailler pour un cartault de vin que fut donnez ès filles de la ville pour leur confoirense...
Le terme de conférence s'entend au sens d'association (21).
Cadeau de bienvenue :
P. 93, le maître-bourgeois quiert 42 livres pour achat de deux boeufs qui furent envoyés à monsieur le bailli d'Ensisheim pour un présent que messieurs du conseil lui ont fait pour sa bienvenue au pays. Ces bœufs furent achetés à la foire de Pentecôte.
Le nouveau bailli d'Ensisheim est en l'occurrence Georg (II) comte de Helfenstein-Wiesensteig, baron de Gundelfingen (1518–1573), qui succède au poste de grand bailli de Haute Alsace (Oberlandvogt im Oberelsass) en cette année 1553 à Johann Marquard de Königsegg, décédé en mars ou avril de cette même année.
Ébauche d'enseignement public :
P. 104, pour son année de salaire, la bonne femme que receoit les enffans de la ville perçoit 2 livres et 10 sols.
Ces comptes font apparaître un certain nombre de corps de métier, soit du commerce, soit de l'artisanat. Ces derniers jouent un rôle important pour la ville qui a besoin de leur professionnalisme pour effectuer les travaux d'aménagement ou de réparation indispensables.
À leur côté apparaissent aussi une catégorie de travailleurs moins spécialisés, comme les charretons, ou ceux qui ne disposent que de leur force de travail pour gagner un maigre salaire.
Boulangers (avec mention du nombre d'actes fournissant la profession de l'intéressé)
La femme de Jean Bachey (1 acte).
Servois Chenier (1 acte) ; ultérieurement membre du conseil.
Jean Pelletier (maître bourgeois).
Steff, de Valdieu (2 actes).
Jacquot le Brothier, de Bessoncourt (1 acte) ; famille Brottier à Bessoncourt.
Ramestein, de Fontaine (1 acte) ; famille Ramstein à Lacollonge.
Liénard, de Wolfersdorf (peut-être Liénard Steck ?).
Bouchers
Claude Freryot (2 actes).
Henry Lhoste (maître du commun) (1 acte dans ce compte).
Un barbier
Huguenin Bourdenet, bourgeois depuis 1551 (1 acte) ; ultérieurement lieutenant du Rosemont.
Cordonniers
Jean Bernard ; originaire de Fontaine, bourgeois depuis 1523 (1 acte dans ce compte).
Henry Deidenaird ; originaire de Novillard, bourgeois en 1554.
L'horloger
Me Pierre Bachey ; n'apparaît que dans un acte.
Le fontainier
Jean-Jolly Gerdot (3 actes), souvent appelé simplement Jean Jolly.
L'un des banvards est envoyé le quérir à Évette pour lui faire revisiter les fontaines de la ville.
Un sellier
Richard Prevost (1 acte).
Un maréchal ferrant
Pierre Picquegnot (2 actes).
Un fournier
Pierrot Groz Perrin (1 acte).
Un mercier
Jean Duzier ; n'apparaît que dans un acte.
Un cordier
Jean Courdier (1 acte dans ce compte).
Un chaudronnier
Thévenin Comte (1 acte dans ce compte) ; bourgeois depuis 1540.
Tuiliers
Simon Brigoin (1 acte dans ce compte).
Rosselz, d'Essert (2 actes).
L'étuviste
Huguenin Ferryot (2 actes).
Serruriers
Jean Guernyer et son fils Adam Guernyer (1 acte chacun).
Demoinge Hoillon (1 acte dans ce compte) ; prénommé ultérieurement Dimanche.
Pelletiers
Martin Kolb (10)
Henry, fils du vieux meunier (1 acte).
Jean Bachey (2 actes).
Pierrot Moillot (1 acte) ; sera reçu bourgeois en 1558.
Antoine Noblot (1 acte) ; résident (ou son homonyme) à Évette.
Ces professionnels ont une place importante dans nos comptes, car ils sont régulièrement employés par la ville pour ses nombreux travaux. Détaillons un peu leurs engagements.
