Registres anabaptistes

Mennonites alsaciens vers 1815 See page for author, Public domain, via Wikimedia Commons

Par LISA
Archive : Afham 1D 1, 3
(Le contenu de cet article pourra évoluer en fonction de nouvelles informations qui pourraient nous parvenir)

Les Archives départementales du Territoire-de-Belfort ont récemment mis en ligne deux documents conservés par l'Association française d'histoire anabaptiste mennonite (Afham) à Montbéliard.

Il s'agit de registres de naissances, mariages, décès et baptêmes, constitués par deux "assemblées anabaptistes" : celles de La Maie (90067 Menoncourt) et de Neuneich (68186 Ligsdorf).

Nous nous sommes ensuite intéressés à deux registres produits par l'assemblée de Montbéliard, en ligne sur le site des Archives Municipales de cette ville.


Les assemblées anabaptistes au XVIIIème siècle (fond de carte IGN)

Tous ces registres sont rédigés dans la langue pratiquée alors par les mennonites (et encore de nos jours par certaines communautés amish en Amérique) : le dialecte alémanique du canton de Berne, dont la majorité des familles étaient originaires.

Nous avons dans chaque cas effectué le relevé des actes antérieurs à 1793, qui sont particulièrement intéressants, car ils ne figurent pas dans les registres paroissiaux catholiques, seuls, dans notre département au moins, à faire office d'état civil avant 1793.
On peut rappeler ici l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts (1539) qui imposait aux églises catholiques la tenue de registres cultuels. À contrario, les registres anabaptistes dont il s'agit ici sont des initiatives locales, voire individuelles, dont nous allons tenter de révéler les contours.

Les synthèses et remarques qui suivent se limiteront également à la période de l'ancien régime, alors que les ouvrages cités dans les notes étendent leur champ d'étude jusqu'au XXème siècle.

1. Historique

Beaucoup d'anabaptistes mennonites suisses, persécutés par leurs autorités (16), vinrent s’installer au début du XVIIIème siècle en Alsace, en la principauté de Montbéliard et dans l'actuel Territoire-de-Belfort. La noblesse locale les y accueillit volontiers, parmi des populations d'origines régionales, au début dans l'objectif  de défricher et repeupler les terres abandonnées suite à la guerre de Trente-Ans.

Les diverses archives notariales que nous avons dépouillées nous montrent en cette période leur présence dans des fermes de l'est et du sud du département, à Angeot, Fontaine, Boron, Chalembert (Grandvillars), Montreux-Château, Normanvillars, Florimont puis Giromagny.

Une enquête de l’intendance d’Alsace de 1780 (AD67 C338) dénombra 43 anabaptistes dans le bailliage de Belfort et 270 dans le bailliage de Delle (cf. 2-5). 

Sous l'ancien régime, les anabaptistes étaient tenanciers, fermiers (Lehmann), intendants (Vogt) ou ouvriers agricoles (19). Dès l'origine, ils ont une très bonne réputation d'agriculteurs et d'éleveurs (3). Frappés ici et là par des sentences d'expulsion, souvent en but à l'hostilité des populations locales et des autorités, ils étaient cependant recherchés et protégés par les grands propriétaires, qui, quand ils n'étaient pas de simples particuliers, pouvaient se permettre de déroger aux arrêtés de bannissement.
Ballottées par les décisions administratives, les familles anabaptistes furent souvent contraintes à chercher de nouveaux fermages, de même que les fils, souvent nombreux, devaient trouver de nouvelles exploitations où exercer.

La République leur accorda la citoyenneté, qui leur permettait de s'intégrer. Toutefois, leur refus de porter les armes, entre autres (voir plus loin), conduisit de nombreuses familles à émigrer aux Amériques, et même en Europe de l'est, dés la fin du XVIIIème siècle.

2. La Maie
2-1. L'assemblée de La Maie

Le registre de la communauté de La Maie nous fournit des informations sur les premières installations d'anabaptistes dans le "Territoire-de-Belfort".

La Maie était une ferme où se réunissait une assemblée anabaptiste, sur le territoire de Menoncourt, détruite an 1912 par un incendie ; le lieu à présent conquis par la forêt :


(sur cet extrait du cadastre napoléonien AD90 3P89 est figuré le temple de la congrégation)

Au XVIIIème siècle, cette ferme était la propriété du comte de Reinach-Foussemagne (4).

2-2. Le registre de La Maie

Ce registre (21) concerne directement les habitants de l'actuel Territoire de Belfort.

Pour sa partie d'ancien régime, on compte 91 actes de naissances, 23 mariages et 17 décès, classés dans 3 listes, plus des baptêmes (5).

La rédaction des actes est extrêmement factuelle. Les actes de naissances se présentent généralement ainsi :

den () ist zu () le () est à ()
ein ehlichen sohn / tochter gebohren namens () né un fils / fille légitime nommé(e) ()
sein Vater () seine Mutter () son père () sa mère ()
zeig (signatures) témoins ()

Les mariages et décès sont tout aussi sobres, avec la particularité de fournir, quand c'est possible, le nom des parents, quel que soit l'âge du défunt (on ne retrouvera pas ces informations dans les registres de Montbéliard). Cette sobriété a un aspect moderne, tranchant radicalement avec la formulation des actes catholiques, qui étaient d'abord des actes sacramentaires.

