Une enfant trouvée
Par Denis C.
AD90 1 E 93, N.D.M.3
Les images 383/384 de 1841-1869 (1 E 93, N.D.M.3) de l’état civil de Sermamagny présentent un acte remarquable et étonnant par plusieurs aspects.
Remarquable d’abord parce que c'est un acte particulièrement rare, au vu de la situation de la personne concernée.
Il s'agit en effet de l'inscription, dans le registre des naissances de 1868, d'une enfant trouvée, abandonnée devant la porte d'une maison de Sermamagny.
Remarquable ensuite par la façon dont le patronyme de l'enfant est déterminé.
Ce bébé, anonyme par la force des choses, devra, pour figurer dans le registre, être doté d'un nom et d'un prénom. L'officier d'état civil, rédacteur de l'acte, avec certainement l'approbation des témoins et déclarants, lui attribue donc le patronyme de LAGRANGE puisque cette enfant a été trouvée devant ... la grange de la maison !
Le prénom sera Marie Valentine. Marie, bien sûr, puisque la quasi totalité des filles reçoit ce nom de baptême et Valentine parce que … ce prénom était, sans doute, apprécié du rédacteur !
Acte remarquable enfin par son contenu.
En effet, en plus des formules habituelles propres à un acte de naissance, on y trouve la description, précise et détaillée, de l'habillement de cette enfant.
Voici la transcription de l'acte.
L'an mil huit cent soixante huit, le sept juin, à cinq heures du matin, devant nous Bardot Louis, maire et officier de l’État civil de la commune de Sermamagny, canton de Giromagny, arrondissement de Belfort, département du haut-Rhin, a comparu publiquement, en la maison commune, Bourquard Florine, couturière, âgée de quarante-neuf ans, domiciliée à Sermamagny, laquelle nous a déclaré que ce matin à quatre heures, elle a trouvé à Sermamagny, dans de la paille, devant la porte de grange de la maison de sa mère, la veuve Bourquard, un enfant du sexe féminin, tel qu'elle nous le présente, paraissant âgé de quinze jours, vêtu d'une chemise, emmailloté de deux langes, trois bonnets, le tout en toile ; un mantelet en piqué, un autre en indienne, doublé de lustrine grise ; un jupon ouaté, également en indienne , et deux petits mouchoirs de cou ou fichus l'un blanc et l'autre en couleur, ce dernier marqué en fil blanc aux initiales Z. G. ; et de suite nous avons inscrit l'enfant sous les nom et prénoms de Lagrange Marie-Valentine, et avons ordonné qu'il fût transporté à l'hospice dépositaire de Belfort. Lesdites déclaration et présentation faites en présence de Sébastien Grandgeorges, instituteur, âgé de trente ans et Jules Bardot, cultivateur, âgé de vingt quatre ans, tous deux domiciliés à Sermamagny, lesquels, ainsi que la déclarante, ont signé avec nous le présent acte, après lecture.
Signatures :
Apparemment, l'enfant est en bonne santé, bien protégé des rigueurs des nuits encore fraîches de juin et l'abandon n'a pas dû être réalisé dans la précipitation puisque le bébé paraît âgé d'une quinzaine de jours.
On peut maintenant se demander pourquoi le rédacteur de l'acte s'est donné la peine de faire cet inventaire méticuleux des vêtements de l'enfant.
Peut-être qu'ému par la situation de ce bébé, il a inconsciemment ressenti le besoin de laisser un signalement qui permettrait, un jour, à quelqu'un, de retrouver les origines de cet enfant et de le reconnaître, particulièrement avec le monogramme brodé sur d'un des fichus…
Mais qui ? Cet acte n'est évidemment pas destiné à être rendu public, ni affiché ou même seulement lu par qui que ce soit d'autre que l'officier d'état civil, les témoins et les déclarants.
L'acte précise que la fillette sera confiée à l'hospice de Belfort. Mais ensuite ? Comment savoir ce qu'elle est devenue ?
Mettant à profit la nouvelle fonctionnalité de LISA qui permet de trouver toutes les occurrence d'un patronyme présent dans sa base de données, sans contraintes géographiques, on découvre facilement que dans l'état civil moderne il n'existe que deux actes se référant au patronyme LAGRANGE.
L'un concerne une Marie LAGRANGE, mère décédée de l'épouse, dans un acte de mariage à Rougemont-le-Château en 1889.
Il ne peut s'agir de notre sujet car cette Marie LAGRANGE doit être née bien avant 1868.
L'autre concerne également une Marie LAGRANGE, et il y est spécifié qu'elle fut trouvée devant la porte de la veuve BOURQUARD à Sermamagny, le 7 juin 1868.
Aucun doute, nous avons bien retrouvé la trace de notre bébé abandonné !
Mais hélas, son histoire s'arrête ici car il s'agit de son acte de décès.
Marie Valentine LAGRANGE est décédée, à tout juste 10 ans, le 9 juin 1878 dans la maison de Alexis MONNIER, son père nourricier, âgé de 43 ans, résidant à Étueffont-Haut. (1E 41. NDM 4-5 / 1870-1900 – image 109)
Remarquable d’abord parce que c'est un acte particulièrement rare, au vu de la situation de la personne concernée.
