LES SEIGNEURIES DE MONTREUX
La famille des sires de Montreux a pour origine Robert, chevalier, septième enfant de
Ferry (=Frédéric) V, comte de Toul, et d’Agnès de Ferrette.
Divers biens sundgauviens (sur lesquels
nous ne possédons pas de documents) apportés par Agnès passent à Robert puis
à son fils Ferry (cf. arbre généalogique simplifié des Montreux) pour lesquels ils
sont vassaux des comtes de Ferrette. Ils possèdent
en outre divers biens en Lorraine.
Il est toutefois probable que
les biens sundgauviens constitueront progressivement leur apanage principal,
d'où le nom de famille de Montreux.
Le fils de Ferry et d’Audate de Neublans, Didier de Montreux, chevalier et vassal
de Jeanne de Ferrette (dernière comtesse de Ferrette de la famille éponyme), entre en possession de son
héritage sundgauvien vers 1345. De sa première épouse,
fille du sire de Montjoie, naîtra Jean
de Montreux vers 1375. Sa seconde épouse, Guillemette, fille de Jean d’Auxelles, chevalier et sire de Melisey, lui donnera un autre
fils, Georges, né vers 1380. Ce
dernier sera l’auteur du rameau des Montreux, seigneurs de Melisey ;
il recevra en héritage le château de Melisey et tout ce que les seigneurs
d’Auxelles vassaux des comtes de Bourgogne possédaient en Franche-Comté.
Après avoir ravagé les terres du
duc de Lorraine en compagnie de son père pendant la dernière partie du XIVè siècle, Jean de
Montreux figure en 1424, parmi les défenseurs de Belfort durant la guerre
dite de Gageries. Conseiller des princes d’Autriche, il intervient dans les
litiges qui opposent la ville de Bâle à ses voisins. En 1445, en compagnie
de Pierre et Conrad de Morimont et de Jean de Thierstein, il déclare la guerre à la cité de Bâle et occupe
le château de Pfeffingen. Il épouse Marie de Graux qui lui apporte en dot d’importants biens en Lorraine
dont la forteresse de Saint Baslemont. De ce mariage
naîtra Frédéric de Montreux ;
comme le Sundgau fait partie des provinces de l’Autriche Antérieure, c’est
de l’archiduc Sigismond qu’il recevra en 1458, l’investiture du fief de Montreux.
Jean de Montreux était également le père de Georges, bâtard de Montreux, qui fut nommé prévôt de Belfort le 18
janvier 1455.
Georges de Montreux, fils de Didier, entra en possession de l’héritage
de sa mère en 1407. Il s’agissait de la forteresse de Melisey et de plusieurs
fiefs situés dans les Vosges Saônoises. Il reçut
également la moitié de la seigneurie et du château de Montreux. De son épouse,
Jeanne de Montjustin, il eut deux fils ; Jean, qui obtint en 1458, la part de
la seigneurie de Montreux de son père ;
et Didier, qui sera seigneur de
Melisey.
Ainsi en 1458, la seigneurie de
Montreux qu’avaient possédé Robert
et ses descendants au cours des deux siècles précédents, se trouvait-elle
partagée en deux. Frédéric de Montreux
tenait les villages de Cunelières, Frais, Chavannes
sur l’Etang, Chavannes les Grands, Lutran, Magny,
Romagny et Valdieu ainsi qu’une
partie du village de Petit-Croix; Jean pour sa part, tenait Montreux-Jeune,
Montreux-Vieux, Foussemagne, Bretagne et Fontaine.
Le bourg de Montreux-Château et le château lui-même étaient communs
(1).
De ses deux mariages avec Benedicte von Schellenberg
et Yolande de Haraucourt, Frédéric de Montreux, chef de la branche aînée, avait eu cinq enfants.
Après la mort de son fils unique, Adam, tué au siège de Salins, obtint de
l’archiduc Sigismond en 1475 que ses trois gendres soient co-investis de son fief de Montreux. Ainsi après sa mort en
1497, Louis de Reinach, Christophe
de Hattstatt et Etienne de Saint-Loup deviennent coseigneurs
de la part du fief de Montreux tenu par leur beau-père augmentée des villages
d’Eschêne et Autrage.
Seul Louis de Reinach eut des héritiers
mâles.