Les actes sont assez faciles à lire ; les difficultés concernent principalement des toponymes, qui peuvent être des transcriptions phonétiques (parfois approximatives, comme Wangurr pour Thiancourt), ou désigner une ferme, sous son nom alémanique, ou phonétique. Nous n'avons pas localisé les lieux "auf der Frie", "Geheim" et "der Rich Bourg".

Curieusement, lors du brochage du livre, il a été adjoint aux feuillets de l'assemblée de La Maie une feuille provenant d'un autre registre ; voir ci-dessous.

Le document ne possède pas de page de titre ; chacune des 4 parties est précédée d'un sobre descriptif :


Geburtz register von der Gemein von lamä (Registre des naissance de la communauté de la Maie)

2-3. Statistiques

Toute cette partie concerne uniquement les actes antérieurs à 1793.

Statistique des actes de naissances, de mariages puis de décès :



On constate que seules les naissances présentent une certaine régularité. Les décès en particulier ne sont pas cohérents avec la mortalité habituelle ; la plupart des inhumations ayant eu lieu à Masevaux (6), les actes de décès manquants peuvent avoir été rédigés dans une assemblée locale, si elle tenait un registre.

Lieux de résidence (naissances et décès, les actes de mariage n'en portant pas la mention) :

résidence naissances décès
Ammertzwiller 1  
Belfort 15 1
Bourbach 5 1
Bourbach-le-Haut, ferme de Niederwyhl [68290] 7  
Bretten 1  
les Chésaux [entre Montreux-Jeune et Bretagne] 1  
Danjoutin 2 1
"Eschäfter" [Essouavre ?] 2  
Florimont 2  
"auf der Frie" 5  
"Geheim" 1  
Grandvillars, Chalembert 6  
Menoncourt, la Maie 5 2
Meroux   1
Méziré ? 1  
Montreux 1  
"der rich Bourg" 1 1
Rougemont-le-Château 16 4
Rougemont-le-Château, St-Nicolas 13 6
Sévenans 2  
Thiancourt 3  
Traubach 1  

: naissances ;  : décès.

Patronymes :
nom n m d total
KLOPFENSTEIN 79 33 21 133
MÜLER 28 8 6 42
REICH / REICHER / REIS / RICHER 16 13 4 33
JODER 24 5   29
GRABER / GÄRBER / GRAB 7 14   21
LAUGENBEÜLL / LÜGENBÜHL 8 8 5 21
GERIG 13 5 2 20
SCHLEGEL 18 2   20
STAUFER 12 2 2 16
RITSCHART 6 5 3 14
LEMAN 9 2   11
NAFTZER 7 2 2 11
ERNST / ÄRNST 7 2   9
WÄNGER 7 2   9
HOCHSTETTLER 4 2 1 7
BÄCHER 4 2   6
UMEL / AUMEL 4 1 1 6
STOLL 4 1   5
BLANK   2 2 4
GÖMEN 2 2   4
SOMMER 2 1 1 4
WEÜRGEL / WÜRGLER 2 2   4
BACHMAN 1 1 1 3
EÄNGEL   2   2
EICHER   2   2
KUNRAT   2   2
REINDELL ?   2   2
ROTH   2   2
SCHINDLER   2   2
BOLEIGER   1   1
HOCHBRUGER 1     1
LINDER   1   1
MAURER 1     1
NEUHAUSER     1 1
SCHMIT     1 1
WEIS     1 1
WEITER KEHR   1   1
WIDWER 1     1

Il s'agit du décompte des occurrences de patronymes, toutes citations comprises, hormis les témoins.
On voit l'importance du patronyme Klopfenstein. Tous les porteurs descendent d'un seul ancêtre, Hans Klopfenstein, originaire de Frutigen dans le canton de Berne (7).
La famille Klopfenstein jouera aux XIXème et XXème siècle un rôle notable dans le secteur de Belfort.

2-4. Origine des familles anabaptistes

Parmi ces noms, beaucoup figurent dans les "certificats des Anabaptistes" de 1703 et 1708 (AD68 E201, cité par 8) concernant les familles de Ste-Marie-aux-Mines :
Loginbühl, Bachmann, Blank, Ioder, Hochstettler, Gerig, Müller, Roth, Graber / Gärber.
Plusieurs de ces familles furent contraintes de quitter leurs terres suite à l'édit royal d'expulsion de 1712 qui fut appliqué au moins en partie (9).

Un "décompte du domaine montbéliardais avec les fermiers anabaptistes" de 1715-1716 (AD25) permet de même aux auteurs de (8) d'estimer que la plupart des familles mennonites apparaissant à Montbéliard vers 1713 venaient d'Alsace, et particulièrement de Ste-Marie-aux-Mines ("quoiqu'étant d'origine bernoise").


Nous n'avons guère de traces aussi anciennes pour les anabaptistes dans le "Territoire-de-Belfort". En tout état de cause, leurs patronymes ne correspondent guère à ceux du domaine montbéliardais, par lequel elles ne paraissent pas avoir transité (hormis peut-être les Joder (10) et les Hochstettler).