Il s'agit en effet de l'inscription, dans le registre des naissances de 1868, d'une enfant trouvée, abandonnée devant la porte d'une maison de Sermamagny.
Remarquable ensuite par la façon dont le patronyme de l'enfant est déterminé.
Ce bébé, anonyme par la force des choses, devra, pour figurer dans le registre, être doté d'un nom et d'un prénom. L'officier d'état civil, rédacteur de l'acte, avec certainement l'approbation des témoins et déclarants, lui attribue donc le patronyme de LAGRANGE puisque cette enfant a été trouvée devant ... la grange de la maison !
Le prénom sera Marie Valentine. Marie, bien sûr, puisque la quasi totalité des filles reçoit ce nom de baptême et Valentine parce que … ce prénom était, sans doute, apprécié du rédacteur !
Acte remarquable enfin par son contenu.
En effet, en plus des formules habituelles propres à un acte de naissance, on y trouve la description, précise et détaillée, de l'habillement de cette enfant.
Voici la transcription de l'acte.
L'an mil huit cent soixante huit, le sept juin, à cinq heures du matin, devant nous Bardot Louis, maire et officier de l’État civil de la commune de Sermamagny, canton de Giromagny, arrondissement de Belfort, département du haut-Rhin, a comparu publiquement, en la maison commune, Bourquard Florine, couturière, âgée de quarante-neuf ans, domiciliée à Sermamagny, laquelle nous a déclaré que ce matin à quatre heures, elle a trouvé à Sermamagny, dans de la paille, devant la porte de grange de la maison de sa mère, la veuve Bourquard, un enfant du sexe féminin, tel qu'elle nous le présente, paraissant âgé de quinze jours, vêtu d'une chemise, emmailloté de deux langes, trois bonnets, le tout en toile ; un mantelet en piqué, un autre en indienne, doublé de lustrine grise ; un jupon ouaté, également en indienne , et deux petits mouchoirs de cou ou fichus l'un blanc et l'autre en couleur, ce dernier marqué en fil blanc aux initiales Z. G. ; et de suite nous avons inscrit l'enfant sous les nom et prénoms de Lagrange Marie-Valentine, et avons ordonné qu'il fût transporté à l'hospice dépositaire de Belfort. Lesdites déclaration et présentation faites en présence de Sébastien Grandgeorges, instituteur, âgé de trente ans et Jules Bardot, cultivateur, âgé de vingt quatre ans, tous deux domiciliés à Sermamagny, lesquels, ainsi que la déclarante, ont signé avec nous le présent acte, après lecture.
Signatures :
le Maire : Bardot / Grandgeorges / Bourquard / Bardot J.
En marge :
Lagrange Marie-Valentine, enfant trouvée à Sermamagny le 7 juin 1868, présumée née le 23 mai.
Apparemment, l'enfant est en bonne santé, bien protégé des rigueurs des nuits encore fraîches de juin et l'abandon n'a pas dû être réalisé dans la précipitation puisque le bébé paraît âgé d'une quinzaine de jours.
On peut maintenant se demander pourquoi le rédacteur de l'acte s'est donné la peine de faire cet inventaire méticuleux des vêtements de l'enfant.
Peut-être qu'ému par la situation de ce bébé, il a inconsciemment ressenti le besoin de laisser un signalement qui permettrait, un jour, à quelqu'un, de retrouver les origines de cet enfant et de le reconnaître, particulièrement avec le monogramme brodé sur d'un des fichus…
Mais qui ? Cet acte n'est évidemment pas destiné à être rendu public, ni affiché ou même seulement lu par qui que ce soit d'autre que l'officier d'état civil, les témoins et les déclarants.
L'acte précise que la fillette sera confiée à l'hospice de Belfort. Mais ensuite ? Comment savoir ce qu'elle est devenue ?
Mettant à profit la nouvelle fonctionnalité de LISA qui permet de trouver toutes les occurrence d'un patronyme présent dans sa base de données, sans contraintes géographiques, on découvre facilement que dans l'état civil moderne il n'existe que deux actes se référant au patronyme LAGRANGE.
L'un concerne une Marie LAGRANGE, mère décédée de l'épouse, dans un acte de mariage à Rougemont-le-Château en 1889.
Il ne peut s'agir de notre sujet car cette Marie LAGRANGE doit être née bien avant 1868.
L'autre concerne également une Marie LAGRANGE, et il y est spécifié qu'elle fut trouvée devant la porte de la veuve BOURQUARD à Sermamagny, le 7 juin 1868.
Aucun doute, nous avons bien retrouvé la trace de notre bébé abandonné !
Mais hélas, son histoire s'arrête ici car il s'agit de son acte de décès.
Marie Valentine LAGRANGE est décédée, à tout juste 10 ans, le 9 juin 1878 dans la maison de Alexis MONNIER, son père nourricier, âgé de 43 ans, résidant à Étueffont-Haut. (1E 41. NDM 4-5 / 1870-1900 – image 109)
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