Au revers de la couverture du GG2 de Fêche-l'Eglise (registre des baptêmes de 1721 à 1792, le curé Jean Pierre Belin (en charge de la paroisse de 1739 à son décès en 1782) a noté quelques "observations des fournitures faites depuis 1740"
Ce document serait banal s'il n'avait émaillé sa liste de quelques remarques sur la dureté des temps, ou les événements météorologiques.
En voici le texte, transcrit ensuite ; nous n'avons changé que la ponctuation, la mise en page et le signe £ au lieu de #, pour désigner la monnaie de compte de l'époque, la livre tournois.
L’année 1740 Breton de Boncour a fait notre reliquaire qui a coûté six
livres.
En 1745 jay fais faire les robes rouges pour les enfans qui servent la
messe et jay acheté l’encensoir.
En 1748 Breton a fait le retable de St Valère et St Antoine et Ste Agathe.
Suzanne Breton a donné le verni à l’autel de Notre Dame.
En 1747 le devant d’autel du chœur a été fait.
Le 9 décembre 1755 il y a eut un tremblement de terre qui faisait trembler
les maisons.
La nuit du 18 au 19 février 1756 le vent a été si impétueux qu’il a
renversé les maisons, les toits de paille et beaucoup endommagé ceux
de tuiles. Le 26 février de la même année le pêcher près de la grange
était fleuri.
Le 3ème jour de mars le village de Grand fontaine a été incendié.
L’an 1751 Breton a fait le tabernacle pour 51 écus. En 1758 jay acheté
la chappe et une chasuble pour 7 Louis. Aussi l'echarpe pour la bénédiction.
En 1760 jay mis le voile du ciboire que Mr Genti de Belfort qui avait
les mines, m’avait donné. Le 5 avril de la même année la congrégation
des hommes a été établie.
Le 17 octobre 1766 jay acheté le dais, une chasuble rouge croix blanche
et une noire pour 7 Louis et demi. Jay eu de différents particuliers 19£
ce qui est peu vut que le bois coûte 3 Louis.
Le 14 janvier 1768 jay acheté une chasuble blanche pour 2 Louis. Le 30
septembre 1769 jay acheté une chasuble blanche pour 5 Louis et demi et
une violette pour 14 écus, du Sr François marchand de Saverne.
Le 23 avril 1770 jay acheté à Besançon le missel nouveau, le graduet et
tout pour 16£ le port a coûté 5 £ .
En 1772 jay deja été obligé de faire relier le missel à Porrentruy pour
4£. En 1762 Jay acheté un calice pour 102£ l’autre mavait deja coûté 24£
par échange fait à Porrentruy en 1743. je ne parle pas de bien d’autres
fournitures : linges chandeliers… La communauté a acheté la bannière qui
coûte 70 £ la croix et le ferrement 15 £.
Je lay béni le jour de Pâques, le 11 avril 1773. Celle [la bannière]
des filles, achetée par Claudine Perrinot, ma servante a été bénie le
jour de la fête dieu 1773.
La société des Jésuites a été éteinte le 16 septembre par une bulle du
pape « pro bono pace » ce qui a fait peine aux bons catholiques mais la
crainte d’un patriarche en France en Espagne et en Portugal a engagé le
St Père à détruire un ordre célèbre plutôt que de voir un schisme dans
les royaumes qui fellicitaient la destruction des papistes.
Le 7 février 1773 jay acheté du Sr François marchand de Saverne une chasuble
rouge pour 6 Louis et 2 cingalum pour 48 sols.
Au mois de septembre 1776 jay fait boiser le chœur on a fait la niche
de Ste Claire et Ste Agathe. Jay donné au menuisier 61 £ et au sculpteur
54 £ 2 sous.
D'abord, intéressons-nous au tremblement de terre du 9/12/1755.
L'année 1755 a été celle de la première catastrophe naturelle "mondialisée". En effet, le 1er novembre 1755, la ville de Lisbonne a été détruite par un puissant tremblement de terre, suivi d'un tsunami. Ce séisme ayant été ressenti dans plusieurs pays, il a profondément frappé la mémoire des contemporains.
Gravure sur cuivre, 1755, Musée de la Cité, Lisbonne
Le 9 décembre de la même année, la Suisse
et les régions alentour sont à leur tour le théatre d'une
secousse sismique, dont l'épicentre semble s'être situé
dans le canton du Valais. Un ouvrage contemporain est consacré à
ce sujet : "Mémoires historiques et physiques sur les tremblemens de terre",
par Élie Bertrand (1713-1797) publié en 1757 à La Haye
chez Pierre Gosse le jeune.
En voici quelques extraits ; on notera en particulier les paragraphes consacrés
au canton de Bâle, tout proche du Territoire-de-Belfort :
Mais dans sa recherche sur les phénomènes géophysiques
des années 1755-56, Elie Bertrand nous comble car il relate également,
dans le même mémoire, les vents "impétueux"
du 19 février 1756 :