Si on veut donner une date à laquelle les sources à notre disposition établissent que les premiers anabaptistes sont implantés dans le TdeB, on ne peut avancer que l'année 1736, où le couple Hans Müller x Barbara Bachman, installé dans la forêt de Florimont ("in dem blum berg valt") déclare un fils à l'assemblée de La Maie (c'est d'ailleurs le seul acte de naissance dans ce registre pour un habitant de la seigneurie de Florimont), les naissances antérieures concernent des habitants de Bourbach-le-Haut, dans le Haut-Rhin. Et les actes notariaux que nous examinons plus loin ne fournissent pas de date antérieure.

2-5. Les anabaptistes dans d'autres archives (AD90)

Les autres sources concernant les anabaptistes sous l'ancien régime sont peu nombreuses :

  • baux par des seigneurs de fermes (et moulins) à des preneurs anabaptistes (explicitement ou par recoupements) ; la source principale est la cote 3E 1066 (seigneurie de Florimont), plus quelques autres actes notariaux et de justice ; d'autres sources pourraient se faire jour dans des cotes non encore numérisées.
  • quelques actes paroissiaux catholiques,
  • enfin l'enquête de l’intendance d’Alsace de 1780 (AD67 C338) citée plus haut.

Actes notariaux et de justice

Cette section est très incomplète, et une mise à jour est prévue

R. Boigeol (8 et 11) a mené une vaste étude des foyers anabaptistes de la principauté de Montbéliard et du Territoire de Belfort. Pour ce second secteur, il a étudié une série des AD68 désignée par la cote 1E 23. Cette série a depuis été dévolue aux AD90 ; la cote 3E 1066 renferme la plupart des baux (ou rappels de baux) à des fermiers mennonites relevés par Boigeol (12).
Voici un état comparatif des éléments relevé par Boigeol et de ceux que notre dépouillement a révélés (13) :

domaine preneur liste Boigeol 3E 1066 (bailleur : Barbault)
Maison Rouge (Florimont) Klopfenstein 1739 ("d'après Joachim")  
" Kauffmann 1745 ("d'après Joachim")  
la Norape (Rechésy) Bösinger 1745, 1760 1747, 1760, 1784
Stauffer Stauffer 1747, 1776, 1785 1747, rappel de 1737 ; 1785
Tüller Tüller 1747 ("Christianne") 1747, rappel de 1737
Amstutz Augsbourg 1750, 1758 1750
" Amstutz 1772, 1781, 1790 1790
Muller Bachmann, vve Muller 1751 1751
Vainger Vainger 1759, 1784 1759, 1784, 8 documents
Steiner Steiner Daniel 1772, 1781 1781
"   1772, 1784 1772, 1785
Steiner 2 Steiner 1772, 1781 1781
Steiner 3 Steiner 1779 1779, 1788
la Pomelière Lügenbill 1772, 1782  
moulin de l'Écrevisse (Normanvillars) Werthe (anabaptiste ?) ? 1710
" Lügenbill ?  
" Klopfenstein ?  
" Lügenbill 1780 1789
ferme de l'Écrevisse Vainger ?  
Berneur Berneur 1790 1790

Il ne manque finalement dans notre relevé que celui de "la Pomelière".

Autres collections (non exhaustif) :

  • (actes notariaux) Nicolas Stocki, garçon anabaptiste demeurant sur sa ferme à Grandvillars, en 1773 ; baux de la vacherie de Chalembert à des anabaptistes : Christ Stauffer de 1786 à 1802, puis Jean, Christ et Ulrich Bösiger et Jean Steiner, tous de la ferme du Lomont à Boron, en 1802.
  • (actes de justice) Christ Stocki, fermier du seigneur de Grandvillars, en 1771 ; Nicolas Scheley (Schlegel) de Chalambert, en 1781 ; Jacob Scheleberg de Chalambert, en 1783 ; Pacifique Stocky de Grandvillars en 1787 ; en 1782, une procédure oppose deux anabaptistes : Jean Steiner de Boron et Nicolas Schlegel de Chalambert.

À l'heure où nous écrivons cet article, toutes les sources contenant potentiellement des informations sur les fermiers anabaptistes ne sont pas encore dépouillées. En particulier les cotes contenant des baux seigneuriaux des seigneuries de Florimont, Foussemagne et Thiancourt.

Actes paroissiaux

Dans un cas, le sacrement catholique du baptême est administré par un curé à un enfant d'un couple anabaptiste :
Joseph Veiss, fils de Jean de Méziré, en 1774 (aucune explication n'est mentionnée).

Un peu plus fréquemment sont baptisés dans la foi catholique des enfants illégitimes d'une mère anabaptiste :
Jean Baptiste, fils de Catherine Mosiman de Montreux-Château, en 1772,
Jean, fils de Madeleine Aliman de Montreux-Château, en 1782 (le père est catholique),
Anne Marie, fille de Barbe Gerber de St-André, en 1788.

Dans ces registres paroissiaux, on trouve quelques actes d'abjuration :
D'enfants orphelins, au moins de père :
Jean Pierre Schwartz, fils de feu Jean Schwartz de Florimont, en 1759 (13 ans),
Françoise Neühaus, fille de feu Jean Neühaus, de Grosne, en 1767 (11 ans)
Précédant le mariage avec un catholique :
Françoise Georgine, fille de Hans Bachman de Rechésy, en 1764 (16 ans), avant qu'elle épouse en 1767 François Bourquenot, procureur fiscal des mines, veuf.
Anne Marie Philippine Joséphine Thérèse Joder, fille de feu Benedikt, de La Maie, en 1773 (18 ans), avant son mariage avec Jean Claude Zamphe.

