Le 30 juin 1683, Jean Balthazar Petit, doyen d'Ajoie, et Claude Louis Devillers, châtelain et tabellion de la seigneurie de Grandvillars, sur compromis de Jean Pechin, curé dudit lieu et de bourgeois et communautés de Grandvillars et Thiancourt, « terminent et décident » par un nouveau règlement les différents touchant les droits curiaux dûs aux curés de Grandvillars.
Ce nouveau règlement avait été rendu nécessaire par la perte des anciens titres lors des « cruelles guerres qui ont affligé le pays », et il était urgent de l'établir « tandis qu'il y a encore des vieilles personnes étant en vie en ladite paroisse ».
Ce règlement porte sur 19 points ; il mêle la « tarification » des « prestations » du curé et celle des droits et amendes.
Nous le résumons ci-dessous en distinguant les deux types de rémunérations.
Rétributions ou indemnités |
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Désignation |
contributeur(s) |
Montant |
divers |
Procession des Rogations |
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2 x 20 sols |
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Processions extraordinaires |
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7 sols sur le territoire de la paroisse |
« prestations » fournies à la demande des paroissiens |
20 sols en dehors du territoire de la paroisse |
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Le port des Stes Onctions |
la fabrique |
non mentionné |
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Indemnités pour avoir à porter à Delle les registres de l'Église |
la fabrique |
20 sols |
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Messes pour les fêtes « vouées » |
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8 sols pour une messe basse |
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Mariages |
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3 £ 3s 6d pour les fiançailles, publications de bans et
bénédictions de mariage. |
Ces rétributions se substituent aux anciennes qui consistaient à donner au curé une soupe, une pièce de bœuf, une pinte de vin et un pain |
Baptêmes |
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1 sol 4 deniers. |
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Bénédiction d'une maison |
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1 poule |
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Hosties et vin de messe |
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3 £ par an |
Indemnité fixée dans l'attente d'une décision de l'Archevêque |
Prières pour le salut d'un malade |
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3 sols |
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Droits ou amendes |
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Labours |
bourgeois possédant une charrue |
3 matinées de labour par an à la demande du curé. |
Les bourgeois ayant ½ charrues se rassemblent pour fournir les
journées demandées. |
Offrande des jours de Purification de Notre Dame, de St Pierre de février et de Toussaint |
bourgeois possédant une charrue |
3 x une tourte (miche) de pain |
Le curé rendra une des tourtes aux garçons [célibataires] et 2 au maître d'école |
bourgeois possédant une ½ charrue |
3 x une ½ tourte de pain |
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manouvriers |
2 rappes [la rappe est une ancienne unité ou pièce de monnaie, valant peut-être 2 deniers] |
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Bois d'affuage [chauffage] |
bourgeois possédant une charrue ou ½ charrue |
3 matinées de voiturage de bois (ou la moitié pour les ½ charrues), en déduction des matinées de labour. |
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Entretien de la maison curiale |
les paroissiens |
Grosses réparations |
Les petites réparations sont à la charge du curé |
Naissance d'un enfant bâtard |
la mère |
4 £ d'amende |
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Droit mortuaire |
la famille |
4 £ 3s 4d pour un chef de famille (l'une des 2 personnes les
plus âgées de la famille). |
Le curé devra célébrer 3 grandes messes |
1 quartal de vin pour un enfant mort-né |
Les rétributions « convenables » des messes demandées par les parents sont à leur charge. |
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½ quartal de vin pour un enfant de moins d'1 an |
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Autant de sols bâlois que d'années de l'enfant décédé |
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L'aumône (après un décès ?) |
la famille ? |
17 sols 9 deniers + une tourte de pain |
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Les offrandes |
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Elles appartiennent entièrement au curé |
Les paroissiens sont priés de les faire aux jours de fêtes solennelles |
Bétail |
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2 vaches et 3 cochons. |
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Mariages hors de la paroisse |
le paroissien concerné |
3 £ |
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Naissance d'un premier enfant |
la famille |
1 poule |
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... cette liste n'étant pas exhaustive, les autres redevances (éventuelles) « seront payées et demeureront dans la jouissance [du curé] comme de toute ancienneté ».
La paroisse de Grandvillars
A l'origine, Grandvillars est formé de 3 paroisses, et 3 églises dont 2 au moins subsistent en 1683. A partir de 1617, l'archevêque réunit les 3 paroisses en une seule. Cette paroisse réunit les communautés de Grandvillars et de Thiancourt.