Les maçons
Girardot (Petitjehan ?) le maçon, Guillaume Boilley, Moingin Finguet et Moingeot Soingnon.
Girardot le maçon apparaît comme prestataire de la ville dans une quinzaine d'actes de ce compte, et dans bien d'autres ultérieurement. Jamais un patronyme n'est indiqué, mais, en novembre 1554, un Girardot Petitjehan, maçon, originaire de "Vellebay en Montaigne" est reçu bourgeois.
P. 31, il est employé pour recouvrir les allées de la ville ; il a des ouvriers mais fait aussi travailler sa femme (avant-dernier acte).
P. 41, il transporte des tuiles (22) et répare la margelle du puits devant la maison de la ville.
P. 51, il s'affaire encore sur les murs et les allées de la ville, sur la tour de Suarce, la porte de la Halle, à carreler, réparer, recouvrir, et remurer là où qu'il faisoit besoing et necessaire d'y remurer.
P. 89, on le retrouve à fixer les tuiles sur les mêmes allées. À la p. 90, il s'affaire encore sur ces allées. À la p. 94 il est rétribué pour avoir monté 900 de ces tuiles sur lesdites allées.
Girardot le maçon et Guillaume Boilley sont recrutés par messieurs en décembre 1553 pour refaire les chaufours (fourneaux) de la tuilerie ; ils participent aux transports de pierre, et les taillent.
En 1554 ils taillent des pierres pour le puits devant la ville et participent à sa construction.
Moingin Finguet participe à un seul contrat pour la ville : p. 33 il refait le ciment de la grand fontaine.
On voit de même, p. 44, Moingeot Soingnon employé une fois par la ville à travailler avec Simon Brigoin, tuilier, à refaire le fourneau du grand poêle, et ceux de la maison des bergers. Il est possible que, sous le nom de Moinget le Masson, il apparaisse dans un autre article (cf. Nicolas Frayers).
Les ouvriers du bois : monguyers, débrosseurs, chapus
Perrin Dormoy, Nicolas Frayers, Georges Roy.
Perrin Dormoy est l'artisan le plus souvent employé par le conseil des bourgeois en cette année de compte.
Il faut d'abord s'interroger sur sa profession. Il est toujours dit "monguyer". Ce terme n'est pas connu ; vu ses activités, et la proximité syntaxique, on l'a rapproché du terme "menuisier", qui n'est pas employé dans cette source.
P. 38 Perrin est payé pour avoir refait une partie des allées de la ville et la ramure de bois sur la pierre à poissons. Dans l'article suivant, il est encore missionné pour une autre partie des allées.
P. 42, il est engagé pour plusieurs ouvrages en la grosse tour de Suarce, dont la consolidation de sa ramure et de son chaffaut. P. 43, il est rétribué pour ces travaux, et invité à la table de la ville à la p. 44.
P. 46 il est rétribué pour avoir remplacé un pilier du pont d'Offemont et, p. 47, pour la fabrication d'un nouveau raistel de la porte de la Halle. Il est missionné p. 51 pour lever et ferrer ce raistel.
Nous sommes à présent en 1554 : p. 78, Perrin est rétribué pour divers ouvrages en bois, dont la réfection du coureur à courer la terre de la tuilerie, celle des ponts de la ville, des tiglots et la fabrication d'une porte, et, peu après, pour avoir participé au relevage de ce tiglot. P. 85, il est enfin payé pour diverses réparations sur les allées.
Dans un autre registre d'activités, p. 41, il prend en amodiation avec Servois Keller (11) le baptant et la Schliffz.
Beck, Leonhardt, illustration de Der Weiß Kunig (le Roi blanc), c. 1514, dont le texte est de l'empereur Maximilien Ier, grand-père de Ferdinand (voir ici) ; image via Wikimedia Commons |
Nicolas Frayers est débrosseur (ébéniste)
À la p. 32, il est rémunéré pour 2 tables, 5 bancs et 3 travers pour asseoir les gens de la ville.