Quelques actes inhabituels :

  • la sépulture de Marie, jeune enfant de Guillaume Kifer, anabaptiste, fermier à la Norappe : "comme cet homme est de la secte des anabaptistes, il a enterré (sa fille) à sa façon" et  payé au curé, en sa qualité de curé dudit domaine (de Norappe) un droit de 7 sols (1738).
  • le baptême de Jean Pierre, fils de Jean Pint et Anne Miezler, "anatholicorum", habitant à Rougemont, en 1773. S'agit-il d'anabaptistes ?
  • l'ondoiement par la sage-femme d'un enfant mort-né de Michel Müller et Barbe Wainger de Chavanatte, anabaptistes ; le père a refusé qu'il soit inhumé dans le cimetière paroissial (1788).

Enquête de 1780

Cette  enquête statistique sur les anabaptistes d'Alsace fut ordonnée par l'Intendant en 1779. Pour la partie qui nous intéresse de la subdélégation de Belfort, elle donnait les résultats suivants :

bailliages hommes femmes enfants domestiques totaux
Belfort 6 7 11 19 43
Delle 59 65 146   270

On remarque immédiatement la forte majorité de résidents du sud du département (comprenant les seigneuries de Delle, Florimont, Thiancourt, Grandvillars, Montreux...) alors que le registre de La Maie présente des proportions inverses, cf. 5. Registres d'autres assemblées ?.

3. Le registre de Neuneich

Neuneich était une assemblée mennonite dont le lieu de culte était implanté dans la ferme du même nom, à Ligsdorf, dans le Glaserberg, à moins de 2 km de la Suisse.


Plan napoléonien AD68 3P 392 (de nos jours, les fermes mentionnées sur cette carte ont cédé la place à des forêts)

Le registre détenu par l'Afahm est beaucoup plus tardif et court que le précédent (1788 - 1800, plus un baptême de 1806).
Sa tenue est moins rigoureuse : les actes de baptêmes se mêlent aux naissances. Curieusement, on y trouve aussi la liste des enfants de deux familles : celles de Peter Richer de Liebsdorf et de Hans Richer de Biederthal.

Dans son intitulation, les familles désignées sont celles "des gemeinen Neünaich des ambts und grafschaft Pfirdt" (des communautés de Neuneich du bailliage et comté de Ferrette). Pour la période d'ancien régime, nous trouvons des habitants de la marge sud du département du Haut-Rhin, entre Levoncourt, Liebsdorf et Biederthal.

On ne compte en tout pour la période, hormis les listes familiales, que deux naissances, trois baptêmes, trois mariages et quatre décès. Sur les 4 défunts, 3 sont inhumés dans la "Blochmunder hof", ou Blochmonthoff (68194, Lutter). Il s'agit d'une exploitation agricole, sans doute tenue par des anabaptistes (15), située à environ 3 km de Neuneich. Cette pratique est encore en vigueur dans 2 actes, jusqu'en 1797, puis les défunts seront inhumés dans la forêt de Florimont, et enfin à Birkenhof, dés 1799 (15).


Plan napoléonien AD68 3P 395

Cette congrégation, aujourd'hui disparue, a eu pour "descendante" (selon le terme du site gameo) celle de Birkenhof, à Ruederbach, aujourd'hui encore bien active.

4. Montbéliard
4-1. La communauté de Montbéliard

Les implantations mennonites dans la principauté de Montbéliard sont plus anciennes que celles du Territoire-de-Belfort.
D'après Boigeol et Mathiot, qui ont pu s'appuyer sur une documentation fournie (8, p.18), elles débutent dans la décennie 1710 (1736 pour le TdeB).

La principauté de Montbéliard ne relèvait pas du royaume de France, ce qui permit au prince d'accueillir à sa guise les familles ayant dû quitter l'Alsace. Les autorités luthériennes avaient une attitude ambivalente envers eux. Bien qu'elles ne les aient pas persécutés de la même manière que les autorités catholiques (France) ou calvinistes (Berne) l'ont fait, elles n'encourageaient pas non plus leurs pratiques.
Malgré une présence assez ancienne, la communauté montbéliardaise ne semble pas avoir possédé de registre avant 1750 (celui de La Maie débute en 1729) ; voir cependant feuillet supplémentaire du registre de La Maie.

Pour plus de détails sur cette communauté, extérieure à notre secteur d'étude, nous renvoyons à l'ouvrage de Boigeol et Mathiot.

4-2. Les registres de Montbéliard

Il existe bien deux registres différents, en ligne sur le site des Archives Municipales de Montbéliard (AMM), même si leurs "producteurs" sont identiques (merci à Michel S. de nous les avoir fait découvrir) :

  • un cahier original, coté GG39, portant le cachet de la ville de Montbéliard, signé à la fin Hans Richer et Hans Roth (anciens de l'assemblée). Boigeol et Mathiot le désignent comme "un Registre déposé aux Archives de Montbéliard" (8 p. 117). Nous nommerons cette source "registre de la ville".
  • un autre cahier, coté GG40, photocopie d'un registre portant le cachet de l'église évangélique mennonite de Montbéliard, allant de 1750 à 1958 ; ce registre original est détenu par l'église de la Prairie de Montbéliard, coté 2P6 dans l'inventaire de l'Afham, à qui sa conservation a été confiée. Nous nommerons cette source "registre de l'assemblée".
  • une troisième cote, GG40bis, transcription dactylographique de la précédente.