De son côté, Didier de Montreux, chef de la branche cadette, avait épousé Marguerite
de Saint-Loup qui lui avait donné au moins cinq enfants dont Antoine et Georges
de Montreux. Le premier joua un rôle politique important en s’engageant au
service de Pierre de Hagenbach, le bailli de Charles le Téméraire pendant
la période où le comte de Ferrette avait été engagé
au duc de Bourgogne. En 1475, il avait récupéré la part du fief de Montreux
possédé antérieurement par son père et qui était advenue en héritage à son
oncle Jean de Montreux en 1467, lequel était mort sans postérité. Cependant
comme la maison d’Autriche ne pardonnait pas à Antoine d’avoir choisi le parti
bourguignon, son fief avait été amputé de Fontaine qui avait été donné aux
Morimont. De sa mère, il avait hérité de biens importants
dans les Vosges, notamment la seigneurie et le château des Thons. Il était
donc également vassal du duc René de Lorraine. Il avait épousé Marie de Hagenbach
fille du bailli de Charles le Téméraire, mais ce mariage était resté stérile.
Après son décès en 1512, ses fiefs passèrent à son neveu, Guyot
de Montreux, fils de Georges, seigneur de Melisey.
En 1549, celui-ci se trouvant dans
une situation financière très délicate, vendit sa terre de Montreux pour 16000
florins à Nicolas Perrenot de Granvelle, conseiller et Garde des Sceaux
de l’empereur Ferdinand d’Autriche. Ainsi, cette partie de la seigneurie de
Montreux prit le nom de Montreux-Granvelle.
Nicolas Perrenot
mourut l’année suivante et l’investiture fut conférée à ses fils Frédéric
et Thomas. Ces derniers étant morts sans postérité, l’empereur Maximilien
accorda l’investiture en 1608, à Jean-Adam,
Jean-Thiébaud et Melchior de Reinach qui avaient acheté ce fief vacant.
Il s’agissait des trois fils d’Henri de Reinach, lui-même petit-fils de Louise
de Montreux et d'Etienne de Saint-Loup évoqués plus haut.
Au cours du 17è siècle, l’histoire
de ces deux demi-seigneuries de Montreux qui se trouvaient l’une comme l’autre
en possession des Reinach fut particulièrement chaotique du fait des ramifications
des différentes branches de cette famille et de la mort prématurée de plusieurs
des porteurs de fiefs. La part de la seigneurie échue à Louis de Reinach –
la seigneurie de Reinach-Montreux
– passa ainsi de père en fils à Jean-Sébastien, puis Egmond,
Jean-Jacques, Jean-Rodolphe et finalement aux deux frères, Philippe-Charles-Jacques et Humbert-Nicolas
de Reinach.
Dans le même temps, le reste de
cette seigneurie – la seigneurie de
Reinach-Foussemagne –constituée de la part conservée
par Antoine de Montreux augmentée de la part advenue à Etienne de Saint-Loup
dans la succession de Frédéric de Montreux, était passé dans les mains de
Melchior de Reinach, puis de ses
trois fils Jacques, Jean-Thiébaud et Jean-Henry
; ensuite, des trois fils de ce dernier, Melchior, Jean-Adam et Jean-Thiébaud ;
puis, Jean-Henri, fils de celui-ci,
et enfin, François-Guillaume, fils
de ce dernier.
Après la guerre de 30 ans, les
Reinach, ayant choisi le parti français contre leur ancien suzerain Habsbourg,
purent conserver leurs fiefs en devenant vassaux du roi de France.
Le 21 septembre 1699, François Joseph Ignace fils de François-Guillaume de Reinach-Foussemagne épousa Marie-Claire,
fille de Philippe-Charles-Jacques de
Reinach-Montreux. Ce dernier était décédé sans postérité mâle.
Pour autant les descendants de L’illustre famille de Montreux qui
descendait trois fois en ligne directe de Charlemagne à travers les comtes
de Montbéliard, les comtes de Bar et Ermentrude
de Bourgogne, avait tenu cette seigneurie depuis le 13è siècle. Grâce au jeu
des alliances, elle avait étendu ses possessions sur tout l’est de la France ;
historiquement vassale de l’empereur d’Autriche, elle avait également rendu
foi et hommage aux ducs de Lorraine comme aux comtes de Bourgogne. Elle s’éteignit
définitivement au début du 17è siècle avec Jean-Baptiste de Montreux, seigneur
de Jasney, le dernier descendant de la branche de
Melisey. Le nom de Montreux avait également
été porté au Moyen-Age par une famille de ministériaux
étroitement liés aux princes-évêques de Bâle qui se faisait appeler de
Montreux-Vieux et par une autre famille possessionnée à Chavanatte,
Boron et Bourogne connue comme les Montreux de Chavanatte. Malheureusement,
rien ne permet d’établir un lien entre elles et la famille de Montreux dont
il est question plus haut. Voir aussi Les Reinach, seigneurs de Montreux. Généalogie simplifiée de la famille de Montreux :