À la p. 101, il reçoit 5 sols pour les réparations des fontaines.
À la p. 35, il est invité à la table de la ville avec 2 autres (dont Moinget "le masson") pour avoir aidé à capturer les bêtes de Valdoie (cf. 6-5).
Georges Roy est chappus (charpentier).
P. 60, dans deux articles consécutifs, est payé pour la fabrication de 120 pieds de platons pour les réparations des ponts de la ville, puis pour avoir, avec son serviteur, remplacé lesdits platons, et d'autres pièces du pont de la porte devant, sur le grand fossé.
Les 3 précédents (p. 82) sont rétribués pour avoir participé aux coupes de bois (5-3).
Jean Perrin Noblot est aussi mentionné comme monguyer, mais demeure à Valdoie et ne participe pas aux travaux pour la ville de Belfort.
Il n'est pas possible de considérer que la liste qui suit (9-1) représenterait de manière exhaustive les habitants de la cité. Côté recettes, les individus qui ne sont pas verbalisés n'apparaissent pas. Côté dépenses, la majorité des personnes citées sont des artisans ou des ouvriers prestataires pour la ville.
D'ailleurs, on constate que les personnes, dont la majorité réside bien à Belfort car ayant acquis un statut de bourgeois, ayant payé pour leur mariage, ou étant citées pour leur maison, n'apparaissent souvent pas dans d'autres entrées de compte.
N. B. Les individus ci-après sont présents dans la base de données. L'icône permet d'accéder à toutes les occurrences de l'individu (du moins sous l'orthographe retenue).
1 | le Knecht | serviteur | ||||
2 | Henry | fils du vieux meunier ; pelletier | ||||
3 | Huguenin | le grand | ||||
4 | Liénard | boulanger, de Wolfersdorf | ||||
5 | Moingeot | le manchot | prestataire, comme messager | |||
6 | Richarde | veuve de #21 | ||||
8 | ANTHENOT ? | Jean | le "colliaulx" | cas complexe et confus : « la veuve du fils Anthenot, pour son fils Jean le Colliaux» | ||
9 | BACHEY | Jean | pelletier ; sa femme est boulangère | |||
10 | BACHEY | Pierre | messire | horloger | ||
11 | BAGUESSON | Adam | ||||
12 | BAGUESSON | Jean | clerc | |||
13 | BAGUESSON | Nicolas | fils de #11 | |||
14 | BERGIER | Jean | mari de la mère de #8 | |||
15 | BERNAIGEOT | Guillaume | ||||
16 | BERNAIGEOT | Laurent | prestataire comme charreton | |||
17 | BERNARD | Jean | corvaisier | |||
18 | BESANÇON | Christophe | receveur de la seigneurie | |||
19 | BESANÇON | Jean | le jeune | |||
20 | BESANÇON | Jean | ||||
21 | BESSAT | Heinselin | (feu) | |||
22 | BOILLEY | Guillaume | maçon | |||
23 | BOILLEY | Henry | nouveau marié | |||
24 | BOILLEY | Jean | ||||
25 | BOILLEY | Petit Jean | prestataire comme charreton | |||
26 | BOUHEY | Christophe | nouveau marié | |||
27 | BOURCARDELZ | Cuenin | ||||
28 | BOURDENET | Huguenin | barbier et verrier | |||
29 | BOURQUARDEY | Cuenin | possède une maison à Belfort | |||
30 | BOURQUENOT | Jean | possède une maison à Belfort | |||
31 | BRIGROIN | Simon | tuilier | |||
32 | CARMYEN | Pierre | sechal de l'église | |||
33 | CHENYER | Servois | boulanger | |||
34 | CHOVIOT | Thiébaud | ||||
35 | CONTE | Thevenin | maignin | |||