L'itinéraire des documents numérisés est à ce jour inconnu. Les pièces elles-mêmes (original pour le premier, photocopie pour le second), ont été à une certaine époque détenues par la ville, mais ne sont pas, ou plus, aux mains des AMM (merci au service pour son accueil et sa disponibilité). Seules subsistent les microfilms et leurs versions numériques.

Le registre de la ville et celui de l'assemblée ont pour points communs :

  • de ne pas avoir été composés "en direct" ; vu la régularité des écritures, ils ont certainement été rédigés à posteriori à partir de traces écrites diverses (c'est particulièrement évident pour les listes d'enfants), en une seule fois pour le premier et en plusieurs étapes pour le second.
  • contrairement au registre de La Maie, ils ne comportent pas de liste des naissances ; une liste d'enfants par famille en fait office,
  • les parents des individus principaux ne sont pas toujours cités, surtout dans le registre de la ville et en début de période ; la mère ne l'est jamais.

Ils se différencient par les points suivants :

  • Le (mystérieux) registre de la ville est limité dans ses objectifs : dans les mariages, la plupart du temps, seuls les conjoints sont désignés, avec le lieu de l'union et le nom de l'officiant. Il manque toujours le domicile des conjoints. En outre, du moins jusqu'en 1788, il se restreint aux événements s'étant déroulés dans la seigneurie de Montbéliard.
    Les décès embrassent un ensemble un peu plus vaste de familles ; il manque assez peu d'actes de ce type par rapport au registre suivant.
    L'absence des actes de naissance est en partie compensée par une liste des enfants nés jusqu'au 26 décembre 1793, classés par nom du père (la plus ancienne est celle de Maria Hochtetler, à Essouavre, en 1755). Là encore, malheureusement, l'identité de la mère est absente, et la liste est strictement restreinte à la principauté de Montbéliard. De plus, seule la résidence du père est mentionnée, et le lieu de naissance des enfants fait défaut. Nous avons relevé ces listes comme elles se présentent.
  • Le registre de l'assemblée a des objectifs plus vastes : son auteur a cherché à relater tous les mariages célébrés par un "ancien" de l'assemblée de Montbéliard, voire ayant été signalés à l'assemblée (cf. ci-dessous) ; les informations manquantes dans le précédent sont de plus en plus souvent mentionnées ; on trouve de fréquents commentaires sur les circonstances de l'union, du décès, ou sur les familles concernées. La forme des noms et prénoms est plus vernaculaire, ou orale, que dans le registre de la ville ; par exemple, on trouvera Willi pour Ulrich, Bäbi pour Barbara... Nous avons donc privilégié les formes anthroponymiques du registre de la ville.

Au final, le premier registre apparaît un peu comme un résumé du second, réduit aux informations essentielles ; avec peut-être une volonté de "normalisation" des noms. On peut faire l'hypothèse qu'il s'agit d'un registre destiné aux nouvelles autorités républicaines, comparable aux registres produits par les autres cultes.

Le registre de l'assemblée débute par une page de présentation de l'ouvrage, rédigée par Hans Richen et traduite par Boigeol et Mathiot (8) : 
Ceci est un registre d'assemblée, pour l'assemblée de ceux qu'on appelle Mennonites ou Anabaptistes, (...) dans le comté de Montbéliard.
Il contient premièrement les noms et les prénoms des personnes qui ont (...) été reçus par le baptême dans l'assemblée.
Il contient aussi les dates et noms de ceux qui se sont mariés civilement (18) ou religieusement et les noms de ceux qui les ont mariés.
Troisièmement sont inscrits les dates exactes des décès, les noms et prénoms de tous ceux qui moururent dans l'assemblée des Mennonites. (...)

Dans sa transcription GG40bis, on trouve ce préambule :
Le présent registre est plutôt une œuvre personnelle, celui qui l'écrit mentionne les faits auxquels il a prit part. C'est ainsi que souvent sont mentionnés les actes concernant d'autres assemblées, alors qu'il y a certainement des lacunes en ce qui concerne Montbéliard.
(...) Le registre a été commencé en 1750, par Hans Riche, de Belchamp (...) En 1790, Hans Roth, des Gouttes, commence à l'écrire (...)
4-3. Contenus relevés

Mariages : le registre de l'assemblée fournit des indices intéressants sur les cérémonies de mariage de cette communauté, du moins pour la période ancienne :
Elles se déroulent la plupart du temps dans des fermes, qui peuvent accueillir et abriter un certain nombre de personnes ; il peut s'agir du domicile d'un des conjoints ou de ses parents ; à la fin de la période étudiée, c'est souvent la ferme de Hans Roth, aux Gouttes (auf der Gutten), à Montbéliard, qui est utilisée.