En 1692 (d'après ADHR E 2970), la dîme est levée
à la 11ème gerbe ; 10/27 en revient au curé de
Grandvillars.
Les rémunérations ci-dessus ne sont
donc qu'une petite partie des revenus de la cure.
Texte complet :
Premièrement que tous les bourgeois habitants
et
paroissiens dudit Grandvillars Thiancourt
et territoires en
dépendants qui auront charrue
entière seront
tenus et obligés de faire par
chacune année trois
journées de charrue
quand ils seront demandés par
le sr. leur curé
De même et ainsi que ceux qui
n'auront que demie
pour leur demie charrue et que se joindront
deux
demies charrue pour faire journée ensemble
bien
entendu que la journée se fera dés le bon
matin
jusques à midi ou environ au retour de quoi
ledit
sr. leur curé et ses successeurs curés leurs
devront
pour chaque charrue une pinte de vin
ensemble le diner honnête
et convenable à des
laboureurs et pour ceux qui ne
seront appelés
et demandés pour faire leur
journée de
charrue ils donneront audit curé
quatre
sols monnaie de France par an.
Secondo chaque ménage dépendant de
ladite
paroisse de Grandvillars ayant charrue
entière sera
obligé d'offrir à l'église une tourte
de
pain telle qu'elle se fait dans le ménage
des soirs de
fête accoutumées savoir à
la purification
de notre Dame au jour de
fête St. Pierre en chaire au
mois de février
et au jour de Toussaint. Ceux qui auront
demi-
charrue une demi tourte ou plutôt une entière
moindre de la moitié de l'ordinaire. Et quant
aux
manouvriers il seront tenus aux jours de fête
susdites
d'offrir à chantel (?) deux Rappes ; demeurant
ledit
sr. curé chargé de rendre une desdites
tourtes aux
garçons de la paroisse auxdits jours de
fête
purification et deux aux Mres d'école
à
chacun des avant-dits trois jours de fêtes
Tertio au regard du bois nécessaire pour l'affuage
dudit
sr. curé il est dit que lesdits paroissiens ayant
charrue
entière ou demi comme dessus seront
tenus à la
réquisition dudit sr. curé
en déduction ou
au lieu des susdites journées de
charrues de lui aller
voiturer pendant une
matinée conforme à celle de
la charrue en leurs
donnant par ledit sr. curé la même
nourriture
et pinte de vin.
Quarto quant aux processions des Rogations il
est dit que
pour le second et troisième jour le sr.
leur curé
aura pour ses peines vingt sols de
France par chacun desdits
deux jours.
Quinto pour le regard des processions extraordinaires
il est
déclaré que lorsque le sr. curé sera
recherché
d'en faire dans le territoire de ladite
paroisse
il aura pour rétribution sept sols de France
Et
pour celles qui se feront au delà dudit territoire
il
aurait vingt sols prédite monnaie.
Sexto il est ici reconnu que la fabrique de
l'Eglise dudit
Grandvillars sera obligée de payer
le port des Stes
onctions comme de coutume
comme aussi la visite des Registres
de ladite
Cure ensemble de vingt sols de France pour les
peines
du sr. leur curé le cas advenant
que le Révèrent
sieur procureur général ou son
délégué
lui commandât de les lui porter à Delle
ou autre
part pour en faire visite.
Septimo si un jour des fêtes vouées
les
paroissiens dudit Grandvillars désirent avoir
la
messe comme il convient il seront tenus de donner
pour
rétribution audit sr. curé huit sols de France
pour
une basse messe et douze sols dite monnaie
pour une à
haute voix.
Octavo quand à ce qui concerne le logement
et maison
du curé dudit Grandvillars il a
été dit
qu'icelle étant mise en bon et dû
état par
lesdits paroissiens, elle sera
maintenue par le sr. curé
pour les menues
réparations, tant seulement les grosses
et considérables
tombantes à la charge desdits
paroissiens.