36 | COURDIER | Jean | cordier ! | |||
37 | COURTIN | Hanneso | ||||
38 | CUENOT | Pierre | nouveau marié | |||
39 | DE BOTANS | Claude | conseiller | |||
41 | DE CHAULX | François | fils de #42 | |||
42 | DE CHAULX | Perrin | ||||
43 | DE CHAULX | Liénard | ||||
44 | DE LEXCEU | Deilot | lors de sa bourgeoisie, nommé Deilot Laurent | |||
45 | de MORIMONT | Frantz | possède une maison à Belfort | |||
46 | DE PARDEY | Henry | fils de #47 | |||
47 | DE PARDEY | Jean | voir #80 | |||
48 | de REINACH | Jacques | seigneur de Florimont (ne réside peut-être pas à Belfort) | |||
49 | DE SAULNOY | François | ||||
50 | DEIDENAIRD | Henry | cordonnier, nouveau bourgeois | |||
51 | DESCHAMPS | Deilot | probablement Deyle Deschamps, seigneur de Fresse, copropriétaire des mines d’Auxelles et de la forge d’Étueffont (voir 9.2 n°30) | |||
52 | DORMOY | Jean | nouveau marié | |||
53 | DORMOY | Perrin | monguyer ; souvent prestataire pour la ville | |||
54 | DUMONT | Jacques | messire | chanoine ; a un fils | ||
55 | DUZIER | Jean | mercier | |||
56 | ESTROICTAT | Renault | portier | |||
57 | FAIBVRE | Jacquot | maréchal ferrant | |||
58 | FAULVARNEY | Jean | banvard | |||
59 | FERMYER | Jacques | clerc de la ville, nouveau bourgeois | |||
60 | FERRYOT | Huguenin | badaire (étuviste) | |||
61 | FINGERLIN | Pierre | possède un chesal en ville | |||
62 | FINGUET | Moingin | maçon | |||
63 | FRAYERS | Nicolas | desbrosseur | |||
64 | FRERYOT | Claude | boucher | |||
65 | GIRARDOT | le maçon | peut-être Girardot PETITJEHAN, ou Peter GIRARDAT, maçon (CC5/2) | |||
66 | GRANGIER | Girard | ||||
67 | GREIDE | Antoine | ||||
68 | GROZ PERRIN | Pierrot | fournier | |||
69 | GROZ REGNAULT | Jean Henry | a été visiteur du feu | |||
70 | GUERNYER | Adam | serrurier, fils de #71 | |||
71 | GUERNYER | Jean | serrurier | |||
72 | GUERRAND | Gros Jean | ||||
73 | GUILLAMEY | Jean | ||||
74 | HAYE | Jean | prévôt pour le seigneur | |||
75 | HEICHEMAND | Henry | maître du commun pour l'année 1552-1553 | |||
76 | HEICHEMAND | Henry | fils de #77 | |||
77 | HEICHEMAND | Pierre | possède une maison à Belfort | |||
78 | HEISCO | Guillaume | ||||
79 | HOILLON | Demoinge | serrurier | |||
80 | JANCENEY | dit de Pardey | peut-être le même que #47 | |||
81 | JEHAN BARGIER | Perrin | voir #14 | |||
82 | KELLER | Servois | maître bourgeois l'année 1552-1553, conseiller, possède une maison à Belfort | |||
83 | KOLB | Martin | ||||
84 | LA MEIRE | Pierre | ||||
85 | LA VILLIERE | Thévenin | messager | |||
86 | LAMOUREUX | Jean | ||||
87 | LE MASSON | Moinget | voir #115 | |||
88 | LHOSTE | Antoine | (feu) | |||
89 | LHOSTE | Henry | maître du commun, boucher | |||
90 | LHOSTE | Jacques | ménandier de la chapelle Saint-Christophe de Brasse | |||
91 | MAILLARD | Simon | ||||
92 | MAISON | Roch | nouveau marié | |||
93 | MALBLANC | Christophe | banvard | |||
94 | MERCIER | Nicolas | maréchal ferrant du château | |||
95 | MOILLOT | Pierrot | pelletier, nouveau marié | |||
96 | NOBLOT | Antoine | escoffier | |||
97 | NOBLOT | Jean | fils de #96 ; nouveau marié | |||
98 | NOIROT | Jean | ||||