AD25 3P389 feuillet 5

Elles sont célébrées par un ministre du culte, ou plusieurs. Il est parfois noté que toute la communauté est réunie, ce qui signifie que le mariage peut au contraire se dérouler dans un cadre plus restreint, purement familial.

Décès : les auteurs ont souvent mentionné des détails inhabituels sur les circonstances de la mort ou la situation de la famille ; voire des jugements assez tranchants sur certains de ses membres.

Listes d'enfants : le registre de la ville débute par 8 pages de listes des enfants de 38 familles, toutes installées dans la principauté de Montbéliard (+ 1 acte de naissance) ; voir au chapitre suivant les lieux concernés. Comme on l'a écrit plus haut, il s'est peut-être agi de remettre aux autorités locales un substitut au registre de naissances que cette assemblée n'a pas constitué ; on a vu dans le registre de Neuneich un pointage similaire, pour deux familles. Le choix de cette forme est éventuellement un aveu de l'impossibilité de reconstituer un état exhaustif des naissances pour l'ensemble de la communauté de la Principauté.

Les registres contiennent également des listes de baptisés, mais les informations mentionnées (identités des jeunes gens et de leur "baptiste") n'apportent rien de plus que les listes d'enfants. Nous ne les avons donc pas relevées.

Les commentaires mentionnés dans les décès révèlent le fait que les "anciens", non seulement président les cérémonies, mais se veulent ainsi les garants du respect des règles de la religion.
Il est assez évident que ce rôle est difficile à exercer dans un environnement mixte, ce qui était le cas dans notre région.
4-4. Statistiques et carte

Comme pour le registre de La Maie, il n'est pas pertinent de prendre en compte les lieux mentionnés dans les mariages ; la plupart du temps, un seul lieu y est indiqué, plus probablement celui de la cérémonie.

Nous dressons donc deux tableaux de localisation :

Les décès, qui ont l'avantage d'inclure des familles du TdeB, voire du secteur de Ferrette.

Eywarnen ? 1   Grand-Charmont 4
Luss / Läüst ?
1   Grandvillars 2
Neudorf ?
1   Le Vernoy 1
Allenjoie 4   Levoncourt 2
Audincourt 2   Liebvillers 1
Belfort 1   Magny-Danigon 1
Bendorf 1   Meroux 1
Béthoncourt 3   Montbéliard 29
Bourogne 1   Morvillars 1
Brebotte 1   Nommay 1
Brognard 3   Pierrefontaine-lès-Blamont 3
Bussurel 3   Présentevillers 1
Châtenois 1   Riespach ? 1
Chavanatte 2   Seloncourt ? 1
Clairegoutte 1   Sévenans 2
Courcelles-lès-Montbéliard 1   Sochaux 1
Couthenans 5   Ste-Suzanne 3
Dampierre-les-Bois 1   Vaufrey 1
Dürmenach 1   Verlans 3
Étupes 2   Villars-lès-Blamont 1
Florimont 3   Voujeaucourt 3


Les listes d'enfants, qui font apparaître d'autres implantations. Il s'agit bien des lieux de résidence de la famille en décembre 1793, et non des lieux de naissances, jamais inscrits, ni de résidences des enfants (certains sont décédés, et beaucoup d'autres, mariés ou non, ne résident plus avec le père). Tous les lieux sont situés dans le Doubs ou la Haute-Saône.

résidence en décembre 1793 père   nb. d'enfants
Allenjoie KRÄYENBÜL Hans 7
 - LICHTY Jacob 8
 - STOLL Jacob 4
Arbouans EICHER Joseph 7
Audincourt HOCHSTETLER Christen 2
Autechaux-Roide (Montclergé) RITSCHART Kaspar 4
Bief (les Recets) EICHER Peter 2
Chagey (Genechier) ROTH Hans 8
Chenebier EICHER Hans 5
Couthenans GRABER Hans 5
 - GRABER Peter 3
Étupes LUGENBÜL Hans 1
Exincourt ROTH Jacob 5
Grand-Charmont SCHADT Christen 4
 - SCHADT Hans 1
 - VON KÄNNEL Christen 1
Héricourt (St-Valbert) RICHEN Jacob 6
Le Vernoy (Essouavre) HOCHSTETLER Peter 7
Montbéliard FLÜCKIGER Ulrich 4
 - MEYER Hans 3
Montbéliard (la Petite-Hollande) SCHINDLER Hans 3
 - SCHINDLER Christen 2
Montbéliard (la Schliffe) HABLÜTZEL Simon 1
 - KRÄIENBÜL Peter 2
 - KRÄYENBÜL Christen 2
Montbéliard (les Gouttes) ROTH Johannes 11
Morvillars WEISS Hans 7
Pierrefontaine-lès-Blamont (Brisepoutot) RITSCHART Melcker 4
- RITSCHART Michel 2
Seloncourt KUNRADT Martin 5
Sochaux LUGENBÜL Christen 3
Terres-de-Chaux (Montprévoir) GRABER Peter 11
Vaufrey GRABER Daniel 7
Vaufrey (Bouverance) WITTMER Hans 5
Vaufrey (la Seigne) KUNRAD Jacob 4
 - SCHMUCKER Jacob 4
Verlans GÄÜMEN Hans 6
Voujeaucourt (Belchamp) RICHEN Johannes 8


La carte ci-dessous (fond IGN) illustre les deux tableaux : en vert le nombre de décès, et en bleu le nombre de familles (et non des enfants).