Nono pour le droit au sr. curé par ceux de
ses
paroissiens qui se marient l'on déclare que
tant
pour les fiançailles, publications de bans et
bénédiction du mariage il sera dû au sieur
curé
trois livres de France
ensemble des
trois
sols six deniers
de France qui se
posent sur le
livre
faisant la
bénédiction et
d'une poule
pour
la bénédiction
du lit nuptial,
moyennant
quoi
les paroissiens seront exempts de traiter lesdits
jours
ledit sr. curé et de lui envoyer une soupe
une pièce
de bœuf, une pinte de vin et un pain
comme l'on avait
accoutumé ci-devant
Et au lendemain du jour des noces
pour
rétribution de la messe les nouveaux
mariés
offriront une pinte de vin et un pain.
Decimo un jour qu'une femme accouchée relève
de
.... son action de Grâce dans l'Église
après
la bénédiction sera obligée d'offrir
sur
l'autel un sol quatre deniers de France ou un sol bâlois
et
en outre six sols huit deniers de France pour
rétribution
de la messe au cas où elle la demande.
Undecimo on déclare que les filles ou veuves
qui
tomberont en faute et auront bâtard donneront
pour
amende au sieur curé quatre livres
de France.
Duodecimo pour les bénédiction de maison
aura
une poule
Tertio decimo pour ce qui est des hosties et du
vin
nécessaires à la célébration de la Ste
messe
l'on dit que lesdits paroissiens ou la fabrique paiera
au
sr. curé trois livres de France par chacun an
tandis
qu'appointement contraire ne sera rendu
par Monseigneur
l'archevêque sur la Requête
à lui présentée
à ce sujet.
Decimo quarto dans chaque maison ou ménage
les deux
plus anciens mariés ou non mariés
seront chefs
d'hôtel et un d'eux venant à décéder
sera
dû au sr. curé pour son droit mortuaire
quatre
livres de France et outre ce trois sols
quatre deniers de
France qui se posent sur le
cercueil sortant le corps de la
maison
moyennant quoi le sr. curé est obligé de
célébrer
trois grandes messes pour le repos de
l'âme du
défunt. De plus les trois dimanches
suivant
l'enterrement sera offerte à chaque jour de
dimanche une tourte de pain.
Et pour le regard des petits
enfants et autres
n'étant point chef d'hôtels il
est dit que
l'enfant venant à mourir la mère
étant en couche
sera dû au sr. curé un
quartal de vin pour
son droit mortuaire si après la
couche et l'an
n'étant point révolu un demi
quartal que si
l'année est révolue le sr. curé
aura pour son
droit autant de sols bâlois que d'année
aura
l'enfant décédé ; bien entendu que
les messes
et services que les parents du défunt
exigeraient
du sr. curé auront leur rétribution
convenables.
L'année étant révolue des la
mort d'un chef
de famille et le retour de fosse ou annal (?)
veut (?)
le sieur curé aura vingt trois sols de
France
Et pour l'aumône comme on l'appelle
communément
dix-sept sols neuf deniers de
France avec une tourte de pain.
Decimo quinto au sr. curé appartiennent toutes
les
offrandes de quelle nature qu'elles soient
qui se font sur les
autels des églises
dudit Grandvillars, les paroissiens
dudit lieu
étant ainsi très instamment invités
de faire
leurs offrandes sur l'autel des jours de
fête
solennels de l'année comme il est de
droit et coutume
dans les paroisses
bien réglées.
Decimo sexto le sr. curé aura dans la bergerie
de sa
paroisse cinq bêtes franches
de tout et sans obligation
aucune envers
les bergers savoir deux vaches et trois cochons.
Decimo septimo si aucun des paroissiens
désire se
marier et habiter hors de la
paroisse sera tenu de payer au
sieur curé trois
livres de France pour le droit du sr.
curé
et outre ce et au cas qu'il veuille avoir leurs
lettres
de "recedo" ils donneront au sr. curé
deux livres
de France.
Decimo octavo quand le sr. curé sera recherché
de
chanter et prier le salut pour un malade
on lui donnera pour
rétribution trois sols
de France.
Decimo nono pour le premier enfant qui sera
baptisé
après l'une ou l'autre des bénédictions
des
fonds s'observera la coutume de donner
une poule au sr. curé.
Et pour ce qui est de toutes les autres
redevances dues à
un sr. curé dudit
Grandvillars et desquelles n'est fait
ici
mention icelles lui seront payées et en
demeureront
dans la jouissance comme de
toute ancienneté (...)
Jean Baltazard Petit, prêtre curé
doyen d'Ajoie
Devillers (juge, châtelain,
tabellion ordinaire de Justice de Grandvillars)