99 | PAULMYER | Jean | ||||
100 | PAULUS | Perrin | ||||
101 | PELLETIER | Jean | maître bourgeois ; boulanger | |||
102 | PERRARDEY | Henry | ||||
103 | PETIT GEY | Valentin | autres PETITGEY à Vescemont | |||
104 | PHENNING | Richard | ||||
105 | PICQUEGNEY | François | autres PICQUEGNEY à Offemont | |||
106 | PICQUEGNOT | Pierre | maréchal ferrant ; autres PICQUEGNOT à Bessoncourt | |||
107 | POLFER | Jean | serviteur | |||
108 | PREVOST | Richard | sellier | |||
109 | RAFFELIN | Jean Horry | possède une maison à Belfort | |||
110 | RAVET | Jean | ||||
111 | REGNAULT | Guillaume | nouveau marié | |||
112 | REGNAULT | Vuillemot | banvard pendant 2 quart d'ans et auparavant "broueder" de Brasse | |||
113 | ROY | Antoine | portier de la porte de la Halle | |||
114 | ROY | Georges | charpentier | |||
115 | SOINGNON | Moingeot | maçon | |||
116 | STECK | Liénard | Mre | possède un curtil | ||
117 | SURVYNET | Christophe | nouveau marié | |||
118 | THEUNET | Jacques | ||||
119 | VALLAT | François | ||||
120 | VERGIER | Jacques | nouveau marié | |||
121 | VIRON | Jean | ||||
122 | VOULLAND | Huguenin | serviteur de la ville | |||
123 | VOULLAND | Jean Richard | ||||
124 | VUILLEMIN | Vuillemin n’est peut-être qu’un prénom ; prestataire comme terrassier | ||||
125 | VUILLEMIN | le gros | Vuillemin n’est peut-être qu’un prénom | |||
126 | VUILLEQUEY | Nicolas | ||||
127 | WINGARTT | Balthazar |
Beaucoup de ces personnes interviennent comme charretons, pour la livraison ou le transport de bois, brut ou ouvré, ou de pierre ; d'autres apparaissent comme contrevenants.
La lecture attentive de ces comptes communaux, dont il faut insister sur l'exceptionnelle tenue, permet de lever un coin du voile sur la vie urbaine au XVIème siècle dans cette petite métropole régionale qu'était Belfort, en cette époque de relative stabilité.
Cartes de l'Autriche antérieure (Vorlande) :
- Les sites Austria-Forum et Aeiou présentent des cartes des pertes subies par la Vorlande jusqu'en 1815.
- Le site DeuFraMat présente une carte plus simple, avec en marron les terres Habsbourg (en simple contour les terres perdues au profit de la Confédération Helvétique). Elle présente aussi l'avantage de figurer le Tyrol.
Monopole du commerce du sel par les Belfortains dans le bailliage de Belfort : requêtes de la ville de Belfort contre les frères François-Conrad et Jacques de Ferrette qui ont ouvert un commerce de sel dans leur village d'Auxelles-Bas ; défense de ceux-ci qui prétendent que les villages de la Noblesse sont libres et ne relèvent pas du ressort du bailliage ; sentence de la Régence en faveur de la ville. - 14 novembre 1611 - 7 avril 1616 ; p. j. 1421, 1426, 1469.
Le dossier est de 1611 mais des pièces du XVème siècle sont citées.
Procès de la communauté d'Essert contre celle de Bavilliers qui a fait gager et emmener des bestiaux sur son territoire (...) ; condamnation de la communauté de Bavilliers à rendre les bêtes. 8 juin - 3 octobre 1560.
Le différend durait encore en 1624-1626 (1 C 5026), malgré un accord de 1592 (ADTB, 3 E 732 et 733).