Les différences de pondérations tiennent, en plus des variations inhérentes aux classes d'âges, à la difficulté du projet de constitution de listes d'enfants. En effet, les auteurs (Richen et Roth) ont voulu obtenir avec exactitude les dates de naissances de tous les enfants des familles. Ne pouvant se référer à un registre des naissances, on peut imaginer que certains des parents n'ont pas pu répondre à la demande, et que leur famille n'apparaît pas dans la liste (de toutes manières limitée à la Principauté).

5. Registres d'autres assemblées ?

Les éléments du paragraphe 2-5 montrent clairement que tous les actes d'état civil des familles anabaptistes du TdeB ne figurent pas, et de loin, dans le registre de la Maie.

Il y manque manifestement tous les habitants de la seigneurie de Florimont. Dans les baptêmes, un seul acte les concerne, celui cité dans le paragraphe 3-3 (1736), et c'est aussi la seule famille (Müller x Bachman) concordant avec celles qui apparaissent dans le notariat étudié par LISA et par Boigeol. Il en manque aussi pour Chalambert, et peut-être encore pour les habitants de l'ouest et du sud du département.

Quelques actes (surtout des mariages) se retrouvent dans le registre de l'assemblée de Montbéliard.

Existait-il une autre assemblée anabaptiste, peut-être à Florimont ? A-t-elle tenu un registre ?

Beaucoup d'auteurs sont affirmatifs sur le premier point.
Boigeol (11) en particulier, citant D. L. Gratz (17), parle d'"assemblée de Florimont", dont les premiers "serviteurs de la parole" seraient Nicolaus Eängel puis Peter Klopfenstein. En fait, le second est le gendre du premier et fils de Peter Klopfenstein "l'aîné", pilier de l'assemblée de la Maie. Son mariage, en 1753, avec Maria Eängel figure dans le registre de La Maie. Cette union entre des familles éminentes de la communauté mennonite est évidemment très logique.
De même, en commentaire d'un mariage (Daniel Klopfenstein et Maria Riss, le 2 décembre 1788, le rédacteur du registre de Montbéliard, Hans Richen, évoque un "serviteur" de Florimont, sans le nommer (wir Dienner von Mümpelgardt und Blumbärgt). 
Il semble donc bien que la communauté de Florimont était organisée en assemblée dans la 2nde moitié du XVIIIème siècle.

A l'inverse, E. Hege (20) estime que les anabaptistes du secteur de Florimont ne se sont pas organisés en assemblée avant le milieu du XIXème siècle.

En tout état de cause, aucun auteur ne mentionne de registre concernant cette communauté pour la période antérieure à la Révolution.

Les prémices de l'organisation cultuelle des anabaptistes du secteur sont finalement difficiles à établir, en dépit des affirmations parfois contradictoires des différents auteurs.

Un mot encore sur la singularité du feuillet surnuméraire du registre de La Maie. Il est écrit d'un seul côté et constitué de 3 actes de naissances :
  • 1742 : Annely, de Michel Reischard et Barbara Scheindler, de Montbéliard,
  • 1754 : Maria, de Hans Wänger et Katrina Geärber, de la forêt de Florimont,
  • 1759 : Katrina, des mêmes que le premier, cette fois à Brisepoutot (Pierrefontaine-lès-Blamont).

S'agissait-il d'une simple note, ou du début d'un registre disparu ? Dans les deux cas, il n'est guère explicable qu'y figurent des familles aux résidences aussi espacées ; ni qu'il ait pu être relié dans le registre de La Maie, avec lequel il n'a rien de commun (à part la forme des actes).

6. Conclusion et perspectives

(On pourra trouver ici d'autres publications concernant les anabaptistes)

Les documents mis en ligne par les AD90 et les AMM sont précieux autant qu'ils sont rares, offrant un éclairage sur une période où la communauté anabaptiste bénéficiait de peu de visibilité. Et Boigeol, qui s'interroge sur la présence d'anabaptistes à Belfort, n'avait pas connaissance du registre de la Maie.

LISA a informé les AD90 de l'intérêt de la numérisation du registre de l'assemblée de Montbéliard, qui n'est pour l'instant accessible qu'à travers sa médiocre photocopie (GG40), et dont la mise en ligne complèterait celle des registres de la Maie et de Neuneich (les mariages et décès de Montbéliard basés sur le GG40 n'ont pour l'instant pas été indexés, vu la médiocrité de la photocopie en ligne).

Enfin, dans le but de compléter l'étude de la communauté installée dans le TdeB, il serait très utile de pouvoir étudier les baux seigneuriaux des seigneuries du sud et de l'est du département (séries 2E4 et 2E5, Florimont, Foussemagne, Thiancourt), qui ne sont pas actuellement disponibles sur le site des AD90.

Merci aux services d'Archives pour leur assistance.


Notes
1. Avant la Révolution, les minorités protestantes en France étaient confrontées à des situations diverses en ce qui concerne la tenue des registres d'état civil, mais dans de nombreuses régions, elles n'étaient pas autorisées à tenir des registres séparés et étaient souvent subordonnées aux pratiques de l'Église catholique.
Dans certaines régions toutefois, comme le Languedoc, la Guyenne, le Dauphiné et la Provence, où les protestants étaient relativement nombreux et bénéficiaient d'une certaine tolérance religieuse, les églises protestantes étaient autorisées ou obligées de tenir des registres d'état civil.
2. Dans nos relevés, à La Maie, les âges des baptisés varient entre 10 et 16 ans, avec une grosse majorité entre 11 et 14.
3. Un rapport des receveurs du domaine des comtes de Montbéliard (AD25) d'environ 1735 note : "Ils connaissent l'agriculture. Ils font bien valoir les terres et les entretiennent en bon état par la quantité de bétail qu'ils nourrissent".
Voir aussi :
- Seguy, Jean, Religion et réussite agricole, la vie professionnelle des Anabaptistes français du XVIIe au XIXe siècle, 1969.
- Kalyntschuk Mathieu, Agriculture et religion au 19e siècle. L’exemple des anabaptistes-mennonites du pays de Montbéliard, 2006.
4. Le domaine et la ferme de la Maie furent achetés en 1711 par le comte de Reinach (AD68 108J 226/39, cité par Varry, in BSBE 1981).
En bordure sud de ce domaine, sur le territoire d'Éguenigue, se trouve actuellement une ferme, plus récente, appelée "ferme Gerig". Joseph Gerig, anabaptiste, apparaît comme résident à La Maie dés 1783.
5. Nous avons noté la date du baptême sur le relevé de l'acte de naissance, et relevé les baptêmes des enfants dont l'acte de naissance, antérieur à 1793, ne figurait pas dans le registre.
6. Dans Enninger, W., & Wolff, M. (1997). Lieux d’inhumation anabaptistes: une approche proxémique. Archives de Sciences Sociales Des Religions42(97), 115–140 :  sont cités pour la période qui nous intéresse uniquement les cimetières du Mont-Chevis à Montbéliard, en usage depuis 1760, et celui du Blochmont (par 3), en usage de 1780 à 1950, et disparu.
7. On peut voir ici l'acte de baptême (non sourcé) de Peter Klopfenstein, pilier de l'assemblée de la Maie à ses débuts.
8. Boigeol, R., Mathiot, Ch., Recherches historiques sur les anabaptistes de l'ancienne principauté de Montbéliard, d'Alsace et du Territoire-de-Belfort, Flavion (Namur), 1969
9. Au constat que les terres abandonnées par les mennonites retombaient en friche, de nombreux nobles propriétaires déplorèrent cet édit d'expulsion, et le pouvoir ferma les yeux par la suite devant les cas où il n'était plus appliqué
10. En 1723, un état des anabaptistes du comté de Montbéliard fait apparaître, entre autres, la famille de Jost Joder, à Essouavre (25750, Le Vernoy) ; or, dans notre dépouillement, nous avons trouvé un Christen Joder installé à "Eschäfter" en 1750. Il est probable que Eschäfter soit la version allémanique d'Essouavre et que cette famille ait rejoint, malgré la distance, la communauté de la Maie.
11. Boigeol, Roger, Un mouvement pacifiste : les anabaptistes, BSBE 1961 (2 parties ; l'auteur ne paraît pas avoir eu connaissance des registres dont nous disposons)
12. La cote AD68 1E 23 étudiée par Boigeol est probablement devenue 1E-seigneuries/9 (Florimont), dévolue depuis aux AD90 et classée dans les cotes 3E 1048 à 1068.
13. Boigeol, Roger, op. cité, partie 2, appendice 1 : liste chronologique des fermes occupées par des anabaptistes dans la seigneurie de Florimont, d'après AD68 1E 23.
14. À la page 127, les auteurs de 4 s'interrogent sur la présence d'anabaptistes à Belfort avant la Révolution, alors que le registre de la Maie en montre l'évidence.
15. Enninger & Wolff (6) ne mentionnent des inhumations à Birkenhof qu'à partir de 1806 ; de même ils ignorent les sépultures anabaptistes à Masevaux.
17. Gratz, Delbert L., Bernese Anabaptists and Their American Descendants, 1953
18. "civilement" : il ne peut s'agit que des mariages postérieurs à la Révolution, avant laquelle la notion de mariage civil n'existait pas
19. Boigeol (8) affirme qu'à Montbéliard, les anabaptistes sont dans "l'incapacité à acquérir des immeubles". Nous ne connaissons pas la source de cette affirmation.
Plus généralement, dans le royaume de France, leur présence étant en principe interdite après 1712, il leur était difficile de devenir propriétaires. D'autant que la mobilité était devenue pour eux une pratique quasiment existentielle.
20. Hege, Ernest, Anabaptistes-Mennonites de Florimont, deux siècles et demi d'histoire 1740-1990 ; 2006
21. Une terminologie normalisée est difficile à appliquer à ces registres et aux actes (ou mentions) qu'ils contiennent. Il ne s'agit pas d'état civil, au sens strict, puisque non validé par les autorités, ni de registres sacramentaires, car les naissances et listes d'enfants sont purement civiles.
22. Compléments bibliographiques :
- Généalogie Anabaptiste sur Geneawiki.
- La naissance de la communauté Amish en Alsace, sur Musée protestant.
- Censes anabaptistes sur Wikipedia.
Cet article est publié par LISA sous la seule responsabilité de son auteur.  
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